La générosité subite du gouvernement prend en compte tout le monde
Toutes les actions que le pouvoir pose en ce moment vont dans ce sens. Même les plus candides des Burkinabè pourraient percevoir cela derrière les actions multiformes que le pouvoir pose en ce moment, en direction des différentes couches socio-professionnelles du pays.
La générosité subite du gouvernement prend en compte tout le monde. Femmes, jeunes, vieux, déflatés, chômeurs sont invités à se constituer en associations pour bénéficier de « l'argent de Blaise Compaoré ». Et l'argent ne fera certainement pas défaut, puisque le Burkina s'affiche aujourd'hui comme le Pérou de la sous-région. Ainsi, le pouvoir de Blaise Compaoré est décidé à bouter la précarité et la pauvreté hors du Burkina, peut-on dire. Dans le principe, nul ne peut faire le reproche au gouvernement d'accélérer le rythme du processus vers l'émergence promise aux Burkinabè en 2015. Si le Burkina n'était pas en train de traverser une année charnière, tous les Burkinabè auraient certainement applaudi des deux mains toutes ces actions volontaires de développement. Mais le contexte oblige à les décrypter avec discernement et lucidité.
En réalité, le pouvoir est en train de réunir les conditions matérielles pour s'imposer aux populations dont l'écrasante majorité est accablée, on le sait, par l'ignorance et la pauvreté. Les octrois de crédits tous azimuts aux populations vulnérables pourraient être inscrits dans ce registre. Cette opération de charme dans toutes les directions pourrait, outre ses motivations électoralistes que personne ne peut réfuter aujourd'hui, discriminer les Burkinabè.
En effet, ceux qui ne détiennent pas la bonne carte et ceux qui pensent que Blaise Compaoré doit libérer le plancher, pourraient ne pas remplir les critères d'éligibilité pour bénéficier des fonds que le pouvoir est en train de distribuer à la pelle. Certes, de manière officielle, rien ne permet de soutenir cette hypothèse ; mais dans la pratique, les propos de certaines personnes, acquises à la cause du référendum, nous fondent à croire que le critère le plus déterminant pour accéder à la caverne d'Ali Baba est celui de partager les vues des partisans du référendum et du pouvoir à vie de Blaise Compaoré. Si cette hypothèse de lecture venait à être vérifiée, du coup, c'est le principe constitutionnel qui veut que des Burkinabè ne soient pas stigmatisés et ostracisés en raison de leur appartenance politique, religieuse et ethnique qui s'en trouverait violé. Il faut avoir le courage de dire qu'aujourd'hui plus que jamais, des Burkinabè, pour des raisons égoïstes, ont pris le parti de mettre en danger la cohésion nationale et la paix sociale.
L'intolérance et la passion sont désormais de mise et d'actualité au pays des Hommes intègres
Ces périls qui se profilent à l'horizon et à propos desquels d'éminentes institutions et personnalités avaient sonné le tocsin, semblent ne pas être une préoccupation pour certains acteurs politiques dont les actes et les propos sont sources de frayeurs et d'angoisses pour les Burkinabè qui voient venir l'échéance de 2015 avec la peur au ventre. Et les Burkinabè ont, en effet, des raisons objectives de redouter 2015.
Déjà, certains agissements de Burkinabè ne permettent pas d'être optimiste. L'intolérance et la passion sont désormais de mise et d'actualité au pays des Hommes intègres. Cette réalité peut être illustrée par l'interruption par la violence de la conférence animée par le professeur Luc Marius Ibriga à Ouahigouya ce week-end, par des éléments qui peuvent être objectivement comparés à des tontons macoutes, au motif que les exemples du conférencier s'attaquaient à Blaise Compaoré. Que se serait-il passé, si d'autres Burkinabè, qui sont au demeurant dans leur droit, avaient voulu que la conférence se poursuivît à tout prix ? Le grabuge aurait certainement eu lieu. A tous ces gens qui pensent qu'ils peuvent remettre en cause la liberté d'expression et d'opinion au Burkina, par l'intolérance et la force, l'on peut avoir envie de soumettre à leur réflexion les propos suivants de Emile M. Cioran : « Lorsqu'on se refuse à admettre le caractère interchangeable des idées, le sang coule. Sous les résolutions fermes, se dresse un poignard ; les yeux enflammés présagent le meurtre ». cet article