Quand le CNT allie mauvaise foi et incompétence

| 05.08.2015
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Quand le CNT allie mauvaise foi et incompétence
© DR / Autre Presse
Quand le CNT allie mauvaise foi et incompétence
Depuis les évènements d’Octobre 2014, le Burkina évolue dans une gouvernance difficilement qualifiable, une gouvernance assise entre deux chaises. Les autorités contraintes au respect de la légalité constitutionnelle et sous la pression de leurs mandants politiques et responsables d’OSC usent d’artifices de la Démocratie pour traduire leurs aspirations dignes d’Etat d’exception en réalités. C’est dans cette veine que les députés du Conseil National de la Transition (CNT) dans leur désir mainte fois exprimé de « déstructurer le système COMPAORE » se sont fourvoyés dans l’adoption du Code électoral consacrant l’exclusion et se sont permis en toute ignorance des procédures en la matière une mise en accusation du Président du Faso, Blaise COMPAORE et les membres de son gouvernement.


Dans ses « pensées et réflexions morales », l’homme de lettres Nicolas MASSIAS écrivait : « La justice est la vengeance de l’homme social, comme la vengeance est la justice de l’homme sauvage.» Depuis toujours, les fondements de la Nation burkinabè ont pour socle les valeurs de tolérance, de justice et d’inclusion. Même les promoteurs des tristes évènements des 30 et 31 Octobre qui ont consacré la négation de l’Etat de droit ont, à contre cœur fût-il, accepté d’inclure les valeurs suscitées dans la fameuse charte appendice de la Constitution du 2 juin 1991. C’est ce substrat qui consolide les relations entre les différentes couches de notre société et nous évite les affres de la haine et de la division qui ont endeuillé et qui continuent d’affliger certains pays du continent.

Le Président du Faso, Blaise COMPAORE, face à l’instrumentalisation d’une partie des Burkinabè par des politiciens peu regardants des valeurs décrites a accepté « d’être l’agneau du sacrifice de l’union nationale » pour « sauver le pays » suite aux manifestations des 30 et 31 Octobre 2014. Dans son message à la Nation, il dira accepter « d’avance toutes les vexations » qu’il plairait à tous de lui faire subir. N’est-ce pas là l’expression d’un amour profond pour le pays et ses habitants ? Si des assoiffés de pouvoir et d’argent qui le voyaient alors comme l’obstacle les empêchant de monter à la soupe ont réussi leur coup, il leur est difficile de faire gober que cet homme-là fut la caricature qu’il font de lui. En témoignent la multitude de ses partisans et le courage que beaucoup ont d’opposer la contradiction à ses pourfendeurs. Les partis politiques ayant soutenu son action ne l’ont aucunement renié et sont même fiers de se réclamer continuateurs de cette action ; toute chose qui ne laisse pas dormir tranquilles les héros et hérauts d’octobre 2014 qui sont à la peine pour «déstructurer le système».

Après moult essais qui sont passés par l’installation de la psychose au sein des partisans de l’ex-majorité, les arrestations et mauvais traitements de ses responsables, la ponte du scélérat code électoral d’exclusion pour les soustraire du jeu politique et autres manigances qui n’ont pas produit l’effet exempté des supers manipulateurs de la Transition, ceux-ci vont changer le fusil d’épaule et se donner pour cible l’objet même de leurs insomnies : Blaise COMPAORE. D’où la mise en branle de l’appareil législatif. Le CNT actionné va, par ses députés qui souffrent de la légitimité constitutionnelle, voter une loi de mise en accusation contre lui et pour ne pas faire dans la dentelle, lui adjoindre tous les membres de son dernier gouvernement.

Quand ignorance et précipitation fourvoient

Cherif SY et ses hommes n’ont visiblement pas tiré leçon du terrible coup de fouet de la Cour de Justice de la CEDEAO à propos du scélérat code électoral du 7 avril. Autrement, ils auraient fait attention dans cette mise en accusation de l’ancien de Chef de l’Etat et ses compagnons. Aveuglés par leur intention de faire mal et très mal dans l’ex-majorité, ces députés par défaut vont passer à côté des dispositions règlementaires qui doivent guider leurs actions.

L’article 139 de la Constitution dispose que « la mise en accusation du Président du Faso est votée à la majorité des 4/5èmes des voix des députés composant l’Assemblée ». Nos députés CNTistes étant au nombre de 90, il faut 72 voix pour que tout vote dans le sens sus-indiqué puisse prospérer. Or le jour de l’acte héroïque de nos députés, ils n’étaient que 63 à être présents. C’est dire que sur un potentiel de 80 voix acquises (10 voix étant de l’ex-majorité devenue «opposition», l’homme du Perchoir, l’Honorable SY, en a perdu près d’une vingtaine. Comment comprendre une telle situation si tant est que l’ordre du jour de la session ne manquait pas de piquant. L’enjeu n’en valait-il pas la chandelle ? En tout cas, voilà une légèreté de ces députés du CNT qui amène à douter du peu de cas qu’ils font du devenir de ce pays. Et que dire de celui qui a autorisé le vote au mépris de la question du quorum ? Simple ignorance ou obnubilé par l’enjeu de l’occurrence qui l’inscrirait dans les anales de l’histoire du Faso ? Ce qui est sûr, c’est que la notion de quorum ne manque pas d’ambiguïté chez les députés du CNT et les téléspectateurs de l’émission CONTROVERSE de la RTB ont pu en juger avec l’honorable Yaya KAMBIRI dans des envolées lyriques, et pour le moins maladroites, pour justifier le bien-fondé de leur action en matière de définition de quorum. Toutefois, pour les spécialistes de Droit parlementaire, la question de quantum ne souffre d’aucune ambigüité : «la majorité absolue est calculée sur le nombre des députés composant l’Assemblée, et elle est en outre une majorité qualifiée et renforcée dans la mesure où les juges de la Haute cour de justice n’y prennent pas part et sont pris en compte dans la détermination de cette majorité. » Ces explications renforcent davantage cette idée de précipitation de nos CNTistes pour prendre un acte qui certainement est mu par la nécessité de ne pas contrarier un agenda qui galope ! Et oh comble de l’ignorance ! Le vote « à la mouton », la main levée, a été appliqué en contradiction avec les termes de la résolution n°0003-2014 CNT portant Règlement intérieur du Conseil National de la Transition qui en l’article 86 impose le « vote à bulletin secret (...) dès lors qu’il s’agit d’une disposition de la Constitution imposant la majorité qualifiée. » Franchement, il y a comme un air de bouffonnerie qui s’élève au CNT. On a l’impression que les députés de la transition se croient dans un cirque permanent qui, à défaut d’itinérance de son chapiteau, peut se faire voir à travers le monde à travers la Télévision. Ceux qui ont voté à main levée le 16 juillet dernier voulaient à travers le cliché montrer à la postérité qu’ils faisaient partie de ceux qui ont mis en accusation une célébrité politique comme Blaise COMPAORE. Le problème, c’est qu’ils ont porté avec ce folklore un discrédit irréparable sur les institutions de la République. Pouvait-il en être autrement quand on connaît le zèle dont font preuve certains de ces membres du CNT dans le rejet de tout ce qui se rapporte au Président Blaise COMPAORE. Incapable de se mettre en phase avec les idéaux du peuple burkinabè, la Transition, à travers sa caisse de résonnance des lois, a choisi de faire de la haine pour l’ancien Chef de l’Etat et de ses camarades la pierre angulaire de son action. Mais nul doute que les tenants de cette philosophie reviendront à la raison en lisant « FUIR » d’Alice PARIZEAU. La romancière y écrit : « la vengeance est une bassesse par définition et vise à salir l’autre, même si c’est l’être le plus cher au monde. »

Frédéric ILBOUDO

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