Boubacar Sanou, 8e vice-président du CDP : « Nous souhaitons soutenir le candidat qui présentera la meilleure offre politique pour le Burkina »

| 29.10.2015
Réagir
Boubacar Sanou, 8e vice-président du CDP : « Nous souhaitons soutenir le candidat qui présentera la meilleure offre politique pour le Burkina »
© DR / Autre Presse
Boubacar Sanou, 8e vice-président du CDP : « Nous souhaitons soutenir le candidat qui présentera la meilleure offre politique pour le Burkina »
Après le coup d’Etat perpétré par le général Gilbert Diendéré, le Congrès pour la démocratie et le progrès refait surface. Le samedi 24 octobre 2015, il a tenu la 56e session ordinaire de son Bureau politique national. Boubacar Sanou, ancien député, 8e vice-président de l’ex-parti au pouvoir, dans l’interview qu’il nous a accordée le 22 octobre 2015, revient sur les turbulences qu’a connues son parti. Sur le choix du candidat du CDP pour la présidentielle, celui qui est chargé de la jeunesse pense que tout est ouvert et que le choix peut être porté sur le candidat qui réponde aux aspirations du Burkina.


Le Quotidien: Comment se porte le CDP après les soubresauts militaro-politiques que le Burkina a connus depuis le 16 septembre 2015 ?

Boubacar Sanou: Effectivement, nous sortons d’une période assez difficile pour la nation et notre parti. Une fois de plus, nous présentons nos condoléances aux familles éplorées, à tous ceux qui souffrent dans leur chair et dans leur âme. Nous compatissons aussi avec tous ceux qui ont été victimes de dégâts matériels lors de cette période. Au cours de cette épreuve, le parti d’une manière ou d’une autre s’est retrouvé au centre de l’actualité médiatique. Il faut reconnaître que la reprise est un peu difficile. Nous essayons de sortir la tête de l’eau. Le parti est dans un état comme le pourrait être n’importe quel parti dans une telle situation.

D’aucuns pensent que le CDP est derrière le coup d’Etat perpétré par le général Gilbert Diendéré ?

Cette question nous gêne beaucoup parce que très souvent, ce sont des accusations sans preuve. A regarder de près comme nous l’avons dit dans notre déclaration, des revendications des putschistes rejoignaient certaines revendications du CDP et même de la communauté internationale. C’est pour cela que d’aucuns ont vite fait le lien entre les putschistes et le CDP. Notre parti ne saurait s’associer à de telles pratiques aux antipodes de la démocratie et de l’Etat de droit. Le CDP ne s’est jamais senti concerné par le putsch ni pendant ni après. Depuis le coup d’Etat, le CDP a tenu une seule rencontre, soit le 17 octobre 2015, c’est-à-dire un mois après.

Des militants du CDP et pas des moindres ont tenu des propos sujets à plusieurs interprétations. Leurs propos ne peuvent-ils pas être imputables au parti ?

Oui. Pour un parti comme le nôtre, toute parole d’un cadre peut, d’une manière ou d’une autre, être considérée comme un acte qui engage le parti. Mais, il y a des textes qui régissent le parti. Les instances statutaires veulent que la parole du parti soit portée par le porte-parole. En aucun moment, le porte-parole du CDP ne s’est exprimé officiellement. C’est pourquoi, nous nous démarquons de propos individuels tenus par des cadres du parti. Pour nous, les seuls propos qui vaillent sont ceux du porte-parole mandaté par le parti qui est le 1er vice-président du parti.

Vous avez décidé de procéder au remplacement des candidatures qui ont été rejetées pour les législatives. Est-ce à dire que finalement, le CDP a pris acte ?

Nous avons toujours dit que le CDP est un parti républicain. Si vous avez suivi depuis le début de la transition, le CDP n’a eu d’autre voie que les recours légaux. Dans la mesure où le Conseil constitutionnel a invalidé les listes, nous n’avions d’autres choix que de prendre acte. Nous allons donc accompagner le processus électoral jusqu’à son terme.

En procédant au remplacement des listes, n’est-ce pas une promotion de la jeunesse ?

C’est un faux procès que les gens font au CDP par rapport à cette question du rajeunissement du parti. Quand vous prenez le bureau exécutif national, il a été rajeuni presqu’à 80%. La plupart des dirigeants du CDP ont moins de 40 ans. Je ne sais pas si la notion de rajeunissement est liée à l’âge ou au temps passé dans les instances dirigeantes. Si c’est cela aussi, je suis content de relever que la plupart des candidats aux législatives n’avaient pas plus d’un mandat à l’Assemblée nationale. Lorsque vous parcouriez nos listes, il y avait seulement deux candidats qui avaient plus de deux mandats à l’Assemblée nationale. Nous sommes souvent surpris d’entendre des gens dire que le CDP ne fait pas la promotion de la jeunesse. C’est pourquoi, nous ne voyons plus de quel rajeunissement il s’agit puisque tout a été rajeuni.

Vos avoirs ont été gelés. Comment comptez-vous aller aux élections?

(Rires). Pour ceux qui sont au CDP, ils savent que le parti a toujours vécu par la bonne volonté de ses militants. Aujourd’hui, nous vivons encore grâce à la magnanimité de nos militants et des personnes de bonnes volontés. Si vous avez des idées pour que le parti ait de l’argent, vous pouvez nous faire savoir (Rires). Pour être plus sérieux, il est vrai que le parti traverse des moments difficiles avec le gel de ses avoirs. Nous allons en campagne électorale et nous souhaitons que le gel puisse être levé pour nous permettre de mener la campagne de la meilleure des manières. Nous attendons la subvention de l’Etat qui va être une bouffée d’oxygène et bien sûr la cotisation des militants qui sont sur le territoire national. En dehors de cela, nous n’attendons pas d’autres sources de financements.

Le CDP a décidé de soutenir un candidat à la présidentielle. Quels seront les critères du choix du candidat ?

Le Bureau exécutif national a mandaté le secrétariat permanent pour la mise en place d’une commission d’analyse des différents programmes politiques des candidats. Le programme politique qui répondra au mieux aux aspirations du peuple burkinabè sera accompagné. La commission est à pied- d’œuvre. Elle sortira des résultats. Sur la base de ceux-ci, le parti se déterminera.

Le MPP a dit ne pas vouloir un quelconque soutien du CDP. Quel est votre commentaire ?

Nous sommes en politique. Comme j’aime à le dire, la politique est une dynamique où tout évolue. Je ne crois pas qu’un communiqué officiel du MPP ait dit qu’il ne voulait pas d’un soutien du CDP. Nous partageons la même ligne politique. Nous sommes tous des Burkinabè et nous défendons tous l’intérêt supérieur de la nation. Nous souhaitons que les propos que les uns et les autres tiennent participent à la réconciliation nationale. Pour nous, toute éventualité n’est pas à exclure. Nous nous inscrivons dans la ligne de l’intérêt supérieur de la nation burkinabè.

Qu’en est-il des propos tenus par Ablassé Ouédraogo qui dit être favorable à un soutien du CDP ? Y a-t-il des clauses secrètes?

Etant du bureau exécutif national du CDP, je n’ai vu aucun document de contact avec un candidat circuler à cet effet. Nous attendons. Comme je l’ai dit, nous sommes tous des Burkinabè. On n’a pas retiré le droit de vote aux militants du CDP. Si l’on reconnaît le droit de vote aux militants du CDP, on reconnaît aussi le droit de choisir son candidat à la présidentielle. Comme nous l’avons dit, nous souhaitons soutenir le candidat qui présentera la meilleure offre politique pour le Burkina. Si ce candidat se trouve être Ablassé Ouédraogo, le CDP avisera. Aucun candidat, officiellement, n’a dit qu’il n’a pas besoin du soutien du CDP. Il faudrait que les gens arrêtent souvent d’épiloguer inutilement. Les militants du CDP sont des Burkinabè. Nous nous inscrivons dans cette logique de choix du candidat. En tant opportun, nous ferons savoir notre choix.

Pour finir sur cette question, Zéphirin Diabré est pour certains analystes le choix du CDP. Votre commentaire.

Comme je l’ai dit, les gens épiloguent sur beaucoup de choses. La commission est à pied- d’œuvre et le parti avisera au moment venu. Alors, vous connaîtrez notre choix.

Le CDP vient d’enregistrer des démissions et pas des moindres. Peut-on dire que votre parti est plus que jamais fragilisé ?

Nous sommes en politique et aucune défection n’est à minimiser. Toute démission a des conséquences sur la vie du parti ou sur ses instances. Nous avons connu des défections dont celle du secrétaire général, Anicet Poda. Ce n’est pas une démission à négliger. Nous sommes au regret que ce camarade ait pris ses distances avec les instances du parti. Mais, nous respectons sa décision. Il y a des défections qui portent un coup sérieux au parti. Mais, il faudrait que nous nous réorganisions face à la situation. C’est ce que nous sommes en train de faire.

Le président du parti, Eddie Komboïgo est hors du pays. Cela n’est-il pas aussi un handicap ?

Je suis surpris d’apprendre cela. Je n’ai pas entendu dire qu’il est hors du pays ou qu’il est là. Je sais seulement que le président du parti s’est mis en retrait au vu de la situation politique d’ensemble. Nous espérons que d’ici, il va refaire surface afin que nous puissions continuer les activités ensemble.

Voulez-vous dire qu’Eddie Komboïgo est au pays ?

Je n’ai pas sa position actuelle.

Quelle est la priorité actuelle pour le CDP ? Est-ce une refondation comme des militants le demandent ou un congrès extraordinaire ?

A chaque épreuve de la vie d’un parti, il y a des questionnements qui naissent. Effectivement, la question de la refondation du parti a refait surface depuis les événements du 16 septembre 2015. La réflexion continue. Nous pensons qu’après les élections du 29 novembre, elle va s’approfondir. Certaines préoccupations émises trouveront alors une réponse. On ne peut plus aveuglément croire qu’il n’y a rien. Il y a quelque chose. Toutes les éventualités seront mises sur la table après les élections. La meilleure option pour le parti sera alors prise.

Quel est votre vœu le plus cher pour le CDP et le Burkina ?

Je voudrais que tous les acteurs politiques contribuent à l’apaisement du climat social. Que chacun à travers ses propos participe à la réconciliation nationale. Que chacun, telle que soit la place qu’il occupe dans la vie de la nation, reconnaisse avec humilité ses torts et puisse faire son mea culpa. Que nous puissions arriver à des élections très apaisées. Que les résultats des élections soient acceptées de tous et par tous. Que le meilleur des candidats gagne et qu’il puisse sortir le Burkina des moments difficiles dans lesquels notre pays est depuis 1 an.

Voulez-vous parler du dialogue entre les acteurs politiques ?

Nous avons préconisé le dialogue inclusif à plusieurs reprises. Nous regrettons que les acteurs politiques ne puissent pas, un an après, s’asseoir sur la même table pour se parler. Lorsqu’il y a des concertations, les différents acteurs sont reçus séparément. Comment pouvez-vous comprendre que ceux qui aspirent à diriger le Burkina aient rompu la communication entre eux ? Je suis au regret de le dire. Il ne faudrait pas que nous allions aux élections sans qu’il n’y ait un dialogue inclusif entre les différents acteurs politiques. Il faudrait que ceux-ci surmontent leur ego, qu’ils puissent s’asseoir ensemble pour se parler. Chaque parti politique à travers son programme de société le fait pour le peuple burkinabè. Les militants de l’ex-majorité et de l’ex- CFOP sont tous des Burkinabè. Nous souhaitons qu’il y ait un dialogue inclusif avant les élections pour que l’on mène une campagne électorale apaisée.

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité