On assiste, en effet, depuis le soulèvement populaire ayant renversé Blaise Compaoré, à une sorte de précampagne menée par les partis politiques. Tous les week-ends en particulier, les hommes politiques arpentent les pistes des différentes localités du pays pour aller à la rencontre des populations. Ils ne cessent de multiplier sur le terrain les réunions, meetings, assemblées générales, fora et autres rencontres pour mobiliser les troupes.
Dans cet exercice, il y a des acteurs politiques qui sont habitués aux réalités du terrain. Ceux-ci sont à l'aise dans leurs différentes interventions au milieu des populations à la base. Ils maîtrisent parfaitement les canaux et moyens de communication du milieu et n'hésitent pas à les utiliser pour faire mieux passer leur message. Ce qui n'est pas le cas pour les politiciens néophytes dont les images de leurs sorties à la télévision sont risibles.
Ces nouveaux venus en politique, qui viennent de créer leur parti, ne maîtrisent pas les subterfuges et les stratégies de communication de proximité ou de masses adaptées aux besoins spécifiques des populations à la base. Habitués aux salons feutrés de la capitale burkinabè et d'autres pays à travers le monde, ils sont confrontés aux besoins des communautés rurales et aux réalités du milieu de vie des populations. Pour cela, ces politiciens de la dernière heure, pour ne pas dire de la dernière minute, auront du mal à convaincre les électeurs.
Ceux-ci prônent aujourd'hui le changement ou un pays nouveau, alors qu'ils avaient suivi Blaise Compaoré dans sa logique inacceptable de modifier l'article 37. Comment peut-on être resté fidèle au président déchu jusqu'au 31 octobre 2014 et vouloir, de nos jours, arborer des slogans de changement ou d'une vision du pays?!
Sur ce point, ils auront du mal à convaincre les électeurs sur leur démarche, leur crédibilité et leur bonne foi. Il ne faut pas se tromper d'époque. Les électeurs ont gagné en maturité. L'argent ne suffit plus pour tromper la vigilance des Burkinabè en 2015. En clair, l'achat des consciences ne «marchera pas» et les politiciens qui ont mobilisé des fonds en espèces sonnantes et trébuchantes auprès de «leurs amis» au niveau international risquent d'être désillusionnés en temps opportun. La relative euphorie qui les a accompagnés pourra ainsi se transformer en cruelle désillusion.
Pour l'heure, ceux-ci sont confrontés à des difficultés dans leurs sorties. Pour s'en convaincre, il suffit de suivre les journaux de 20 h à la télévision nationale en fins de semaines pour voir leurs rencontres avec les populations.
Pourront-ils renverser cette situation dans le laps de temps qui reste avant la campagne pour la présidentielle et les législatives? Wait and see!
Saïdou Zoromé