Révision de l'article 37 : Les députés ont chaud !

| 24.10.2014
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Révision de l'article 37 : Les députés ont chaud !
© DR / Autre Presse
Révision de l'article 37 : Les députés ont chaud !
«Il ne suffira pas qu'à la plénière de ce 30 octobre, les députés votent à bulletin secret, tel un conclave des cardinaux, pour que la fumée blanche sorte ». Cette comparaison imagée d'un observateur de la scène politique traduit le poids sous lequel ploient les députés, depuis ce 17 octobre 2014, quand a échu sur leur bureau, le projet de loi portant révision de l'article 37.

 

Dans moins d'une semaine en effet, les représentants du peuple devront décider du choix de la nouvelle mouture de cet article (Lire page 2) qui a divisé le Burkina en deux, depuis quelques mois.

Ces députés ont deux sorts qu'ils doivent réserver à cet article :

  • soit celui que prescrit l'article 163, en donnant 64 de leurs voix, et le projet de loi ira devant le peuple qui tranchera alors, soit par un «oui» massif ou un...«non» retentissant. Encore faut-il que le référendum puisse se tenir sans accroc;
  • soit les 3/4, c'est-à-dire 96 des votants optent de camper les choses, dès l'hémicycle, en modifiant directement l'article, privant le peuple donc, d'un référendum qui n'en finit pas de créer les conditions d'une tambouille au Faso.

Mais, il y a un avant, un «jour J» et un après-vote dans cette histoire de l'article 37.

Avant cette décision parlementaire devant sceller la destinée de cet article et même peu ou prou, celle du Burkina, les mots de lavox populi tombent comme autant de sentences martiales. Florilèges : «Si les députés votent ça, ils nous trouveront sur leur chemin», «nous avons identifié leur domicile, si cette loi-trahison passe, nous les brûlerons». «Nous débusquerons les traitres...». Une sorte de tyrannie politique et intellectuelle se fait donc sentir qu'il faut toute considération l'acte déplorer. Même dans certains salons, on murmure que les députés sont face à une responsabilité politique, et que leur avenir politique, pour ne pas dire e leur avenir tout court, dépend de ce qu'ils décideront au sujet de cet article.

Premiers indexés : à tout seigneur tout honneur, les députés CDP. Au nombre de 81, c'est à eux d'abord que revient l'impérieux devoir de donner le feu vert au gouvernement, soit de modifier directement, soit à tout le moins, d'aller au référendum.

Les menaces s'adressent donc en premier lieu, à eux qui, selon les anti-révisions, doivent servir de repoussoir prioritaire à cette forfaiture constitutionnelle. Certes, il est question de députés frondeurs au sein de ces élus Cdépistes, reste d'ailleurs à en faire la preuve, mais si le référendum doit avoir lieu, c'est à eux d'en décider, et il suffit tout simplement, que lorsque les huissiers feront le dépouillement, on trouve 64 «pour», et au moins, le référendum est OK.

Les seconds députés sur le gril sont naturellement ceux de l'ADF/RDA. En dépit des dénégations du premier responsable de ce parti, l'opinion publique n'a pas trop confiance au choix définitif du mastodonte. Et si de nombreux Burkinabè demeurent dubitatifs sur «l'éléphant», c'est en raison du grand écart qu'il fait depuis des lustres : être de la majorité présidentielle, sans être de la mouvance, autrement comme l'avait si bien remarquer avec un humour. Salace, quelqu'un qui disait en substance que : l'ADF/RDA aime le général, en l'occurrence Blaise, mais ne veut pas sentir ses troupes, le CDP, le parti majoritaire. Certains même croient savoir que si le pouvoir a finalement franchi le Rubicon, c'est qu'il s'est assuré le soutien de cette seconde épouse, pas volage pour un sou, même si quelquefois, elle fait mine de fuguer.

Sur ces députés ADF/RDA, la pression est aussi bien réelle.

Enfin, il n'est pas jusqu'à certains députés, disons-le de l'UPC, voire de l'ADJ ? qui ne soient soupçonnés de vouloir voter «oui».Les langues fendues au mauvais endroit, affirment que certains élus du parti dont est issu le chef de file de l'opposition, Zéphirin Diabré, seraient prêts à «répondre à l'appel du gouvernement pour sauvegarder la paix». Il faut en douter, car il se pourrait que ces députés de l'opposition se fassent porter pâles, le jour dit. Donc aux abonnés absents au parlement.

Tous ces scénarios supposent qu'il y ait vote le 30, c'est-à-dire que les députés se rendent à l'hémicycle. Or, l'opposition a appelé ses ouailles à bloquer tous les chemins menant au parlement ce jour-là, pour que les députés ne puissent pas aller statuer sur l'article 37. Ce qui ne sera pas sans rappeler un remake, qu'ont vécu un peu leurs collègues togolais en décembre 2003, lorsqu'ils ont charcuté l'article 59 de la Constitution de 1992, permettant au baobab de Pya tombé en 2005, de rempiler ad vitam eternum.

L'après-vote donne de l'urticaire également aux honorables députés, car avant que ce projet passe directement ou aille devant le peuple, certains citoyens, à les entendre, menacent de sévir, si jamais ...

Alors, des députés ont-ils déjà discrètement «exfiltré» leurs familles vers des domiciles amis ? Certains députés ne dorment-ils plus chez eux. Quelles mesures de l'Etat a-t-il pris pour les protéger avec leurs familles ? En tout cas, depuis ce 17 octobre, ils ont «chaud», car pour beaucoup, leur responsabilité de ce que sera le Burkina de demain, est engagé. Selon qu'ils arbitrent pour ou contre, l'histoire avec grand H retiendra et juger.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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