Vote de la loi électorale : Qu’adviendra-t-il, les prochains jours ?

| 08.04.2015
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Vote de la loi électorale : Qu’adviendra-t-il, les prochains jours ?
© DR / Autre Presse
Vote de la loi électorale : Qu’adviendra-t-il, les prochains jours ?
Ce 7 avril 2015, la ville de Ouagadougou vivait un mini-remake des événements du 30 octobre, ou plus exactement, répliquait certaines kaleidoscopies politiques de la fin octobre 2014.

C'est d'abord, des ouailles de l'ex-majorité qui ont donné le «la», en voulant se rendre hier au CNT dans la matinée pour semble-t-il, faire subir un autodafé à son siège. Cela ne vous rappelle rien ? Oui, l'incendie du parlement en octobre dernier.

Les alentours du CNT furent d'ailleurs ceinturés par les forces de police, depuis le Pont Kadiogo jusqu'au siège de la Brigade anti-criminalité (BAC), tandis que des pneus étaient brûlés sur cette avenue par des manifestants.

A quelques encablures de ces lieux, en fin de matinée, des militants du CDP, caillaissaient le véhicule du 2e vice-président du MPP, Simon Compaoré, par des jets de pierre, l'intéressé dont l'intégrité physique n'a pas été touchée, s'en est sorti indemne, grâce aux capacités manœuvrières de son chauffeur, qui a pu slalomer pour filer.

Au même moment, des ministres du dernier gouvernement de Blaise, en l'occurrence Jérôme Bougouma, ex-patron de l'administration territoriale et de la sécurité, Jean-Bertin Ouédraogo, ancien ministre des infrastructures et Salif Kaboré, en charge des mines sont convoqués pour une garde de vue, (lire page 5). La veille, c'était des maires, de l'ancien régime, qui ont été entendus par la police. Ambiance surchauffée, donc hier, dans la capitale burkinabè, car la loi qui a été votée justement à 75 voix pour, dont 10 contre et 3 abstentions, l'a été sous haute surveillance pour ne pas dire en état de siège, en ce qui concerne le CNT, sis au quartier Baonghin.

Menaces à peine voilées, kyrielles de conférences de presse, agitation fébrile, n'y ont rien pu, ladite loi est passée comme une lettre à la poste, puisqu'on n'a même pas débattu, a fortiori, ergoter sur les virgules ou les bouts de phrase.

Pourtant dans toute cette loi, la clause qui cristallise la polémique, la voici, c'est l'article 135 qui stipule que «sont inéligibles toutes les personnes ayant soutenu un changement anticonstitutionnel qui porte atteinte au principe de l'alternance démocratique, notamment, au principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels ayant conduit à une insurrection, ou à toute autre forme de soulèvement».

Exit donc tous les caciques de l'ancien pouvoir qui soutenaient à coup de meeting recto-verso avec intercalaire, l'abrogation de l'impromptu article 37 qui barrait la route à la présidence à vie de Blaise Compaoré.

Que dire de cette disposition qui empêchera à coup sûr, la quasi-totalité des ex-lieutenants de Blaise de compétir en octobre aux législatives, à la présidentielle et même aux municipales en janvier 2016 ?

Juridiquement, elle vise et concerne les ex-du pouvoir déchu, et les Paganinis du droit ne peuvent que s'élever contre une telle loi, qui, ici, n'est ni impersonnelle, ni intemporelle. Toute loi légalement dispose pour l'avenir, or la présente semble retroagir et frappe des personnalités ciblées. En clair, on a changé les règles du jeu en plein match, et là on est un peu tombé dans le même travers reprochés à Blaise qui voulait lever l'hypotèque de l'article 37 à son profit.

Mais en même temps, certains juristes pointilleux, qui s'adossent surtout la charte africaine pour les élections et la démocratie, loi supranationale, trouvent que cet amendement est de jure et même de fait défendable.

Que se passera-t-il les prochains jours et semaines à venir ? Qu'adviendra-t-il d'ici au 11 octobre, date des élections couplées ? Des partis tels le CDP, la NAFA, le parti de Djibrill Bassolé, et toute la myriade de formations politiques et d'associations qui se réclament de Blaise se disent prêts à mener la lutte. Sous quelle forme ?

Et surtout comment réagira Blaise, l'illustre exilé burkinabè d'Abidjan qui a suivi hier, de bout en bout, ces évènements ?

Le sort en est désormais jeté. Vont-ils faire contre mauvaise fortune, bon cœur ? Certains vont-ils se saborder dans d'autres partis ? Où vont-ils essayer d'installer une atmosphère d'un pays sur répondeur ? En tout cas, le ministre de l'administration a prévenu, après d'ailleurs le Premier ministre : «La récréation, c'est fini ! Aucun trouble ne sera toléré».

Le Burkina semble rentrer encore dans une période fragile et il faudra toute la vigilance des Burkinabè et de la communauté internationale pour conduire cette transition à bon port.

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