Gestion des lotissements et des parcelles: il faut décider pour toujours

| 02.07.2016
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Gestion des lotissements et des parcelles: il faut décider pour toujours
© DR / Autre Presse
Gestion des lotissements et des parcelles: il faut décider pour toujours
L’idée a été lancée par le président par intérim du Mouvement du peuple pour le progrès, par ailleurs président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Salifou Diallo. Elle serait même en réflexion ‘’avancée’’ au sein du parlement : la gestion des lotissements sera retirée aux nouveaux exécutifs locaux élus. Ce serait la solution aux problèmes récurrents qui minent le bon fonctionnement des conseils municipaux.

 

D’accord qu’il faut trouver une solution à cette gangrène qui attaque le fonctionnement des communes. C’est même l’os en travers de la gorge des conseils municipaux. Pour autant, faut-il dessaisir ces entités de cette prérogative? Non. Ce serait prendre la courte échelle et déplacer le problème. Tous les anciens maires n’ont pas mal géré ce volet. Nous pensons qu’il faut trouver une solution durable, à défaut d’être définitive, à la gestion saine des lotissements par les maires.

La courte échelle

Remettre la gestion des lotissements à quelle que autre structure que ce soit est un manque de volonté politique, c’est refuser de prendre ses responsabilités. Des états généraux sur les lotissements ont été tenus et des recommandations faites. Les textes de bonnes pratiques existent. Si tout cela s’avère insuffisant, on peut toujours poursuivre la réflexion.

En fait, l’autorité sait où se trouve le problème, mais elle évite de prendre le taureau par les cornes pour arrêter la mauvaise gestion car de gros intérêts politiques et économiques y sont en jeu. Les maires en profitent pour s’enrichir impunément, enrichir leurs ‘’parrains’’ politiques et mobiliser l’électorat. Certains ont quitté le dénuement total pour devenir des citoyens riches, de vrais délinquants au col blanc.

Si les maires qui ont été épinglés pour mauvaise gestion et détournements de parcelles sous le régime Compaoré avaient été traduits devant les tribunaux pour se justifier, affronter les nombreux citoyens qui ont été spoliés et escroqués et écoper de peines en cas de faute, les futurs maires allaient faire attention dans leur gestion. Au contraire, on les a protégés et on continue de les protéger. Aujourd’hui, bon nombre ‘’travaille’’ pour le parti au pouvoir. ‘’Vis-à-vis’’ comme on dit ou en souterrain.

Déplacer le problème

A qui on retirerait la gestion des lotissements et des parcelles des mains des maires pour la remettre? Aux députés? Au ministre? Au gouverneur? Au préfet? À l’infirmier, à l’instituteur? Ce serait déplacer le problème pour enrichir une autre catégorie de personnes, si on ne prend pas les mêmes mesures pour empêcher les maires de gérer les lotissements et les parcelles dans la transparence, la probité, l’équité et la redevabilité.

Ceux qui sont aux affaires aujourd’hui sont en majorité ceux qui pouvaient décider du sort de ceux qui ont mal géré les dossiers de lotissements. Après une mise à la touche provisoire, ils sont revenus et tous ceux qui avaient quelque chose à se reprocher au niveau des parcelles ont accouru pour grossir les rangs et échapper à la sanction. Qui est fou? Mieux vaut être du bon côté que d’être de l’autre côté. Ceux qui sont restés là-bas sont ceux qui ont essayé en vain ou qui étaient des caciques du CDP.

Il ne faut pas imaginer retirer la gestion des lotissements aux maires. Ce sont leurs communes, ils sont au sein de leurs communautés et ils doivent assumer et assurer toutes les charges dévolues à un maire. Vouloir autre chose c’est prendre des mesures populistes ou électoralistes. Il faut seulement penser des solutions pérennes aux problèmes. Des solutions qu’un autre pouvoir ne trouvera pas prétexte de remettre en cause. Il faut décider pour le futur, pour toujours.

Les Echos du Faso

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