On en demandait pas mieux. Il y a longtemps, très longtemps d'ailleurs, que les Burkinabè, dans leur grande majorité, attendaient cette union. Les sankaristes viennent ainsi de contrer le scepticisme ambiant, en adoptant une posture rassembleuse aux angles soigneusement bien arrondies.
On ne s'attardera pas vraiment sur les raisons qui les ont poussés à surmonter l'obstacle qui paraissait rédhibitoire, mais on se bornera à saluer la hauteur d'esprit et la grandeur d'âme des frères "Sankara". C'est génial, c'est merveilleux, c'est monumental; c'est un moment historique pour les sankaristes, de tous les âges et de tous les bords.
Ils ont l'occasion d'envisager l'avenir ensemble, la main dans la main. Il revient à présent à chaque ténor de cultiver l'esprit de rigueur, le culte de l'altruisme, afin de développer une coopération étroite et durable. Il leur revient également de créer un mouvement où la solidarité ne se mégote, ni pour les contributions financières, ni pour la campagne présidentielle à venir. C'est à ce prix et seulement à ce prix qu'ils pourront inventer un certain regard, nouveau, à la fois idéalisant, distancié et critique, qui attirera vers eux les plus sceptiques des Burkinabè, qui ne croient plus à la chose politique.
La grande question qui taraude l'esprit est de savoir si le président de l'UNIR/PS, du Front progressiste sankariste, Me Bénéwendé Sankara, est capable de porter toutes leurs aspirations et de les incarner.
On ne le dira jamais assez; l'homme est un modèle de leader nationaliste et intransigeant qui incarne des valeurs, mais il semble que pour ce coup ci, il doit faire des miracles. Dès le début des années 2000, Me Sankara déchaînait les passions et électrisait les désirs d'avenir de la jeunesse, mais aujourd'hui, ce ne semble plus le cas. Puis l'homme a surpris plus d'un ouaille depuis le jour où il a déclaré que les cartes électorales étaient illégales, refusant de voter alors que de nombreuses personnes avaient voté pour lui, lors de la présidentielle de 2010. Il y avait été classé troisième avec 6,34 % des suffrages exprimés. Un peu mieux qu'en 2005 où il avait été crédité de 4,94%. La grande inconnue, ce sera donc son score à la présidentielle du 11 octobre prochain. On se demande s'il fera mieux, avec les recombinaisons d'alliance et le changement intervenu au sommet de l'appareil de l'Etat.
Tout porte à croire qu'avec le rassemblement de la grande famille sankariste, il fera mieux, donnant du fil à retordre aux supposés grands caïmans du marigot politique : le MPP, le CDP et l'UPC. Mais, la partie n'est pas gagnée d'avance, car les membres de la coalition n'avaient pas encore fini de prendre place à l'ouverture de la convention qu'un des 9 partis politiques a décidé de faire bande à part. C'est la Convergence patriotique pour la renaissance/Mouvement progressiste (CPR/MP). Elle a poussé l'outrecuidance, en organisant une conférence de presse le soir même du début des travaux, ce 16 mai à 16 heures, pour le dire à la face du monde. Les raisons ne manquent pas, aussi discutables soient-elles. La deuxième secrétaire nationale chargée de la question féminine de la CPR/MP, Suzanne Palé, a révélé que son parti a été trahi: "Quand on allait à cette convention, il était convenu dans les coulisses que c'était notre candidat (Jean-Baptiste Natama, ndlr) qui allait être retenu". Abdoulahaty Siénou, secrétaire chargé de l'orientation et de la formation, a enfoncé le clou. Pour lui, ce serait une faute stratégique que de propulser à la tête de la famille sankariste des gens qui ont donné la preuve de leur incapacité à conquérir le pouvoir d'Etat. Déjà ?
L'union sankarsite serait-elle réellement en mal de leader charismatique qui s'impose à tous, sauf personne? C'est tout comme à écouter les partisans de JB. Natama et ce n'est pas un bon signe. Les dirigeants du CPR/MP ont eu le courage de leurs opinions et les autres? Ne dit-on pas qu'il n'y a jamais un sans deux, deux sans trois? A qui donc le tour? On ne saura le dire avec force.
Pour l'heure, 8 formations politiques : l'UNIR/PS, le FFS, l'URD/MS, le PRIT-Lannaya, le CDS, l'ADR, le CPR/MP, le CNR/MS et la Convergence de l'Espoir sont restés fidèles à leur engagement, celui de mettre leur force et leur énergie au service de leur champion, Bénéwendé Sankara. Wait and see ! .
Christian N. BADO