Pour marquer le premier anniversaire du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a convié ses militants et sympathisants à une conférence publique, le jeudi 16 septembre 2016, à Ouagadougou. Le ministre en charge de la fonction publique, Clément P. Sawadogo et Dr Emile, tous deux cadres du parti, ont été les principaux animateurs de la conférence. Dans son intervention, Dr Emile Paré a édifié le public sur les faits, l’analyse, la place et le rôle du MPP dans les évènements de la mi-septembre 2015. Aux dires du conférencier, l’interruption du Conseil des ministres, la prise en otage de certains membres du gouvernement de la Transition par l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’organisation spontanée de la résistance à Ouagadougou, les tirs à balles réelles sur les résistants par des éléments RSP ont été, entre autres, les faits du coup d’Etat manqué. La suite, a-t-il détaillé, est venue le lendemain avec la création du Conseil national de la Démocratie (CND) ayant à sa tête le Général Gilbert Diendéré, le caractère national de la résistance populaire contre le coup de force, le mot d’ordre de grève illimitée des syndicats des travailleurs. Le 18 septembre, a poursuivi Dr Paré, s’en est suivie la médiation de la CEDEAO, le saccage de radios et l’attaque des domiciles de certains leaders du MPP. L’échec du coup d’Etat est intervenu, selon lui, le 19 septembre. Comme analyse, Dr Emile Paré a indiqué que le putsch marquait le quatrième acte de sabotage du processus de la Transition après les dates du 31 décembre 2014, du 4 février 2015 et de juin 2015. « Le Coup d’Etat est intervenu dans un contexte de débat sur la dissolution du RSP. Il est intervenu au lendemain de la remise du rapport de la commission nationale de la réconciliation et des réformes. Le putsch a également eu lieu à quelques jours du démarrage de la campagne électorale pour le scrutin couplé présidentiel et législatif d’octobre 2015 », a énoncé le communicateur. Les objectifs du putsch étaient, à l’entendre, de stoper la Transition, le processus de restauration démocratique et de rétablir « le pouvoir déchu de Blaise Compaoré par la revanche et la vengeance ». « Les auteurs du coup d’Etat voulaient aussi empêcher l’accession du MPP au pouvoir d’autant plus qu’ils se sont attaqués aux dirigeants du parti. C’est pourquoi le MPP a été le moteur de la résistance contre ce putsch. A l’échelle nationale comme internationale, le parti a œuvré à l’échec du putsch», a déclaré Emile Paré.
« La démocratie, une construction permanente »
Après son exposé, le second conférencier, Clément P. Sawadogo, a pris la parole pour énumérer les leçons des événements de septembre 2015. A l’entendre, il s’en dégage huit enseignements : « La première leçon est que la démocratie est une construction permanente dans la mesure où certains rament à contre-courant de l’histoire. La deuxième leçon enseigne que le peuple est le seul maître de son destin. Un peuple éduqué, informé et conscient saura toujours se défendre. Troisièmement, il faut une restructuration de l’armée ; cela faisait le huitième coup d’Etat depuis l’indépendance de notre pays ». Il a soutenu que ce « triste épisode » invite à restaurer la bonne gouvernance dans le pays, car, la mauvaise gestion est source d’instabilité. « Nous devons absolument répondre aux besoins fondamentaux des populations. Il faut résoudre les questions de santé, d’eau potable, de scolarisation au bonheur de tous », a précisé M. Sawadogo. L’autre leçon importante à tirer est qu’il faille satisfaire la soif de justice, car, a-t-il dit, l’impunité est le terreau fertile du désastre. De ce fait, Clément Sawadogo a martelé que les auteurs et commanditaires de crimes doivent être jugés à la hauteur de leurs forfaits. « En plus, il va falloir consolider l’Etat de droit en mettant en place des institutions fortes. C’est à ce prix que nous pouvons lutter contre le sectarisme. Le Burkina Faso doit œuvrer aussi, de concert avec les autres nations, pour le respect des décisions prises lors des grands sommets », a souligné le panéliste. S’adressant aux militants du MPP, il les a invités à la mobilisation et à l’unité du parti. « Cette triste page nous enseigne que nous devons dépasser nos malentendus pour défendre l’idéal de notre parti et travailler ensemble pour la réussite du programme du président du Faso », a-t-il plaidé. Avant le début de la conférence, une minute de silence a été observée à l’endroit de ceux qui sont tombés lors du putsch manqué.
Une autre conférence publique entrant dans le cadre de l’An I du putsch manqué est prévue à Bobo-Dioulasso.
Karim BADOLO