Après le fiasco électoral dans l'arrondissement N°4 en février dernier, le CDP vient d'essuyer une nouvelle humiliation au Stade du 4-Août. Toutes les conditions semblaient pourtant réunies pour que ce 21 juin 2014 soit le jour le plus important et le plus inoubliable de la carrière politique d'Assimi Kouanda et de son mentor, le petit Président. Ils avaient déjà commencé par inonder les réseaux sociaux d'images du Stade du 4-Août plein comme un neuf avec des commentaires épiques et provocateurs. On peut retenir, entre autres, ce post publié sur la page Facebook du petit Président, François Compaoré : « Vue d'ensemble une heure avant le meeting pour le référendum et pour la paix. Restons sereins et mobilisés : l'homme intègre ne change pas de direction. Tous ceux qui ont sauté de notre bateau quand il tanguait et vous invitent à les suivre aujourd'hui, si vous le faites et que leur nouveau bateau tangue, ils vont sauter encore et sans vous. Restons sur notre bateau et travaillons main dans la main à redresser la barre». Ce commentaire, accompagné de photos de pans entiers du stade, noirs de monde, traduisait toute l'euphorie qui caractérisait la Direction du CDP à l'entame de ce meeting du 21 juin dernier. Cette euphorie trahit toute l'excessive autosatisfaction de l'équipe dirigeante actuelle pilotée par François Compaoré. C'est la preuve de leur faible maîtrise du terrain et de la stratégie politique. Ils confondent toujours la foule avec les militants. Ils étaient donc tous heureux de voir autant de monde réuni dans la cuvette du Stade du 4-Août à leur invitation, ou du moins à leurs frais. Que n'ont-ils pas fait pour réaliser le plein de stade ? L'opposition avait placé la barre très haute. Il leur fallait relever le challenge. Pour ce faire, des militants ont été convoyés de l'ensemble des 45 provinces du pays, par dizaines, voire des centaines en bus gracieusement affrétés, avec frais de séjours et des sandwiches, etc. Dans tous les quartiers de Ouagadougou, des bus et minibus ont été mobilisés pour transporter des « militants ». L'argent a circulé à flots : 1000, 1500, 2000, 5000 FCFA, ce sont les montants reçus par les militants, selon les quartiers et selon celui qui distribue. L'on a même vu sur les réseaux sociaux des images montrant, dit-on, des séances de distribution de billets de banques à des chefs coutumiers. L'essence a également coulé dans les stations où les réservoirs des motos étaient gracieusement remplis grâce à la générosité du parti ou de certains de ces leaders. Pour en rajouter à la motivation, un spectacle haut de gamme avec une pléiade de stars de la musique burkinabè et de la Côte d'Ivoire a été offert aux « militants ». Bref, ils ont payé le spectacle et aussi les spectateurs. Et de nombreux Ouagalais n'ont pas boudé leur plaisir. Pour le spectacle donc, ils ont rempli le stade « recto verso avec intercalaires ». Bravo donc au CDP pour cette extrême générosité. Malheureusement, les spectateurs n'ont pas été aussi gentils pour leur retourner la monnaie de leur pièce. A peine le spectacle terminé, ils ont vidé les lieux et pire, au moment où le Secrétaire exécutif du CDP, Assimi Kouanda, livrait le message du parti. Assimi Kouanda a donc été contraint à prêcher à des convertis ou des obligés. Selon les comptes rendus des confrères, le stade s'est vidé au ¾. Ça ne peut pas être l'effet d'un hasard et sans doute qu'Assimi Kouanda et ses patrons cherchent encore à comprendre ce qui s'est réellement passé. Pris de court, donc à court d'argument, ils ont tenté de justifier cette gifle monumentale par le « besoin d'air frais » des militants qui « étaient au stade depuis 9 h ». Ça, c'est vraiment un argument à la CDP. C'est sans conviction, ni imagination. C'est même ridicule. Mais enfin, si ça peut leur permettre de se chatouiller pour rire, l'on ne peut qu'en prendre acte. Heureusement, sur la scène politique burkinabè, le ridicule ne tue pas, la honte non plus.
Quand le CDP paye sa honte !
En fin de compte, le meeting d'engagement pour le référendum et la paix s'est finalement transformé en meeting-concert qui se termine par un spectacle de désolation et d'humiliation. Passées l'euphorie du début de ce jamborée politique, ensuite l'incompréhension devant la désertion des gradins et la déception et la tristesse de la fin, le CDP semble avoir du mal à encaisser le coup. Plus d'une semaine après l'événement, pas encore de point de presse pour exulter publiquement comme à l'accoutumée. C'est un autre échec pour Assimi Kouanda et François Compaoré d'abord, ensuite de tous les autres leaders actuels du CDP. Comme lors de la reprise des élections municipales dans l'arrondissement N°4, le parti présidentiel, version Assimi Kouanda, a investi ses énergies et son argent pour se payer la honte, l'humiliation. C'est une nouvelle confirmation de l'incompétence politique de ce SEN du CDP. Le seul nom de Blaise Compaoré ne suffit plus. Ceux qui s'y accrochent encore se trompent d'époque.
Quelque chose s'est produit au Stade du 4-Août et marquera incontestablement chacun d'eux pour toute leur vie. Mais en fait, ce n'est que le début. Comme diraient nos amis ivoiriens, « ils n'ont rien vu encore ». C'est l'ordre normal des choses. Aussi longue que dure la nuit, le jour viendra, dit l'adage. Un jour nouveau est en train de se lever au Burkina Faso après tant d'années d'obscurité, d'imposture, de roublardises, de promotion des médiocres et autres courtisans zélés. L'année 2014 est incontestablement « l'année de tous les possibles ». Seul ce pouvoir installé depuis 1987 et qui plus est, s'est emmuré dans sa tour d'ivoire, continue de croire que le peuple est toujours si docile, si manipulable, si malléable et corvéable à souhait, pour peu que l'on sorte le bâton ou la carotte. Ce pouvoir ne semble pas encore avoir compris que désormais, beaucoup de citoyens de ce pays ont compris. Oui, ils ont compris que personne dans ce gotha politique qui dirige le pays n'a hérité d'aucune fortune de qui que ce soit ; qu'ils sont presque tous issus de familles modestes (et c'est assez gentil), que si aujourd'hui, ils roulent carrosse, vivent dans des bunkers, envoient leurs enfants étudier dans les grandes universités occidentales, bref, s'ils vivent dans l'opulence qu'ils étalent, c'est essentiellement grâce à leurs positionnements respectifs dans la haute administration ou dans les sphères du pouvoir. Bien des Burkinabè ont donc compris que chaque fois qu'il y a de l'argent ou des avantages quelconques à prendre, il ne faut surtout pas éviter d'en profiter. C'est leur argent, c'est celui du peuple. Alors, ça ne devrait pas seulement profiter à certains et pas à d'autres. Alors, chaque fois que le pouvoir distribuera l'argent, l'essence et autres, ils seront de plus en plus nombreux à y aller. Seulement, désormais, le fait d'avoir pris de l'argent, de l'essence et autres gadgets du CDP n'est plus une déclaration d'allégeance, encore moins une obligation de suivre les mots d'ordre du parti. Et là, c'est l'arme fatale du parti qui est en train d'être détruite. Il ne lui reste que la pression et la répression. Mais là encore, la marge de manœuvre se réduit progressivement. Tant que les consciences sociales et citoyennes resteront éveillées, on ne peut plus commettre des crimes en masse. La terreur ne sera plus tolérée. C'est cela le Burkina nouveau qui se construit.
Que va donc faire Blaise Compaoré ? Que peut-il faire avec les nouveaux génies politiques qu'il a placés à la tête du parti et sous la direction indirecte de son frère cadet ? Peut-il logiquement persister dans son projet de référendum en vue de se maintenir au pouvoir ? Que va-t-il donc se passer après la guerre des stades ?
Arrêter les fuites en avant pour éviter de rentrer dedans !
Après un semestre de courses folles pour la mobilisation des Burkinabè, pouvoir et opposition semblent se retrouver finalement dans un cul de sac. « Borry bana » (la course est finie). Il faut passer à autre chose maintenant pour éviter de se rentrer dedans. Les uns et les autres doivent freiner leurs ardeurs. En se retrouvant aujourd'hui face à face, avec plus ou moins une maîtrise réelle des rapports de forces de part et d'autre, il est clair que tout entêtement pourrait se révéler explosif. Mais bien plus que l'opposition, le pouvoir et particulièrement Blaise Compaoré est plus que jamais face à ses responsabilités mais aussi à ses angoisses. Le plan B, celui de la succession par le jeune frère ne semble pas prospérer. Malheureusement, chaque jour qui passe, rend plus qu'incertain le plan A : celui de son maintien. Cette piste-là est porteuse de tous les risques et il le sait. Il joue désormais la survie de tout ce qu'il a pu construire toute sa carrière politique et surtout l'image chèrement payée au cours de ces dernières années. Il ne s'est sans doute pas encore fait à l'idée de prendre sa retraite, de ne plus être Président, surtout de ne même pas pouvoir choisir son successeur. Plus rien ne semble fonctionner dans ses plans. Il faut dire que Blaise Compaoré est dans la solitude. Il tente désespérément de reprendre la main en tentant d'assécher financièrement ses adversaires, notamment du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Ce qui est certain, Blaise Compaoré n'est pas un homme à capituler ou à renoncer trop facilement à ses ambitions. Il fera tout et se battra jusqu'au bout avec l'espoir qu'une brèche soit ouverte quelque part, pour s'y engouffrer. Le plan B n'est que feu de paille. Il sait pertinemment que sans lui, son jeune frère ne pèse presque rien sur la balance politique. Il passe même pour être l'un des dirigeants les plus impopulaires à l'intérieur même du CDP. A moins d'un coup de force, il ne peut rêver d'un destin national. Alors que reste-t-il ? La sagesse ? Le coup de force constitutionnel ou le coup d'Etat ? Les deux ?
La fin de la guerre des stades renvoie donc tout le monde à la dure réalité. Finies donc les fuites en avant. Il faut prendre une décision et l'assumer pleinement. Après tout ça là, on fait quoi ? C'est la question que se posent bien des Burkinabè aujourd'hui. Il faut bien que quelqu'un leur donne une réponse claire. Et personne d'autre que Blaise Compaoré n'est si bien placé pour donner une réponse. Alors, monsieur le Président, votre référendum, vous le convoquez oui ou non ? C'est tout ce que vos compatriotes attendent de vous. En effet, aussi bien ses partisans qui s'impatientent que ses adversaires prêts à parer à toute éventualité pour l'empêcher d'instaurer un pouvoir personnel et à vie, attendent de savoir son ultime décision. De celle-ci dépendra le rapprochement des positions ou leur radicalisation. C'est à lui de choisir ce qu'il souhaite pour le Burkina qu'il lèguera à la postérité et comment il voudrait quitter l'arène après un quart de siècle de règne en maître incontesté. Sans doute que le choix n'est pas si simple. Mais il est un grand homme d'Etat, chantent en chœur ses partisans. Il a là l'occasion de le prouver à la communauté nationale et internationale.
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Paramanga Yonli : une brebis égarée ou intellectuelle en perte de lucidité ?
L'ancien Premier ministre et ancien ambassadeur, actuel président du Conseil économique et social (CES), semble perdre sa lucidité. C'est lui qui fait désormais feu de tout bois. Le 21 juin dernier, il ne s'est pas privé de dégainer sur l'opposition et réaffirmer sans sourciller que l'article 37 a été révisé trois fois (quand et quand ?). Il sera encore révisé. Notre confrère L'Evènement lui a déjà rappelé que chaque fois qu'ils ont sauté la clause limitative des mandats présidentiels, ils ont été contraints de la restaurer. Cette fois encore, ce sera le cas s'ils y arrivent. Mais comme pour mettre un bémol à ses déclarations péremptoires, il ajoute que lui comme les autres ne sont que des brebis que conduit un berger, nommé Blaise Compaoré. Que c'est pathétique !
L'on retiendra aussi de M. Yonli que malgré les discours de controverses de Maxime Kaboré du PIT et de Ram Ouédraogo du Rassemblement des écologistes, « le CDP et ses alliés du Front républicain » ont pour mandats « de porter la candidature de Blaise Compaoré en 2015 ». Les deux premiers avaient pourtant annoncé publiquement être contre la révision de l'article 37. Ils ont même annoncé vouloir la place de Blaise Compaoré, comment pourraient-ils donc porter la candidature de Blaise Compaoré. Soit Yonli dans ses envolées lyriques a trahi une entente secrète dans le Front républicain, soit ce sont les autres qui se moquent de l'opinion nationale.
B.O
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Les chefaillons locaux du CDP mettront le feu avant l'heure !
On avait commencé à l'oublier. Mais le revoilà avec ses sorties malheureuses et inutilement belliqueuses. Lui, c'est Salia Sanou, maire de Bobo Dioulasso. Lors d'une conférence de presse tenue le 26 juin dernier, il s'en est pris vertement au Balai citoyen en ces termes : « S'ils veulent, ils peuvent marcher. Ils peuvent marcher jusqu'à Ouagadougou, ça c'est leur problème. On peut même dégager des voies pour eux. S'ils sont fatigués de marcher sur leurs pieds, ils n'ont qu'à marcher sur leur tête... » Sacré Salia !
A l'image de Salia Sanou, certains chefs locaux du parti au pouvoir risquent, par leurs comportements et discours, de mettre le feu aux poudres. En atteste ce qui s'est passé à Ouahigouya, avec la perturbation de la conférence du Pr Ibriga. Depuis, certains militants de l'opposition dans la capitale de la région du Nord guettent avec impatience la nouvelle date de la conférence. Ils ont pris la ferme résolution de mettre hors d'état de nuire tout auteur de nouvelle tentative de perturbation de la rencontre si elle a lieu. Mieux, ils cherchent la moindre occasion pour faire payer aux dirigeants locaux leurs forfaits. Car, dans bien des têtes, c'est une opération préparée et exécutée par la Direction locale du parti. Et à Ouahigouya, il y a de l'électricité dans l'air.
PAR BOUREIMA OUEDRAOGO
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