Annulation des passeports diplomatiques de MPPistes: Ils n'ont encore rien vu

| 23.04.2014
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Annulation des passeports diplomatiques de MPPistes: Ils n'ont encore rien vu
© DR / Autre Presse
Annulation des passeports diplomatiques de MPPistes: Ils n'ont encore rien vu
L'affaire a créé le buzz le week-end dernier. Et pour beaucoup, cela ne vient qu'allonger la liste des pressions et autres intimidations dont les démissionnaires du CDP font l'objet depuis le 4 janvier 2014, date à laquelle ils ont quitté avec armes et bagages le navire battant pavillon parti au pouvoir. Il y eut d'abord contre certains d'entre eux la stratégie de l'assèchement des finances par la résiliation du contrat d'un immeuble en location. Ou encore cette brumeuse histoire de "coupure d'électricité". "Mais qu'est-ce qui est encore tombé sur la tête des pauvres?", demandez-vous? Eh bien, pour ceux qui ne l'auraient pas encore appris, sachez que 43 cadres du MPP viennent d'être frappés par une mesure d'annulation de leurs passeports diplomatiques. Une décision dénoncée par les principaux concernés, qui crient à la répression de la part du gouvernement.

Dans la forme, il faut le reconnaître, il n'y a pas grand-chose à redire sur cette récente mesure, puisque selon l'article 8 du décret du 12 mars 2008, portant fixation des règles de délivrance des passeports diplomatiques et de service les détenteurs du précieux sauf-conduit «ayant cessé la fonction pour laquelle ils ont bénéficié de ces documents doivent les restituer à l'autorité de délivrance, soit directement, soit par l'intermédiaire de l'autorité administrative, diplomatique ou consulaire la plus proche. En cas de refus, le ministre des Affaires étrangères peut prendre une décision d'annulation de ces passeports. Le ministre des Affaires étrangères peut également à tout moment prendre une décision d'annulation ou de retrait d'un passeport diplomatique pour l'un des motifs suivants : 1) Utilisation abusive ; 2) Condamnation à une peine infamante ; 3) Condamnation à une peine d'emprisonnement de plus de 3 mois ; 4) Perte de la qualité d'agent de l'Etat.» (Lire page 6).

De plus, comme l'a affirmé Djibrill Bassolet dans l'interview de notre confrère Aujourd'hui au Faso du mardi 22 avril, «à partir du moment où le président du Faso pense que ces détenteurs de passeports diplomatiques voyagent avec ce document pour dénigrer, parler mal de lui et salir le pays, c'est son droit de les leur retirer... Ce n'est pas un droit de posséder le passeport diplomatique, c'est un privilège.» Comme on le voit, Blaise Compaoré n'a fait qu'exercer un pouvoir régalien que lui confère la loi. Mais intervenant dans les circonstances que l'on sait, l'application de cette prérogative ès-qualité ne pouvait manquer de créer la controverse.

En effet, rien n'empêchait la chancellerie d'attendre que lesdits passeports expirent pour refuser de les renouveler comme le soutiennent ceux qui sont désormais privés des avantages dus à la possession du précieux sésame pourpre. Cela aurait au moins eu le mérite de faire moins de boucan qu'actuellement. Car dans cette atmosphère de guerre de tranchées entre frères ennemis, l'application stricto sensu de l'article 8 du décret susnommé ne peut qu'être perçu par d'aucuns comme un oukase et faire des personnes visées des martyrs à peu de frais.

Cela dit faut-il s'en émouvoir outre mesure ? C'est aux cadres du MPP d'arrêter les jérémiades et les postures victimaires. Ils doivent durcir leur carapace, car rien ne leur sera donné ni épargné dans leur ambition légitime de conquérir Kosyam. Et les RSS le savent bien pour avoir participé à façonner et à entretenir cette espèce de Léviathan qu'ils vouent aujourd'hui aux gémonies. A la guerre comme à la guerre, même en politique. Cette annulation des passeports vise à réduire la mobilité d'adversaires politiques dans leur propagande extérieur contre le pouvoir. Quant aux efforts escomptés, c'est à voir !

Et Blaise qui n'est certainement pas un ange, pouvait-il laisser ces documents entre les mains de ses néo-opposants ?
Ce n'est là aussi que le dur apprentissage de l'opposition qui commence pour le MPP, dont les dignitaires devront désormais voyager comme n'importe quel opposant. Et puisqu'il s'agit du Mouvement du peuple pour le progrès, qu'ils commencent à goûter à certaines réalités de la multitude.

Quelque part d'ailleurs ils ne font que subir ce qu'ils auraient fait subir à d'autres s'ils étaient toujours aux affaires, s'il ne l'ont déjà fait.
Dans cette guérilla politique, où tous les coups seront utilisés, les RSS doivent se convaincre d'une chose : ils n'ont encore rien vu ! En effet, ceux qui proclament urbi et orbi que Roch sera président en 2015 doivent se rendre à l'évidence que la route jusqu'à Kosyam est parsemée d'embûches de toutes sortes, et elle peut très vite devenir un chemin de croix.

Peut-être même qu'après cette mesure d'annulation de passeports diplomatiques, les éminences grises du pouvoir, du fond de leurs officines, sont en train de concevoir d'autres scenarii de sanctions contre les "traîtres" et tous ceux qui leurs prêtent une oreille attentive. Mais si la vengeance doit devenir un programme de gouvernement...

Hyacinthe Sanou

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