CDP : Qui osera goûter au soutien défendu?

| 31.10.2015
Réagir
CDP : Qui osera goûter au soutien défendu?
© DR / Autre Presse
CDP : Qui osera goûter au soutien défendu?
Ce n'est un secret pour personne que les temps ont changé au CDP, qui ne dispose plus des leviers du pouvoir d'Etat comme par le passé. Malmené par une actualité qui n'a de cesse de le prendre à contre-pied, toujours englué dans ses contradictions internes que nous évoquions dans nos précédentes éditions, au point que plus personne ne sait vraiment qui est plus habilité que qui à parler au nom d'un parti dont le Président et la vice-présidente ont pris leurs jambes à leur cou, officiellement désargenté pour cause de comptes gelés par la Justice militaire... Bref, le Congrès pour la démocratie et le progrès, l'ex-parti majoritaire de Blaise Compaoré et associés, rase les murs en ce moment.


Et pourtant, ce parti affirme sa volonté de peser dans le débat pour la présidentielle du 29 novembre prochain, malgré la mauvaise image qui est associée à ce qu'il reste encore de ses dirigeants depuis la tentative malheureuse de coup d'Etat du 16 septembre 2015 par le Général Diendéré. En soutenant, disent-ils, un candidat de leur choix. Sauf que dans le contexte actuel, marqué notamment par la gestion des conséquences désastreuses du putsch manqué du mois dernier, les partis politiques burkinabè tentés par une éventuelle alliance avec l'ancienne majorité Compaoré devront bien régler leurs calculettes et leurs argumentaires s'ils veulent éviter le ridicule.

C'était il y a encore quelques semaines. Echaudé par une (in)validation des candidatures à la présidentielle par le Conseil constitutionnel dont il avait fait les frais, le CDP avait tapé du poing sur la table. Affirmant au passage, avec une rare désinvolture et par la voix de son Président, Eddie Komboïgo en personne, que rien au Faso ne saurait les empêcher de conquérir le pouvoir d'Etat, lui et ses camarades.

Désormais, le ton a radicalement changé. Le discours a évolué, pour épouser opportunément l'air du temps, celui d'une transition remise sur les rails. Avec à la clé la reprise intégrale du processus électoral là où il avait été laissé, c'est-à-dire sans aucune modification de la liste des présidentiables, contrairement à ce que réclamaient les bonzes de l'ancien régime déchu.

A défaut d'être de la partie, les compaoristes disent vouloir apporter leur soutien aux candidats qui voudront bien s'associer à eux pour faire cause commune. Une manière de se maintenir dans le débat public national, alors même que le parti joue gros dans l'affaire du coup d'Etat raté de l'ex-RSP, dans l'hypothèse où son implication serait avérée dans les événements qui ont secoué le pays.

En effet, au regard des textes qui régissent le fonctionnement des partis politiques au Burkina Faso, il risque la suspension, voire la dissolution pure et simple. On comprend, dès lors, cette volonté savamment entretenue par certains cercles proches de tenter de montrer la différence qu'il y aurait, selon eux, entre ceux de leurs camarades qui auraient parlé en leur nom propre, dit-on, et la position officielle du parti dans ce dossier sensible du coup d'Etat.

En jetant son offre sur le marché électoral, une offre, à dire vrai, largement dévaluée au regard de la conjoncture politique actuelle, le CDP tente manifestement le tout pour le tout pour essayer de s'accrocher. Mais parviendra-t-il seulement à ses fins? Là est tout l'enjeu de ce nouveau positionnement, pour ne pas dire de cette autre pirouette politicienne, comme ses leaders en ont seuls le secret.

Sur le terrain, la tentation est grande, en effet, pour certains candidats, manifestement en quête de notoriété et d'assises de mordre à l'appât. Ils savent toutefois qu'ils devront en assumer les conséquences éventuelles face à une opinion publique particulièrement attentive aux faits et gestes de ses hommes politiques. Certains, parmi eux, sont devenus, à tort ou à raison, des experts ès contorsions sémantiques; ils sont capables du meilleur comme du pire pour avoir leur place à Canossa.

Pour l'heure, en tout cas, certains candidats ont clairement affiché et maintenu leurs distances d'avec l'ancien parti au pouvoir. D'autres, par contre, semblent y réfléchir en se rasant tous les matins, si ce n'est en se nouant le foulard sur la tête.

Si les grandes tendances sont restées globalement inchangées depuis la relance de la transition au Burkina Faso, la question est de savoir alors si les éventuels négociateurs oseront seulement conclure le deal salvateur ou fatal avec le CDP. A ce jeu, les paris sont plus que jamais ouverts...

A. Traoré

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité