Après une phase de communication à grande échelle pour l’appropriation du PNDES par la population, c’est au tour des députés d’apprécier « le nouveau référentiel national des interventions de l’Etat et de ses partenaires sur la période 2016-2020 pour réduire la pauvreté, renforcer les capacités humaines et satisfaire les besoins fondamentaux », pour les prochaines années. Porteuse du projet devant la représentation nationale à l’hémicycle, la ministre de l’Economie, des finances et du développement, Rosine Coulibaly, a exposé les grandes articulations du PNDES au cours de la plénière du 19 octobre 2016.Elle a rappelé aux élus que le Plan national de développement économique et social découle du programme présidentiel, « Bâtir avec le peuple un Burkina de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice ». La ministre Rosine Coulibaly a insisté sur le caractère inclusif et participatif dans l’élaboration du PNDES. Sur la pertinence du document soumis à l’appréciation des élus nationaux, elle a indiqué qu’il fait suite à une analyse diagnostique de la situation du pays qui a révélé la persistance des inégalités sociales, l’inefficacité de la gouvernance et la faiblesse des ressources humaines. C’est à la suite de ce constat que le gouvernement a engagé les Burkinabè sur la voie d’une transformation « structurelle de l’économie du pays pour une croissance durable, forte, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social ». Cela se réalisera, selon les explications données par la ministre, à travers trois axes principaux. Il s’agit de réformer les institutions et de moderniser l’administration, de développer le capital humain, de dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie et les emplois. Le coût total du PNDES s’élève à 15 mille 395, 6 milliards de F CFA.
Le cri du cœur de Michel Ouédraogo
L’innovation majeure de ce Plan est qu’il est prévu pour être financé à plus de 63% par les ressources propres du pays. Mais c’est sur les retombées escomptées de la mise en œuvre du PNDES que la ministre en charge des finances publiques s’est appesantie. L’émergence d’une économie moderne avec une croissance de 7,7 à 8 %, la baisse de l’incidence de pauvreté, la maîtrise de la croissance démographique, l’accélération du niveau du capital humain, les changements de mode de production et de consommation font partie des résultats attendus. Cette dernière partie a suscité de nombreuses questions et interrogations des députés qui ont essentiellement porté sur les risques de sous financement du PNDES, la mobilisation et les capacités d’absorption de plusieurs milliers de milliards par une économie comme celle du Burkina Faso, la prise en compte de secteurs économiques spécifiques. Le député de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Justin Compaoré, a exprimé sa surprise de ne pas voir le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, lui-même, venir défendre le dossier PNDES après avoir pris le soin de présenter le document à d’autres instances, à l’intérieur du pays et à l’étranger. D’autres parlementaires de l’UPC ont jugé le diagnostic introductif du PNDES « sommaire » éludant par exemple, selon eux, le droit coutumier, les conflits communautaires. Le député du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Michel Ouédraogo, a lancé un véritable cri du cœur en faveur de la prise en compte de la culture et des médias, « les parents pauvres » du PNDES. Quelle est la mission assignée à la culture et aux médias ? « C’est une grave erreur que le PNDES commet. C’est un secteur économique que les économistes ont tendance à négliger. Un peu de respect pour eux. Sans les journalistes tous nos bla-bla n’iront pas loin. On veut nous retirer le FESPACO, le MASA veut nous retirer le SIAO. Si nous perdons le FESPACO, l’histoire vous condamnera », s’est-il inquiété. Nous reviendrons dans notre édition de demain, sur les réponses du gouvernement aux diverses préoccupations des députés.
Mahamadi TIEGNA