A cette conférence de presse, il y avait quatre députés au présidium pour expliquer aux hommes de médias les positions de l'opposition burkinabè par rapport à la loi portant modification de la Constitution du Burkina Faso. Ibrahima Koné, président du groupe parlementaire ADJ, Rose Marie Compaoré/Konditamdé, vice-présidente du groupe parlementaire UPC, Me Bénéwendé Sankara et Dr Ablassé Ouédraogo, tous deux présidents de partis de l'opposition.
Pour ces députés, le boycott par l'opposition de la plénière du mardi 12 novembre 2013 s'explique par la volonté du pouvoir de Blaise Compaoré de mettre en place le Sénat. Or ont-ils expliqué, ce que l'opposition demande et ce que le peuple burkinabè attend, c'est que le Sénat soit extirpé purement et simplement de la Constitution du Burkina Faso. Selon Ibrahima Koné, président du groupe parlementaire ADJ, ce boycott est la suite logique de l'engagement qu'avait pris l'ensemble des partis politiques de l'opposition le 2 mai dernier, c'est-à-dire le non à la mise en place du Sénat.
Un repli stratégique du pouvoir
D'après le président du groupe parlementaire ADJ, malgré la «mobilisation des démocrates et patriotes» de ce pays contre la mise en place du Sénat, Blaise Compaoré et son gouvernement ne veulent pas y renoncer. Pourtant, a affirmé M. Koné, «le peuple burkinabè a manifesté à plusieurs reprises son dégout et son rejet du Sénat» à travers des « marches gigantesques » et des «déclarations dans la presse». Ce qui a eu pour conséquence selon le député Koné de faire reculer le pouvoir qui avait même observé une pause.
Pour lui, le gouvernement à travers ce projet de loi visant à modifier la Constitution, montre qu'il ne cherche qu'à gagner en temps pour mieux revenir à la charge. «Ce n'est rien d'autre qu'une mesure conservatoire pour endormir le peuple, se donner une certaine prolongation pour mieux préparer la mise en place du Sénat. En dépit de tout, a prévenu Ablassé Ouédraogo, «ils n'y parviendront pas».
Un combat perdu à l'avance?
Répondant à un journaliste qui s'inquiétait de ce que l'opposition ne soit plus capable de mobiliser les Burkinabè du fait des mesures sociales prises par le gouvernement en septembre dernier, le Président de «Le Faso autrement», Ablassé Ouédraogo, a indiqué avoir foi aux Burkinabè. «Ces mesures n'ont rien changé dans leurs conditions. C'est de l'aberration, c'est de l'arnaque. La paupérisation continue et rien n'exclut que les Burkinabè se mobilisent encore plus dans les semaines et mois à venir».
Ceux qui croient que l'opposition est en train de mener un combat perdu à l'avance avec l'argument que «le fantôme est déjà dans la maison», se trompent, croit savoir la vice-présidente du groupe parlementaire UPC. Pour Rose Marie Compaoré/Konditamdé, le fantôme va ressortir, «on va pousser le fantôme à ressortir».
Quant à ceux qui craignent un vide juridique au cas où le Sénat n'est pas mis en place, (selon la Constitution actuelle, le président du Sénat en cas de vacances du pouvoir assure l'intérim de la présidence du Faso, NDLR) Ibrahima Koné leur répond que c'est très simple: «en cas de vacances de pouvoir, le président du Sénat n'existant pas, c'est le président de l'Assemblée nationale qui assure l'intérim». Dans tous les cas, a prévenu Me Sankara, «s'il y a un blocage institutionnel, l'opposition ne sera pas tenue pour responsable».
En rappel, l'Assemblée nationale du Burkina Faso a adopté, ce mardi 12 novembre 2013, un projet de loi modifiant quatre articles de la Constitution pour pouvoir légiférer en toute légalité en attendant la mise en place du Sénat. Les nouveaux articles 78, 80, 112 et 153 de la Constitution introduisent des dispositions transitoires pour permettre le fonctionnement légal des institutions en attendant qu'aboutissent les concertations sur la mise en place du Sénat.