C'est dans une salle pleine du Conseil régional que les débats se sont menés. En face du public, en majorité jeune, deux (02) orateurs : le Docteur Abdou Karim SAIDOU, politologue et le Doctorant Locéni CISSE, Magistrat. Egalement au présidium, le 4e vice Président du CNT, le député Amadou DABO assure la modération. Premier à livrer le fond de sa pensée sur la question de la modification ou non, changement ou non de la constitution actuelle du Burkina Faso, la position de M. CISSE est tranchée : « il ne faut pas garder cette constitution du 02 juin 1991 ! ». Pour lui, la loi fondamentale en vigueur au Burkina comporte des lacunes graves en matière de droits humains, elle déifie le Chef de l'Etat en lui conférant "trop" de pouvoirs et elle regorge pleins "tabous" constitutionnels (santé du Président, relation armée-politique, etc.). Le Magistrat CISSE estime que ne serait-ce que pour marquer la symbolique de la rupture avec le régime Compaoré, il faut une constituante qui va prendre en compte les aspirations profondes du peuple burkinabè.
Le deuxième Communicateur ne dira pas le contraire. Dans une sorte de complément à la première communication, le Dr Abdou Karim s'est appesanti sur les modalités de modification de la constitution ou de passage à une nouvelle république. C'est un véritable arsenal juridique qu'il déballe à l'assistance. Des options telles que le référendum, le toilettage ciblé, la révision intégrale sont citées, chacune avec ses avantages et ses inconvénients, plutôt, ses risques. Pour lui, il serait « raisonnable d'adopté une nouvelle constitution le 31 janvier 2016 et passer donc à une 5e république ».
Au jeu des questions-réponses, le public s'est majoritairement inquiété de la sincérité des autorités de la transition qu'il soupçonne de vouloir s'offrir un "lenga", prolonger la transition pour des intérêts personnels. La question était si récurrente qu'il a fallu au modérateur et aux représentants du CNT de convaincre de leur bonne foi. Et le Dr Abdou de professer : « Je ne vois pas quelqu'un qui peut prolonger la transition dans ce pays là ! Il n'a qu'à essayer on va voir. Au Burkina on a maintenant un mode d'emploi pour les dictateurs ! ». Le reste des préoccupations s'articulait autour des contraintes techniques, politiques, matérielles et humaines d'un éventuel changement de constitution ou de sa modification. Questions auxquelles les deux communicateurs ont répondu avec aisance, à la grande satisfaction des organisateurs de ce débat et du public de la cité du Yendabili.