6ème congrès du CDP: des résultats mi-figue mi-raisin

| 12.05.2015
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6ème congrès du CDP: des résultats mi-figue mi-raisin
© DR / Autre Presse
6ème congrès du CDP: des résultats mi-figue mi-raisin
La révolution, la cassure ou rupture, ou tout simplement le véritable changement que l'on attendait du 6e congrès du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) n'a vraiment eu lieu que dans une très infime mesure. Dans le fond et par rapport à la mésaventure que le parti a vécue, il aurait fallu plus de choc dans la thérapie. A commencer bien sûr par la tête du parti, où on avait besoin d'une personnalité ayant une riche expérience politique aguerrie mais qui n'a pas soutenu ouvertement la modification de l'article 37 ou, à défaut, qui l'a fait avec moins de propos et d'actes grégaires et hautains, voire condescendants.


Le nouveau président du Bureau exécutif national du CDP, Eddie Komboïgo, est certes un militant engagé à la jeunesse relative, mais en termes de responsabilité politique, il est jeune, et n'a pas toujours eu un langage mesuré comme le commandent certaines situations. Des bourdes verbales, il en a encore été auteur lors du congrès, en se permettant de commenter la minute de silence qu'il a demandée à ses camarades d'observer pour honorer la mémoire des victimes de l'insurrection. Que son parti soit coupable ou pas, le seul responsable ou coresponsable des tueries des 30 et 31 octobre, il est indécent d'évoquer cela quand on veut respecter la mémoire des martyrs. L'ancien député CDP a également exprimé sa gratitude au fondateur de son parti, «l'émérite Blaise Compaoré. Grand homme» tout en poursuivant que « même si il a fait des erreurs, nous devons nous appuyer sur ces erreurs pour aller plus loin ». Un écart de langage qui le pousse, sans peut-être le vouloir, à charger son maître en lui faisant porter seul le chapeau de l'erreur de la tentative de modification de la Constitution et ses fâcheuses conséquences. Ce qui n'est pas du tout exact, car ce sont d'ailleurs des gens comme l'actuel président du CDP qui ont conforté l'ancien chef de l'Etat dans son égarement politique, en le soutenant aveuglement. Le parti de Blaise Compaoré a encore raté l'occasion, comme lors de son précédent congrès qui a consacré la montée de Assimi Kouanda et sa clique constituée de parvenus hautains et aux ambitions démesurées, et la descente aux enfers des RSS, d'opérer une réelle mue salvatrice.

Des noms comme ceux de Juliette Bonkoungou, dont le choix aurait eu l'avantage de promouvoir la gente féminine et de cacher tant soit peu les farouches révisionnistes, ont pourtant fait espérer. Et pour ne pas arranger les choses, l'on a trouvé le moyen de créer une structure pour accorder de l'importance non méritée à des bonzes qui ont amplement fait la preuve de leur manque de vision et de patriotisme. Le fameux Haut conseil national que présidera à distance l'ancien président Compaoré, et qui regroupe des personnalités en perte d'estime comme l'ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao, dont on se rappelle la meurtrière réquisition contre les insurgés, n'est qu'une coquille vide et inutile, dont des caricatures assimilées ont déjà montré à suffisance les limites. L'ex-méga parti au pouvoir a mal négocié sa métamorphose en vue de ressembler à son temps, ce qui est tout de même paradoxale quand on se réfère au discours tenu par Eddie Komboïgo: «Plus que tout, notre parti avait besoin d'une véritable révolution pour se donner une nouvelle image et demeurer le parti leader au Burkina Faso. Faute de n'avoir pas su mesurer et apprécier les attentes de nos militants, l'histoire nous a rappelé les 30 et 31 octobre 2014, que notre parti n'a pas su faire le pas de plus qui ouvre les perspectives d'une démocratie interne, dynamique et républicaine». En attendant de connaitre les tous les autres membres du BEN pour savoir si la promesse de rajeunissement a été tenu, il n'est pas exagéré de constater qu'en fait de révolution, il n'en fut pas grand-chose. Les mêmes acteurs ayant créé et exacerbé la crise qu'a connue le pays ayant été soit honorés, soit promus.

Les Echos du Faso

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