ADF/RDA : Contrition sur le tard

| 08.12.2014
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ADF/RDA : Contrition sur le tard
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ADF/RDA : Contrition sur le tard
Ce week-end, un pachyderme de la faune politique burkinabè a poussé un grand cri du côté du CENASA. L'éléphant a en effet, barri, un barrissement de douleur, d'abord, puis de remords, ensuite.


Après l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et après la forfaiture de l'ADF/RDA, non seulement son président s'est éclipsé, il l'est toujours d'ailleurs, mais le parti lui-même est rentré dans une relative léthargie, surtout après l'autodafé de l'Assemblée nationale, au cours de laquelle l'intégrité de Gilbert Noël Ouédraogo a été prise à parti comme de nombreux autres députés. Pire, lors des réunions à Ouaga 2000 pour dégager les noms des candidats pour la présidence civile, les missi domissi de l'ADF/ADF ont essuyé l'ire noire des représentants de la société civile, et de l'opposition. Pour faire bref, l'ADF/ RDA n'était plus bien vue dans l'opinion publique, qui lui a intenté un procès en trahison : trahison des idéaux du parti pour certains militants, trahison du consensus de 2002 pour les autres et enfin, trahison de la démocratie pour les derniers. En vérité, l'ADF récolte ce qu'il a semé, car depuis plusieurs années, sa posture relève du funambulisme, pour les gentils voire de la flibusterie politique pour ceux qui sont méchants. En effet, comment peut-on faire comprendre aux Burkinabè, qu'on est de l'opposition, mais qu'on supporte le programme du pouvoir ?

C'était pourtant la position initiale de l'ADF/ RDA qui, par une pirouette dont ce parti avait le secret, a glissé ensuite dans la majorité présidentielle, tout en refusant l'expression de mouvance présidentielle. Allez-y comprendre cela ! En résumé : le parti de l'éléphant était 100% pour Blaise, mais ne voulait point sentir le CDP. Une histoire donc, de coépouses qui se disputaient les faveurs du mari. Mais déjà cette posture plus que bancale passait mal aux yeux des populations. Nous nous inscrivons en faux donc, lorsque le parti, au point de presse de ce samedi 6 décembre, affirme que «Depuis deux ans l'ADF/RDA a hésité, tant notre position était des plus délicates, les choix difficiles à opérer, la pression forte et les conséquences qu'une quelconque décision difficiles à mesurer : la situation politique dans laquelle se trouvait notre pays était d'une extrême complexité » Non !

La vérité la voici : le fait d'avoir un pied dedans, un pied dehors, permettait à l'ADF/RDA d'être dans le gouvernement, et de présenter aux citoyens le visage d'un parti de l'opposition. Une sorte d'opposition conviviale qui a l'avantage de vous offrir quelques strapontins ministériels ou des directions de sociétés, mais dont le retour du balancier est souvent désarçonnant. C'est faire preuve de cécité politique que de croire, que ce grand écart durerait éternellement. Justement, le vote sur le projet de loi sur l'article 37 offrait l'occasion en or pour ce parti, de clarifier définitivement sa situation. On aura remarqué que jusqu'à mi-octobre, l'ADF/RDA ne s'est jamais déterminée, se contentant souvent de façon laconique de dire qu'elle votera contre s'il ya référendum... Puis par une réunion du parti, Gilbert Ouédraogo en personne, affirma que le parti votera « oui » pour l'article 37 «pour la paix sociale dans le pays, et que toutes les menaces de brûler sa maison et celles de ses députes auraient occasionné, ailleurs une action pénale». Sans doute, en cet instant, Gilbert n'a jamais autant senti l'absence du père, Gérard Kango, qui lui aurait été très utile, en ces temps troubles, car le vieil éléphant aurait naturellement trouvé la parade qui préserverait l'ADF / RDA, sans pour autant frustrer Blaise. On peut même dire que c'est depuis la disparition de Gérard, que Gilbert est vraiment le maître de l'ADF /RDA.

Ce qui devrait arriver arriva donc : le parlement a été emporté le 30 octobre 2014 par les flammes, l'article 37 avec, l'ADF/RDA a joué, bïde et sache les motivations réelles qui ont poussé la formation à franchir ce pas de trop, l'ADF en opérant le choix, venait de se faire hara-kiri : est-ce le poste de Premier ministre qui reviendrait naturellement à Gilbert et d'autres ministères-clefs, promis au parti qui ont guidé ce choix comme le sussurent beaucoup de Burkinabè ? Le peuple burkinabè est en tout cas, un peu soulagé que l'ADF/RDA batte sa coulpe plus d'un mois après ces douloureux évènements.

«En décidant finalement de soutenir le projet de modification de l'article 37 de notre constitution, l'ADF/RDA a commis une erreur politique. En toute humilité et en tant qu'acteur de la vie politique nationale, nous reconnaissons et assumons notre part de responsabilité». Bravo à l'ADF/RDA qui fait là acte de contrition, sur le tard, mais contrition, tout de même. Une faute avouée est à moitié pardonnée comme le dit un adage populaire. Après le pardon demandé, le peuple qui sait être magnanime, attend de ce parti des actes concrets, une position claire, car après tout, la politique en démocratie est un jeu qui consiste souvent à opter. On peut faire un bon ou mauvais choix, mais être dans la position du ni chair, ni poisson a toujours été désastreux, lorsque viendront des échéances électorales, par exemple. L'ADF/RDA a fauté et a reconnu son erreur. L'orage passé, le parti sera observé à la loupe, et c'est à la lumière de ses agissements, qu'elle pourra rebondir ou sombrer à jamais ( ?)

Zowenmango Dieudonné

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