Imprimer cette page

CDP contre MPP : Posez balle à terre SVP !

| 28.04.2014
Réagir
CDP contre MPP : Posez balle à terre SVP !
© DR / Autre Presse
CDP contre MPP : Posez balle à terre SVP !
En politique, si les actes sont prépondérants, les paroles ne s'envolent pas pour autant vers le ciel azur. Elles restent. En la matière, il faut convaincre, user de bagoût pour engranger des voix, même si l'on sait que sous les tropiques, les espèces sonnantes et trébuchantes y jouent un rôle également, déterminant. La parole est donc d'or.

Ce n'est pas sans raison que les tribuns ont des succès en politique, car la foule aime la parole bien agencée, ou dite selon ce qu'elle veut entendre.

Mais l'autre versant de la parole, est qu'elle peut être source de discordes, voire de violentes tambouilles qui peuvent dégénérer et conduire à de graves conséquences.

Ces dernières semaines au Burkina Faso, l'escalade verbale est notable entre des responsables du CDP et ceux du MPP. On distille des amabilités les uns envers les autres, on s'invective à la limite, et l'on sent monter la moutarde au nez des militants, de part et d'autre.

L'exemple le plus pâtant est la passe d'arme entre le maire CDP de Bobo-Dioulasso, Salia Sanou et le SG du MPP, Clément Sawadogo.

Le dérapage est évident, les nerfs sont à fleur de peau et c'est regrettable. On n'aurait rien trouver à redire, si le contexte national n'était pas ce qu'il est : deux camps s'affrontent au sujet de l'alternance au Burkina ou plutôt de la modalité de cette alternance.

•Le CDP et le Front républicain trépignent d'impatience de voir se tenir un référendum, afin que le peuple se prononce sur le toilettage de l'article 37. Une modification qui permettrait au président sortant de bénéficier d'un 3e bail au palais de Kosyam. Ils l'ont dit au meeting du Front républicain à Bobo. Le CDP l'a réaffirmé avec insistance, ce week-end, à son conseil national.

Ainsi, l'une des égéries du parti majoritaire, Fatou Diendéré, secrétaire nationale chargée des relations avec les organisations de la société civile a lu une résolution relative à la convocation d'un congrès extraordinaire, en vue «de faire le bilan politique, économique et social du programme présidentiel, et d'investir le candidat du parti».

Difficile de faire portrait plus fin du futur champion du CDP pour la présidentielle de 2015. D'ailleurs, la secrétaire générale adjointe chargée de la communication, Jocelyne Vokouma, lira elle, le vibrant appel au président du Faso, à «user de ses prérogatives constitutionnelles pour convoquer le corps électoral pour un scrutin référendaire relatif à la révision de l'article 37».

•Le MPP et le CFOP ont, de leur côté, prévenu qu'il n'est pas question ni de la tenue d'un référendum, ni de rayer la mention utile de l'article 37.

Et les propos se font plus violents dans un camp comme dans l'autre.

La politique du durcissement langagier et des menaces à peine voilées, pratiquées lors des meetings, si ce n'est sous la gangue du jeu médiatique ne sont-elles pas des prolégomènes à un embrasement du pays ? Or, certains qui sont prompts à allumer le feu seront les premiers à franchir les frontières et à rejoindre d'autres cieux plus cléments où ils ont déjà villa, appartement et comptes garnis. De là, ils seront des abonnés des micros de radios et plateaux TV internationaux pour appeler au calme.

Plaise à Dieu d'éviter au Burkina, ce scénario du pire.

Nous sommes certes en politique, lieu par excellence du choc des ambitions et du combat des egos gonflés à bloc, mais force est de constater que les passions se marinent, et les provocations sont perceptibles, de part et d'autre.

Il y a lieu de poser balle à terre, pendant qu'il est encore temps ! Acte d'autant plus facile, si tant est que chacun a l'intérêt supérieur de la nation burkinabè en tête. Ensuite, après tout, ceux qui ne veulent plus se voir en peinture maintenant, ne sont-ils pas de vieux camarades, depuis la pétaudière révolutionnaire jusqu'à nos jours ? Est-ce si difficile d'échanger sans se fâcher ? Est-ce impossible de tenir un rassemblement politique, sans s'en prendre verbalement à un adversaire ?

Il y a lieu de recentrer le débat, en dépit du fait que les positions semblent irrémédiablement inconciliables, face à 2015, cette ligne devenue rouge par la force des choses.

C'est vrai que ça passionne, ça donne souvent le vertige, lorsqu'on est emporté dans sa verve devant une foule de militants qui en demandent toujours plus, mais il faut savoir se contenir et s'interdire de lâcher certaines paroles. On le sait, ce qui est dit est dit !

Messieurs du CDP et du MPP, balle à terre, SVP.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

(Avec aujourd8)

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité