La convention pour le renouveau sankariste se tient ce week-end à Ouagadougou. Sous quels auspices cet événement a-t-il lieu ?
C'est une importante rencontre pour les sankaristes, citoyens, politiques, personnes-ressources, qui se situe dans un contexte burkinabè marqué par l'insurrection populaire. Et pour nous, après avoir réussi cela, il faut aller à la gestion du pouvoir d'Etat. Nous nous sommes posé la question de savoir s'il fallait garder la maison sankariste pendant 27 ans et la laisser à d'autres après, ou au moment venu allons-nous nous organiser pour la gestion du pouvoir d'Etat. Voilà des questions que nous nous sommes posées, au regard des difficultés auxquelles les sankaristes étaient confrontés pendant toutes ces années. C'est dire qu'au-delà des personnes, au-delà des clivages, il est important de se retrouver, de se parler pour l'avenir du sankarisme et du Burkina. D'où d'ailleurs le thème, qui a trait au renouveau sankariste.
Est-ce que tous les partis et mouvements d'obédience sankariste pendront part à cette importante rencontre ?
A la date d'aujourd'hui (NDLR : l'interview a eu lieu le 14 mai 2015), nous avons 9 formations politiques et 22 associations et mouvements qui sont inscrits pour prendre part à la Convention. C'est vrai que dans la famille sankariste, nous n'avons pas encore eu l'adhésion totale de tous nos camarades, notamment celle du PUND de Boukari Kaboré, dit Le Lion. Sinon, toutes les autres formations politiques y ont adhéré.
L'unité sankariste a toujours été une chimère poursuivie depuis la mort de votre idole le 15 octobre 1987. Le moment est-il enfin arrivé de vous rassembler?
Il faut bien qu'il arrive un jour... Comme nous le disons actuellement au Faso, plus rien ne sera comme avant. Je pense qu'au niveau des sankaristes aussi les choses doivent évoluer. Avec ce que nous avons connu de par le passé, je comprends que même vous, les journalistes, ne croyiez plus à cette unité ; vous attendez de voir. Beaucoup s'attendent à ce que la convention pour le renouveau sankariste accouche d'une souris. C'est vrai qu'il fut un temps où nous entrions à 9 et ressortions à 3, mais ce temps-là est révolu. Nous avons compris que le poste de chef d'Etat n'est pas un banc, mais un fauteuil. Il faut donc une seule personne pour s'y installer, et les autres peuvent s'asseoir sur les bancs autour de lui. Nous avons combattu le régime de Blaise Compaoré pendant 27 ans ; aujourd'hui il est parti. Il n'est pas question que nous, les sankaristes, continuions de nous battre entre nous. Nous devons nous asseoir et nous parler. C'est pourquoi nous avons mis au-devant rien que les questions électorales. Au niveau de la commission thème, nous avons deux éléments très importants : le diagnostic et la création d'un parti sankariste unifié. Notre Convention devra aussi arrêter un projet de société. Il faut d'abord que nous nous entendions sur ces grandes questions. Si toutes ces questions sont réglées, je pense que nous montrerons au peuple burkinabè que les sankaristes peuvent s'entendre et atteindre les objectifs que la convention s'est fixés.
Il est aussi question de trouver un seul candidat sankariste à la présidentielle du 11 octobre prochain. Est-ce possible ? Et si oui, y a-t-il des noms qui circulent ?
Un des objectifs de la Convention, c'est que nous sortions de cette rencontre avec un candidat qui représentera tous les partis sankaristes à la présidentielle ; nous devons également nous entendre sur une liste unique pour les législatives, ensuite nous devons avoir notre projet de société et les bases d'un parti sankariste unifié. Oui, nous sortirons un candidat unique de cette Convention. Toutes ces questions ont déjà été discutées, et nous pensons, au vu des débats qui ont été menés au sein des différents partis, que nous sortirons notre candidat sankariste. Est-ce qu'il y a des noms ? Les partis sont libres d'en proposer, idem pour la société civile et la diaspora. Certains partis ont déjà désigné leur candidat ; oui, il y a aussi des noms, mais que je ne peux malheureusement pas vous citer. Ce qui est sûr, nous avons actuellement 5 candidatures.
D'aucuns pensent que le fait que l'UNIR/PS ait déjà adoubé Me Bénéwendé Sankara pour briguer la magistrature suprême est gênant pour les autres leaders sankaristes...
Je ne crois pas ; je pense que chacun doit défendre sa chapelle. Me Sankara est le candidat de l'UNIR/PS à la candidature de la Convention. Il a été demandé aux partis qui ont des ambitions de proposer des candidats qui seront élus à la Convention pour représenter tous les sankaristes. Chaque parti a donc le droit de faire la promotion de son candidat, c'est de bonne guerre.
Mariam Sankara est arrivée au Burkina ; elle présidera la Convention. Certains observateurs pensent qu'elle sera le choix des partis qui se réclament de l'idéal de feu son mari. Qu'en est-il ?
Mariam Sankara est Burkinabè, et elle peut bien prétendre à la présidence du Faso. Je dirai donc pourquoi pas, elle peut bien être la candidate de la Convention des sankaristes. C'est à la Convention de choisir parmi elle et les autres, si elle est candidate ; même si elle ne se déclare pas candidate, elle peut être proposée par une structure, et la Convention tranchera. Pour le moment, ce qui est connu, c'est qu'elle présidera la rencontre.
Interview réalisée par
Arnaud Ouédraogo