Absentéisme dans les administrations publiques: entre les sanctions du Conseil des ministres et l’instauration d’un système biométrique d’enregistrement

| 17.10.2016
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Vendredi 05 Février 2016 - Le Premier ministre burkinabè Paul Kaba Thiéba, nommé le 6 janvier dernier, a annoncé vendredi, devant le Parlement des « mesures fortes» pour impulser un développement durable dans ce pays classé parmi les plus pauvres du monde. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
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Vendredi 05 Février 2016 - Le Premier ministre burkinabè Paul Kaba Thiéba, nommé le 6 janvier dernier, a annoncé vendredi, devant le Parlement des « mesures fortes» pour impulser un développement durable dans ce pays classé parmi les plus pauvres du monde. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Face à la Représentation nationale le vendredi 14 octobre, le ministre de la Fonction publique, Clément Sawadogo, représentant le chef du gouvernement, interpelé a répondu à une question orale avec débat. Une question relative à l’absentéisme dans les administrations publiques. A l’occasion, le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, a invité le gouvernement à prendre ses responsabilités en faisant en sorte que des sanctions soient prises en Conseil des ministres contre les «agents indélicats».

Chaque agent de l’Etat doit rendre le service auquel il est commis, durant 40 heures par semaine à raison de 8 heures par jour. Telles sont du moins, les heures légales de travail des agents de la Fonction publique d’Etat dans notre pays.

Mais c’est établi et le ministre de la Fonction publique le reconnaît, «il y a effectivement beaucoup de fonctionnaires dans notre pays, qui arrivent en retard. Il y’en a qui arrivent à 9 heures, deux heures de temps après, ils ressortent. Après ils reviennent, ensuite ils disparaissent une heure avant l’heure de la descente». C’est en ces termes que le ministre Clément Sawadogo a dépeint l’absentéisme dans nos administrations publiques.

La loi est claire

Il s’agit, précise-t-il, d’un «phénomène vraiment grave» qui plombe l’action administrative, alors que la loi 081 relative à la Fonction publique d’Etat impose à tout fonctionnaire l’obligation- en invitant les chefs de service à y veiller- de consacrer l’intégralité de son activité professionnelle à l’exercice de son emploi, d’être présent à son service pendant les heures légales de travail et d’accomplir par lui-même les tâches qui lui sont confiées (article 40). Et l’article 60 de la même loi précise que «Toute absence non justifiée est sanctionnée par une retenue sur la rémunération, au prorata de la durée de l’absence, sans préjudice des mesures disciplinaires prévues par la présente loi.» Ces dispositions font dire au ministre Clément Sawadogo que «la loi est claire».

Instauration d’un système biométrique d’enregistrement

Dans son élan de s’attaquer à ce phénomène, le gouvernement actuel, foi du ministre de la Fonction publique, s’est engagé, entre autres, à redynamiser les conseils de discipline, faire application d’une charte de qualité pour mieux appréhender les rendements des agents, instaurer un système biométrique d’enregistrement des arrivées au service.

Mais ce sont là, des mesures qui ne convainquent pas à l’Assemblée nationale. Pour le député Adama Sosso, il faut «dépolitiser l’administration publique», au lieu de s’engager dans un système de vérification biométrique qui va «certainement coûter très cher».

Autrement, «nous roulons à grande vitesse vers le mur»

Au-delà du fait que «cette affaire de biométrie va nous coûter beaucoup d’argent», «les gens vont, foi du président de l’Assemblée nationale, trouver des contre-systèmes» pour passer entre les mailles du filet.

Pour Salifou Diallo, «il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités». Dans ce sens, il faut selon lui, changer les mentalités et les comportements, faire en sorte que non seulement chaque agent soit effectivement et véritablement occupé pour l’atteinte bien comprise d’objectifs quantitatifs et qualitatifs précis, mais aussi que tous les chefs de services produisent la liste de tous les agents indélicats de leur service, restaurer l’autorité de l’Etat et appliquer en Conseil des ministres les récompenses et les sanctions.

«Il faudrait que le Conseil des ministres commence à sanctionner les agents indélicats», a martelé Salifou Diallo. Et d’ajouter, «je vous assure si trois ou quatre Conseils des ministres prononcent des sanctions, les gens vont réfléchir par deux fois». Autrement, «nous roulons à grande vitesse vers le mur», prévient le président de l’Assemblée nationale.

Paangui Parè

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