L’adage populaire dit que «le pire ennemi de la femme est la femme elle-même». En effet, pour la première fois au Burkina Faso, des femmes se sont présentées à une élection présidentielle. Saran/Séré Sérémé et Françoise Toé. Respectivement, elles ont obtenu 1,73 % et 0,26 % des voix. Se classant 6e pour la première et 14e sur 14 candidats pour la deuxième. Aux législatives, aucune d’entre elle n’a obtenu de siège à l’Assemblée nationale. N’est-il pas que ce sont les femmes qui représentent plus de la moitié de la population ? Ces femmes qui, spatules et casseroles en main, ont bravé le pouvoir de Blaise Compaoré quelques jours seulement avant l’insurrection populaire et ont littéralement abandonné leurs consœurs ? Si la femme était l’amie de la femme, pourquoi les femmes n’ont-elles pas voté massivement pour celles qui devaient les représenter au plus haut niveau de l’Etat ?
C’est une belle occasion que les femmes ont manqué de faire savoir qu’elles avaient les capacités et la volonté de briguer le pouvoir d’Etat.
Saran Sérémé et Françoise Toé n’ont pas eu besoin qu’un homme ou un parti politique les classe là où elles ont été. Elles se sont battues et ont, pour l’une, créé son propre parti et l’autre, hérité du parti du Professeur Joseph Ki-Zerbo dont elle défend l’héritage. Elles ont réussi à réunir les 25 millions de caution qu’il fallait pour se présenter à la présidentielle. Comme les 12 autres hommes, elles ont battu campagne à travers le pays et ont mobilisé autant qu’elles le pouvaient. Ce sont les femmes qui ont refusé de voter pour elles. Préférant porter leurs voix sur les hommes. Pour ensuite dire qu’elles ne sont pas assez représentées à des niveaux de responsabilité au sommet de l’Etat.
Du reste, la femme passe beaucoup plus de temps à s’occuper plus du superflu que de l’essentiel. Quand elles se retrouvent à des niveaux donnés, elles s’intéressent beaucoup plus au modèle que l’autre porte au lieu de s’attacher au contenu du débat qu’elle tient. Elles préfèrent regarder la coiffure, bien ou mal faite, de sa consœur, que de s’occuper de ses capacités à travailler pour le bien-être de la femme. Quand une femme arrive à sortir du lot, ce sont les femmes qui travaillent à la dénigrer, à lui coller toutes sortes d’étiquettes pour qu’elle se décourage. Et lâche le morceau. « Maintenant, nous sommes égales » ; aiment-elles à dire. Tant qu’elles le resteront, elles n’iront nulle part.
Dabaoué Audrianne KANI