Visiblement, l'ex-Directeur de cabinet du président du Faso, affable, à la limite taciturne, souvent difficilement audible, semble avoir porté d'autres masques. Normal car, en acceptant de prendre les rênes du CDP à la sortie du 5e congrès ordinaire qui a vu des chamboulements à la tête du parti, il devrait prendre une autre carrure, plus charismatique. Plus politique, plus poignante, à la limite plus visible et plus directe et ouverte. Qui lui permette de répondre du tic-au-tac, à ses adversaires...politiques. Finies donc les diplomaties de salon; fini le langage enrobé à décrypter après; finis les arrondissements des angles... Assimi est désormais direct, vif et incisif... Politique oblige!
En effet, l'atmosphère politique est si surchauffée en ce moment au Faso que seuls «les grands banditspolitiques» sont écoutés, compriset applaudis. Et Assimi Kouanda, le «religieux», «l'homme de Dieu», «l'islamologue» ne peut continuer de murmurer sous les «froufrous» de grands boubous, au risque de ne pas être écouté, de ne pas être compris. Alors que le message à passer est d'importance. Car, en politique, comme dans bien d'autres domaines, le choix des mots, du ton et des mimiques est capital. Ancien Comité de défense de la révolution (CDR) sous la Révolution démocratique et populaire, puis Comité révolutionnaire (CR) sous le Front populaire, il est sans doute allé puiser dans ce passé pas si lointain qui rattrape toujours tous ceux qui l'ont vécu. Ses adversaires, qui ne sont pas les seuls à avoir le monopole de la «mal-cause» devront savoir que désormais, ils ont en face d'eux, du répondant.
Ces camarades de parti qui voyaient en lui, un homme peu bavard, qui recherche et trouve difficilement les mots qu'il faut prononcer, peuvent maintenant se convaincre que leur «SEN» s'est métamorphosé en si peu de temps, en un véritable tribun qui sait haranguer les foules. Mais en vérité, Assimi Kouanda doit aller plus loin s'il veut que son message passe davantage. Il est le capitaine du navire. «Comparaison n'est pas raison», les Burkinabé, ou du moins les grandes foules, à l'occasion des jamborées, aiment les formules chocs bien enlevées, les vérités, les références aux grands hommes, les paraboles et surtout les petites anecdotes...politiques. Il ne reste plus qu'à franchir cette étape.
Le chemin est long, et il va falloir retrousser davantage les manches. S'il est vrai que l'objectif au finish est «de remettre le pouvoir aux jeunes à la fin du pouvoir de Blaise Compaoré».
Dabaoué Audrianne KANI