Trois éminentes personnalités ont animé un débat public sur le changement de la constitution. Il s'agit de Lucien Honoré Nombré, 1er vice-président du Conseil national de la transition (CNT), Abdoul Karim Sango, politologue, membre de la CENI, Salifou Sangaré, conseiller du ministre de la Fonction publique. Le débat a été clairement exposé en ces termes: faut-il oui ou non doter le Burkina Faso d'une nouvelle Constitution ? Abdoul Karim Sango a ouvert quelques pistes de raisonnement pour guider les participants dans les réponses. Il a rappelé ce qu'est la constitution sur le plan matériel et sur le plan formel. Vieille de 24 ans, la Constitution du Burkina est assez jeune devant celles d'autres pays comme les Etats-Unis qui a 200 ans. Cependant, Abdoul Karim Sango a cité quelques raisons qui méritent que l'on se demande s'il y a lieu de la garder ou de la changer. A l'entendre, cette Constitution a connu un grand nombre de violations surtout au plan des droits humains. Elle était taillée sur mesure pour Blaise Compaoré. Le président avait trop de pouvoirs et nommait qui il voulait à la place qu'il désirait. La constitution doit être en phase avec les idéaux de l'insurrection. Il est opportun d'être dans de bonnes conditions pour mieux vivre. En dans ce sens, il vaut mieux avoir un président qui a l'allure d'un demi-Dieu. Le conférencier a fait allusion au président Barack Obama pour qui « l'Afrique a besoin d'institutions fortes et non d'hommes forts ». La Constitution a été banalisée car elle a été modifiée 4 fois pour arranger des situations en faveur du gouvernement en place. La Constitution est en déphasage avec les aspirations du peuple. Elle accorde très peu de place à la population. Pour le conférencier Aboul Karim Sango, pour avoir une Constitution, il faut la faire avec des organes neutres. Pour ce qui concerne le reste du temps imparti pour la transition, le conférencier reste confiant et pense que s'il y a l'aval du peuple, ce temps peut bien suffire ou tout au moins, on peut poser les bases, de sorte à ce que, le président qui sera élu ne tripatouille pas à sa faveur la Constitution. A l'issue du débat, bon nombre de personnes ont marqué leur accord pour changer la constitution. Selon Salifou Sangaré, si on veut réconcilier les Burkinabè avec eux-mêmes, il faut élaborer une nouvelle Constitution de sorte à prendre en compte certains aspects tels que la question de la jeunesse, l'utilisation des ressources naturelles, les questions ayant trait à l'armée et bien d'autres. En tous les cas, la réflexion a-t-il dit, est ouverte à tout le peuple burkinabè.
Emmanuel Sombié (correspondant)