C'est par une fausse note que la première série de questions du parlement initiée par le Conseil national de la Transition (CNT), dans le cadre de sa session unique, a démarré le vendredi 13 mars 2015. Après avoir planté le décor pour les échanges entre les députés et le gouvernement, le président du CNT, Chériff Sy, a invité le député Aboubacar Balima à poser sa question d'actualité inhérente à la non-baisse des prix des hydrocarbures à la pompe. Après avoir énoncé sa préoccupation, le ministre des Mines et de l'Energie, Boubacar Ba, représentant le gouvernement, s'est présenté à la tribune pour indiquer qu'il n'avait pas d'éléments de réponse à la question posée. En effet, pour des raisons de correspondance, le gouvernement n'a pas reçu la question relative aux prix des hydrocarbures.
Les débats ont ensuite repris leur cours normal. Le député Daogo Jean Sothère Samma a exposé la première préoccupation relative au Régiment de sécurité présidentielle (RSP). «Pour dissiper de la mémoire collective des Burkinabè qui ne retient que crainte et méfiance du Régiment de sécurité présidentielle, pour l'unité de l'armée de terre en particulier et de l'armée en général ; n'est-il pas préférable de dissoudre ce corps spécial et confier la charge de la sécurité présidentielle à la gendarmerie, notamment au groupement d'escorte, d'honneur et de sécurité détaché à la présidence ? », s'est-il exprimé. Le ministre des Mines et de l'Energie, Boubacar Ba, en réponse, a d'abord rappelé que le RSP est une unité de l'armée de terre ayant rang de région militaire qui assure des missions classiques et spécifiques. Ce sont, entre autres, la défense de l'intégrité territoriale du Burkina Faso, la protection des biens et des services et la sécurité du chef de l'Etat. Il a ensuite avancé que la réforme de cette unité militaire pose au préalable un certain nombre de questions à résoudre. « Il s'agit de l'affectation et de l'emploi du personnel du RSP, de l'affectation et de l'utilisation du matériel spécifique d'armement détenu par ce corps d'élite et dont les utilisateurs sont les seuls à maîtriser le maniement et la sensibilisation des militaires du RSP sur la restructuration de leur corps.», a précisé M. Ba. Il a ajouté que la commission sur la restructuration du RSP mise en place par le président du Faso doit déposer son rapport le 10 avril prochain. Les conclusions de ce rapport, a-t-il dit, seront amendées à plusieurs niveaux, afin d'arrêter un plan de réforme final du RSP. A la suite de la réponse du gouvernement, une dizaine de députés ont insisté sur la nécessité de dissoudre le RSP. Certains parmi eux se sont montrés véhéments dans leurs interventions. « On n'a pas besoin de commission pour réformer le RSP », a lancé le député Hervé Ouattara.
Une nouvelle Constitution
La deuxième question orale a porté sur la réforme de la Constitution du 2 juin 1991. Selon son auteur, le député Philippe G. Bonkoungou, l'une des causes de l'insurrection d'octobre 2014, est liée à la révision de l'article 37 de la Constitution. De ce fait, il a suggéré l'ouverture de larges concertations avec les forces vives de la nation pour lancer l'idée d'élaboration d'une nouvelle Constitution. Dans le même ordre d'idées, le ministre Boubacar Ba a rappelé que la Charte de la Transition prévoit, en effet, en son article 17, la création d'une commission réconciliation nationale et des réformes. « Cette commission comprend une sous-commission qui porte sur les réformes politiques et institutionnelles. Cette sous-commission a pour attribution de proposer des amendements à la Constitution du 2 juin et au besoin élaborer une nouvelle Constitution», a-t-il argué. A leur tour, les députés ont admis que la Constitution actuelle ne répond plus aux aspirations du peuple et ont souhaité le passage à une Ve République.
Karim BADOLO