Burkina Faso : Fin de la médiation entre majorité et opposition

| 10.03.2014
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Burkina Faso : Fin de la médiation entre majorité et opposition
© DR / Autre Presse
Burkina Faso : Fin de la médiation entre majorité et opposition
La médiation sur la crise politique naissante au Burkina Faso a été interrompue suite à un désaccord entre les acteurs politiques, la majorité n'ayant pas fourni un mandat du président du Faso pour le représenter, un ''préalable aux négociations" exigé par l'opposition.

Les discussions entre majorité et opposition, souhaitées par la médiation, qui s'est auto-saisie fin janvier afin d'éviter que la crise politique actuelle ne dégénère en affrontements catastrophiques " n'ont réellement jamais eu lieu.

L'opposition a exigé de la majorité "en préalable aux négociations", "un mandat du président du Faso" l'investissant "du pouvoir de négocier", quand les membres des partis au pouvoir ont estimé "ne pas en avoir besoin", ce qui a bloqué toute discussion.

Prenant acte de « l'impossibilité de travailler en l'absence de l'une des parties » le chef de la médiation Jean Baptiste Ouédraogo a noté la « fin de la médiation pour désaccord sur le mandat exigé par l'opposition ».

<<A la rencontre de ce matin, nous avons réitérer notre exigence d'un mandat de la part du président du Faso, malheureusement la majorité n'a pas été à même de produire ce mandat. De ce fait la médiation a due faire un constat du désaccord et a décidé de mettre fin aux travaux >>, a déclaré le chef de file de l'opposition politique Zéphirin Diabré, à l'issue de la rencontre.

Pour l'opposition, les questions en débat, notamment celle relative à l'article 37 (portant sur le nombre de mandats présidentiels), ne concernent que le président du Faso.

<<Ainsi, l'opposition qui constitue le principal obstacle à cette révision estime que son interlocuteur c'est Blaise Compaoré lui-même>>, a justifié M. Diabré.

<<C'est une volonté de bloquer le dialogue, (...) de refuser et de rejeter cette médiation >>, a réagi le secrétaire exécutif national du Congrès pour le progrès et la démocratie (CDP, parti au pouvoir), Assimi Kouanda jugeant que c'est à l'opposition de présenter elle aussi un mandat pour être sûr de ceux qu'elle représente.

<<En tant que majorité reconnu par l'ensemble des textes qui organisent la vie politique au Burkina Faso, nous n'avons pas à donner un mandat, encore moins à l'opposition, pour continuer ces discussions>>, a-t-il estimé.

<<Les discussions doivent se faire entre groupe de partis politique et non sur la base d'un mandat du président du Faso qui est <<au dessus des partis politiques>>, a-t-il argué.

Les deux parties ont toutefois dit <<rester disponibles>> pour toutes discutions qui ont but <<l'intérêt supérieur et l'avenir du peuple burkinabè>>.

En attendant de trouver un consensus pour toutes discussions, Dr Jean Baptiste Ouédraogo a invité les acteurs politiques à la voix de la sagesse, de discernement et du patriotisme pour préserver la paix et la cohésion sociale.

Le groupe de médiation avait demandé aux deux parties de "respecter scrupuleusement la constitution" en "s'interdisant la révision de l'un et l'autre des articles déjà ancrés dans la loi fondamentale" et a proposé l'adoption d'un mécanisme pour "ménager une sortie honorable" au président burkinabè, au pouvoir depuis 26 ans.


NO/AB/TAA

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Les quatre scénarios de sortie de crise par la Médiation

1. Le scénario d'honneur.

Le Président du Faso prend sur lui la responsabilité de son départ en 2015, à la fin constitutionnelle de son mandat.

Il respecte la constitution en son article 37.Il fait économie du Referendum.Il sort par la grande porte et suscite l'admiration de tous au plan national et international. Il peut faire exemple en la matière.Il se fait un capital de respect, de considération et de confiance qui lui ouvre les portes pour un service plus large (Union Africaine, Francophonie ou ONU) surtout en matière de médiation.La tension sociale baisse énormément au Burkina. Chaque camp se prépare pour les échéances électorales de 2015.La Majorité joue la carte de la responsabilité et positionne son candidat le plus à même de lui assurer la victoire.Cette décision magnanime facilite le travail de l'Assemblée Nationale qui devra finaliser la question de l'immunité à accorder au Président.

2. Les scénarii de défaite.

a) Défaite au Référendum

En cas d'échec de la modification de l'Article 37 de la Constitution :

Le Président sort en 2015 par la petite porte, humilié ; il perd plus que des élections (crédit et considération tant à l'interne qu'au niveau international)L'agitation sociale autour de la victoire de l'Opposition peut connaître des dérapages aux conséquences incalculables.Cette défaite est nécessairement un gros plomb dans l'aile de la Majorité qui s'expose à des humiliations difficiles.

Cette victoire au compte de l'Opposition peut être source de troubles graves avec des allusions du genre « puisque vous avez perdu, dégagez tout de suite » ; revendication inconstitutionnelle, mais légitime qui peut causer des dommages graves aux personnes et au pays.

b) Défaite aux élections Présidentielles de 2015.

Victime d'une coalition, le Président sort par la petite porte comme le Président WADE.La liesse de la victoire peut conduire à des débordements.Là également, le Président perd plus que des élections.

3. Les scénarii à risques

a) Victoire de la Majorité au Référendum et aux élections Présidentielles.

Le Président doit gouverner en faisant face à une fronde sociale importante car la victoire ne sera pas un raz de marée.Le pays peut devenir « ingouvernable », exposant l'Exécutif à des répressions plus ou moins disproportionnées, dans un pays où toute mort d'homme va devenir la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

b) Transition apaisée négociée.

Le Président renonce à être candidat aux prochaines élections présidentielles et l'annonce officiellement.Le Code Electoral est modifié et repousse les élections en 2017, les faisant coïncider avec les législatives.L'Assemblée Nationale prépare la mise en œuvre de cette solution pour légitimer la transition en dehors des délais constitutionnels actuels.Il est souhaitable de mieux rédiger la close limitant les mandats en précisant que « nul ne peut exercer plus de deux (02) mandats consécutifs » et sans doute, faire passer cette close au titre des articles non modifiables (Art 165).

La négociation de cette transition peut être difficile et provoquer une fronde sociale à cause de son caractère de « bonus » après deux septennats et deux quinquennats. Seul un renoncement formel et officiel du Président à être candidat peut ouvrir quelque chance à cette solution.La solution a l'avantage de donner un peu plus de temps à tout le monde :

- Le Président pour se retirer

- La Majorité pour se préparer

- L'Opposition pour s'organiser.

L'exécutif dans ce cas de figure, est nécessairement un Gouvernement d'Union Nationale dont la mission majeure est de préparer les élections.Ce Gouvernement d'Union Nationale sera présidé par un Premier Ministre neutre (Société Civile )Un consensus au niveau des Partis politiques pour cette solution peut faciliter la gestion de la fronde sociale qui sera quand-même là.L'immunité reste toujours acquise, alors que les scenarii de défaites peuvent la remettre en cause.C'est une porte de sortie honorable, mais moins grande que dans le scénario d'honneur.Ce retard dans la disponibilité peut handicaper le Président pour les postes internationaux. De plus, ce scénario le rend moins attrayant pour tous ceux qui l'attendaient du côté de la grande porte.

4. Le scénario catastrophique :L'arbitrage de l'Armée

En cas de grave désordre un coup d'Etat et l'avènement d'un régime d'exception peut toujours se présenter

- Soit avant 2015

- Soit après 2015 (sortie à la TANDJA).

Dans cette remise en cause du Régime Constitutionnel, il n'y a aucune garantie et pour personne :

- Le Président

- La Majorité

- L'Opposition

- Le Pays.

- La sous Région

En Conclusion.

S'il faut prendre en compte la mobilisation de la Majorité, il faut également prendre au sérieux :

- La mobilisation de l'Opposition

- L'implosion du CDP

- Les élections partielles de l'Arrondissement n°4 de Ouagadougou.

Entre les « flatteurs » et les opposants « épidermiques », il faut savoir discerner et écouter les voix de la sagesse, de la vérité et de l'amour du bien commun, et du patriotisme.

La Médiation

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