Blaise Compaoré, après 27 ans de pouvoir, termine son deuxième quinquennat après avoir effectué deux septennats.
Malgré cela, il évoque la tenue d'un referendum constitutionnel en décembre.
Pour Zephirin Diabré, chef de file de l'opposition, les objectifs de cette marche ont été atteints car le peuple a montré qu'il est le vrai détenteur de pouvoir: "Quand le peuple se met debout, les hommes qui se disent forts tremblent", dira-t-il devant une foule immense.
La participation du jour est "fantastique, inédite et historique", a encore affirmé Zéphirin Diabré. "Elle a encore dépassé celle du 18 janvier. Cela montre que nous gagnons en puissance", a-t-il ensuite commenté.
Pour Marc Christian Roch Kaboré, ancien proche du chef de l'Etat devenu président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP – opposition), le peuple s'est mobilisé "massivement" "contre un pouvoir à vie" de Blaise Compaoré. "Il doit donc en tirer les conséquences" selon ce autre leader de l'opposition.
La foule scandait des slogans comme "Libérez Kosyam" (le palais présidentiel), "Non au référendum", "Assez de la dictature de Compaoré" ou encore "Pas besoin d'un homme fort au Burkina".
"La majorité est maintenant du côté de l'opposition", a remarqué Ablassé Ouédraogo, ancien ministre de Blaise Compaoré devenu président du parti "Le Faso autrement" (opposition), qui a appelé les tenants du régime à "faire leurs bagages" car "novembre 2015 sera l'heure pour eux d'arriver à quai".
Le cortège, qui a démarré à 10H00 GMT, s'étendait sur plusieurs km, sur le boulevard France-Afrique qui mène à la présidence.
Selon plusieurs analystes, un parfum de fin de règne planait samedi sur Ouagadougou.
Pouvoir et opposition s'affrontent au sujet d'un possible référendum, dont le but est de modifier l'article 37 de la constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et empêche pour l'instant Blaise Compaoré, à la tête du pays depuis 1987, d'être candidat en novembre 2015.
Pour rappel, le 18 janvier 2014, une marée humaine avait déjà défilé à Ouagadougou contre un potentiel référendum, que l'opposition avait estimée à 100.000 personnes.
L'opposition avait impressionné en parvenant à remplir le 31 mai le plus grand stade de Ouagadougou, fort de 35.000 places. Mais le parti au pouvoir, en faisant de même trois semaines plus tard, avait minoré ce succès d'estime.
Samedi, alors que l'opposition défilait, quelque 3.000 militantes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir) s'étaient rassemblées à la Maison du peuple, une salle de spectacle, pour marquer leur soutien au président Compaoré. Une différence de mobilisation claire et nette. Preuve que le régime Compaoré est à bout de souffle.
La très forte mobilisation de samedi est également une belle démonstration de force pour l'opposition burkinabé qui vient une de plus de démontrer qu'elle n'entend plus jouer les seconds rôles.
Comme on le voit, les jours de Blaise Compaoré à la tête du Burkina sont comptés.
Nous y reviendrons.
Patrice Lecomte
Avec Abidjantv