On comprend l’émotion du président de l’Assemblée nationale de la transition, Chériff Sy, ce 5 novembre 2015. Si ému qu’il s’est mis à la porte du parlement pour saluer un à un, les députés qui sortaient de la plénière, après avoir chanté l’hymne national, «le chant de la victoire». En tapant du maillet sur sa table de président, il venait d’acter le dénouement d’un combat personnel, d’abord, et populaire, ensuite.
L’article 37 dit désormais qu’aucun Burkinabè ne peut faire plus de 10 ans à la tête du Burkina, que ce soit consécutivement ou non. Ensuite, une autre disposition déclare dans la même constitution que nul ne peut dorénavant modifier ce fameux article 37 qui fait couler tant d’encre, de salive et de sang sur le sol burkinabè.
Sans exagérer, l’on peut donc dire que la question de l’alternance a été gravée dans le marbre de la loi fondamentale. Mais, il faut dire que la séance plénière de ce jeudi 5 novembre 2015 a été beaucoup plus une formalité.
L’article 37 n’aurait pas été modifié que n’importe quel futur dirigeant du Burkina aurait réfléchi par deux fois, avant de vouloir changer quoi que ce soit de cette exigence sur laquelle veille désormais tout un peuple. Ceux qui accèderont au pouvoir sont sensibilisés à vie sur la capacité des Burkinabè à se faire respecter et à faire respecter ce qu’ils considèrent comme concourant à leur bien-être communautaire et à leur vivre ensemble.
Avec des forces armées décidées à se montrer désormais républicaines et à servir avant tout, le peuple dont elles sont une composante à part entière, plus aucun chef d’Etat ne cherchera à vouloir rester à vie au pouvoir. Il reste maintenant à parachever cette symphonie par des élections «propres» et dignes du sang versé par les martyrs et de la détermination des Burkinabè, les «Hommes intègres».
Ahmed BAMBARA