Assemblée nationale : A la recherche de députés "fort"

| 14.08.2014
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Assemblée nationale  : A la recherche de députés "fort"
© DR / Autre Presse
Assemblée nationale : A la recherche de députés "fort"
Le Parlement burkinabè veut donner de lui l’image d’un lieu où la réflexion et l’action se mènent sans discontinuer. De fait, les membres des différents groupes parlementaires délaissent volontiers leurs bureaux fêfêtisés pour aller à la rencontre du pays réel. Une action qui vise aussi et surtout à redorer le blason d’une institution qui a souffert et continue de souffrir sans doute des critiques des populations sur son efficacité. Mais également au sujet de son inféodation supposée à l’exécutif et à ses “hommes forts”.


Tous à la fouine, les députés burkinabè apprennent à aller au contact des populations à la base et à travers tout le Burkina. Ceci afin de mieux jouer leur rôle de contrôleurs de l’action gouvernementale. Dans cette situation, quel meilleur moyen de s’en apercevoir que d’aller soi-même au contact des administrés? Ceux-là mêmes qui sont à la fois les premiers bénéficiaires de l’action publique, mais également les témoins oculaires des manquements éventuels observés dans les différentes actions entreprises par les gouvernants dans la gestion quotidienne du pays.

A priori, l’idée de donner plus de relief au suivi des actions entreprises par le gouvernement ne manque donc pas de charme. Ce d’autant plus qu’elle s’accompagne presque toujours d’une grande exposition médiatique. Question sans doute de ne pas être en reste par rapport au débat sur les questions qui minent les fronts social et économique en ce moment, du boom minier aux questions de défense nationale, en passant par le travail des enfants ou encore l’éducation, la lutte contre la corruption... Les différents groupes parlementaires s’auto-interpellent régulièrement et vont ensemble sur le terrain. Qu’ils appartiennent à un bord politique ou à un autre, on peut noter, dans l’ensemble, que c’est toujours avec la même volonté de se rendre utile que chaque acteur se met en évidence.

Quant à ces visites, elles s’achèvent presque toujours par un rituel immuable, celui de la promesse faite à l’opinion nationale par les missionnaires d’une matinée, dès leur retour, d’interpeller le gouvernement sur tel ou tel phénomène ou problème constaté au cours de leur sortie. Même si l’on sait pertinemment que le changement tant souhaité ne sera pas une partie de plaisir.

Bien au contraire, si certains phénomènes continuent d’avoir la peau dure au Burkina, et cela malgré la sensibilisation faite autour, c’est bien parce que les autorités n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes dans ces différents secteurs. Par conséquent, il est de bon ton pour les représentants du peuple de se départir de la forte pression de l’exécutif pour mieux s’affirmer dans l’espace public national comme des acteurs au plein sens du terme. Et pas comme une godille, encore moins comme une simple caisse de résonance. Surtout que, de l’avis de bon nombre d’analystes, l’Assemblée nationale actuelle au Burkina se distingue nettement par la qualité de son personnel. Toute chose qui, en principe, devrait militer en faveur d’actions de contrôle plus poussées et capables de déboucher sur des initiatives allant dans le sens de l’amélioration de la gouvernance publique au Faso.

Dans ce sens, l’hyperactivité des députés membres des différentes commissions parlementaires met en évidence le désir des uns et des autres d’être à la hauteur des tâches qui leur ont été confiées par les électeurs. Et c’est sans doute pour cela aussi qu’il faut bien montrer à ces derniers, lors des différentes tournées, que les “serviteurs” du peuple sont effectivement à l’ouvrage. Et qu’ils posent les bonnes questions pour espérer avoir les bonnes réponses.

Dans la polémique sur la mise en place du Sénat, la question du nombre pléthorique d’institutions créées sous la IVe République est d’ailleurs revenue en force dans les discours. Par conséquent, il appartient aux députés élus lors des élections couplées de décembre 2012 de faire la preuve que leur institution ne se distingue pas seulement par son caractère budgétivore. Mais qu’elle contribue effectivement à l’enracinement de la démocratie et de la bonne gouvernance.

A l’heure de la relance de la question liée à la modification ou non de la clause limitative des mandats présidentiels, pouvoir et opposition s’appuient désormais sur deux légitimités parlementaires distinctes pour affirmer leur volonté de ne pas céder un pouce de terrain à l’adversaire. Ce qui augure donc de chaudes empoignades verbales dans l’hémicycle.

Quant au déficit d’image dont jouit l’Assemblée nationale en ce moment auprès des citoyens du fait de nombreuses situations qui ont par moments entravé son bon fonctionnement, rien ne dit pour l’instant que le regard général a évolué positivement. Les récentes actualités liées au phénomène de trafic de bébés dans la sous-région ouest-africaine et dans laquelle une Burkinabè serait impliquée sont encore passées par là.
Par conséquent il appartient aux députés de donner la pleine mesure de leur volontarisme et surtout de leur volonté d’aller de l’avant pour plus de bons résultats.

A. TraorÈ

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