Adoption d’une nouvelle constitution: le CNT pose le débat à Ouagadougou

| 15.06.2015
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Adoption d’une nouvelle constitution: le CNT pose le débat à Ouagadougou
© DR / Autre Presse
Adoption d’une nouvelle constitution: le CNT pose le débat à Ouagadougou
Le 13 juin 2015, le Conseil national de la Transition (CNT) a organisé une conférence publique, à Ouagadougou animée par le Pr Laurent Bado, constitutionnaliste, et Me Ibrahim Samuel Guitanga, avocat à la Cour. Au terme des échanges, les conférenciers ont recommandé le passage à une nouvelle constitution pour calibrer le pouvoir du futur président.


C'est le premier Vice-président du CNT, Honoré Lucien Nombré qui a modéré la conférence publique de ce 13 juin 2015, à Ouagadougou. Devant un parterre d'invités, il a introduit les conférenciers. Il s'agit du Pr Laurent Bado, constitutionnaliste que l'on ne présente plus dans certains milieux, et Me Ibrahim Samuel Guitanga, avocat à la Cour. Selon le modérateur, cette conférence se justifie par le fait qu'il faut recueillir les avis des différentes couches socioprofessionnelles sur le passage ou non à une nouvelle République.

Prenant la parole en premier lieu, le Pr Laurent Bado, avec le verbe qu'on lui connait, n'a pas mâché ses mots. Celui qui dit «être né intelligent» a passé en revue l'histoire de la constitutionnalisation du pouvoir. Sur ce point, il faut retenir que ce sont les abus des monarques qui ont poussé les peuples à mettre des garde-fous dans la gestion du pouvoir. Son détenteur légitime étant le peuple. De la Ière République à la IVème, l'ancien professeur de droit constitutionnel a dénoncé les dérives dictatoriales des présidents. Une fois élus, a-t-il témoigné, ceux-ci transforment le pouvoir en un régime présidentialiste, avec tous les pouvoirs qui siéent entre leurs mains. Confiants de leur assise, la gabegie, la corruption, les crimes, etc. s'érigent en mode de gouvernance. Toute chose qui finit par traumatiser et radicaliser les populations. D'où les crises et grèves à répétition avec in fine, l'intervention de l'armée en vue de rétablir l'ordre social.

Pour Laurent Bado, pour ne plus être dans le piège d'un politique, il y a lieu, puisque la Transition le permet, de passer à une autre république, c'est-à-dire une Vème. Aller aux élections avec la Constitution que Blaise Compaoré et les siens ont tripatouillé à leur dessein, est une négation du sacrifice des martyrs de l'insurrection. «On ne coud pas un tissu neuf sur un vieil habit», a ironisé Laurent Bado. Qui ajoute d'ailleurs que c'est une question de bon sens.

Pour l'avocat à la Cour, Me Ibrahim Samuel Guitanga, toutes les conditions sont réunies pour passer à une nouvelle République. Car, a-t-il relevé, la Charte de la Transition (article 17) l'impose. La Transition est aussi un moment propice de rédiger une nouvelle constitution car les acteurs qui la gèrent, sont pour la plupart neutres. Laisser la rédaction d'une nouvelle constitution aux politiques est un leurre, en ce sens qu'elle sera toujours taillée sur mesure. Actuellement, le temps semble être un facteur négatif à l'adoption d'une nouvelle constitution. A partir du 30 juin, aucun mécanisme ne pourra être activé à cet effet, à défaut de prolonger la Transition. La légalité et la légitimité du CNT permettent d'engager la procédure. A ce propos, le Pr Laurent Bado souligne qu'en 7 jours, il peut rédiger une Constitution digne de ce nom.

Romain. T

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