La situation sécuritaire nationale n’est guère reluisante, elle est même préoccupante, surtout avec l’état dérisoire des moyens humains et matériels, a reconnu le ministre en charge de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, devant les élus nationaux, le vendredi 22 avril 2016. Seul un engagement politique et citoyen peut permettre de venir à bout du phénomène de l’insécurité et instaurer un climat de paix et de sécurité, foi de Simon Compaoré. Les députés Halidou Sanfo, Ollo Ferdinand Somé, Yahaya Zoungrana et Léonce Zagré ont interpellé le gouvernement sur les Kogl-weogo et le déploiement du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale française (GIGN) au Burkina Faso. En «chef suprême des Kogl-weogo», le ministre en charge de la sécurité intérieure est revenu sur les origines de ces groupes d’autodéfense, qui répondent plus, selon lui, à une exigence de survie. Pour Simon Compaoré, c’est un fait aujourd’hui que «les Kogl-weogo existent, se multiplient et posent des actes», qui sont applaudis par les populations rurales et semi-urbaines. Il a relevé que ce sont, cependant, les citadins, notamment les intellectuels, qui récusent leurs dérives et invitent l’exécutif à les démanteler. Mais, «le gouvernement a choisi de privilégier la voie de la sensibilisation et de l’encadrement par l’abandon des pratiques décriées pour le respect des droits humains dans les actes posés», a justifié le ministre Simon Compaoré. Et d’ajouter que l’exécutif encourage la participation communautaire dans la lutte contre l’insécurité. Toutefois, pour les cas d’incivisme des membres des Kogl-weogo, Simon Compaoré a soutenu que des poursuites sont engagées contre les auteurs des troubles et ils répondront individuellement de leur forfait. Toutefois, «aucun élément, comportement ou action de ces groupes ne permet jusqu’ici de les considérer comme des milices. Et si cela s’avérait, le gouvernement prendra les mesures qui s’imposent», a-t-il rassuré. Les élus nationaux, auteurs des questions, se sont réjouis des réponses apportées par l’exécutif. D’autres par contre ont exprimé leur insatisfaction face à la plaidoirie du ministre en charge de la sécurité intérieure. Pour Charles Lona Ouattara et Moussa Zerbo de l’UPC, il est temps de siffler la fin de la récréation. Alassane Sankara du MPP a reconnu qu’en dépit des efforts déployés par les forces de défense et de sécurité, les Kogl-weogo jouent un rôle important dans les contrées reculées. Pour sa part, le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, a salué le gouvernement pour avoir géré avec «une main de velours mais avec fermeté» le dossier des Kogl-weogo. Les autorités ont su éviter le piège, a-t-il dit, car, «il y a des gens qui attendaient que le gouvernement sévisse afin qu’ils puissent récupérer politiquement les Kogl-weogo». Les parlementaires se sont en effet inquiétés d’une éventuelle récupération politique des groupes d’autodéfense. Simon Compaoré s’est voulu clair, tout en ironisant : «Celui qui s’amuse, il va se brûler les doigts». Les députés se sont également intéressés au déploiement d’une unité du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale française (GIGN) à Ouagadougou. Selon les confidences du ministre Compaoré, le séjour du président du Faso en France a permis de clarifier ce sujet. «Il n’a jamais été question et il ne sera jamais question qu’une unité de la gendarmerie française débarque au Burkina», a-t-il précisé. Toutefois, «Monsieur sécurité du gouvernement» a fait remarquer aux députés que cela n’empêche pas un partage d’expériences entre les experts des deux pays.
Le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, s’est ensuite entretenu avec les députés sur le statut et le mandat de l’élu local.
Il a laissé entendre que le conseil municipal est une fonction temporaire non rémunérée, selon l’article 8 du Code général des collectivités territoriales, même si ce dernier perçoit des indemnités. L’ancien bourgmestre de Ouagadougou a rappelé qu’il a touché la somme de 190 000 F CFA comme salaire mensuel durant son passage à la mairie. Il a révélé que les textes sont en relecture dans le but de revaloriser le statut de l’élu local.
Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Niouga Ambroise Ouédraogo et celle déléguée en charge de la Coopération régionale, Rita Solange Bogoré, sont aussi venus apporter des éléments de réponse aux préoccupations des élus nationaux. Le premier a été interpelé sur l’accès des populations à l’eau potable et à l’assainissement.
La seconde est venue éclairer la lanterne des parlementaires sur les accords militaires entre la France et le «pays des Hommes intègres» signés sous la Transition.
Au cours de cette session plénière, 13 questions orales dont quatre avec débat et neuf sans débat étaient à l’ordre du jour. 78 députés y ont pris part.
Djakaridia SIRIBIE