Comme conférenciers, il y avait Dr Abdoul Karim Saïdou, enseignant-chercheur à l’université Ouaga 2, le Pr Etienne Traoré, Enseignant de philosophie à l’Université de Ouagadougou, et, David Moyenga, ancien député du Conseil national de transition (CNT). Le modérateur de ce panel était le Dr Thomas Ouédraogo, directeur Exécutif du CGD.
Selon Me Guy Hervé Kam, Porte-parole du Balai citoyen, ce panel est nécessaire dans la mesure où il est important d’appréhender les phénomènes qui se présentent, étant donné le parcours fabuleux du Burkina Faso, depuis l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Il va falloir donc dégager des pistes pour sauvegarder les acquis, contre tout ce qui s’apparente à la mal gouvernance.
Ce panel est pour faire le point depuis l’insurrection, pour aller aux élections du 29 novembre 2015, avec le rétablissement des institutions, ce qui signifie donc un renouveau démocratique, et arriver aux municipales du 22 mai dernier. Afin que les vieux démons ne se réveillent, il est important pour les Organisations de la société civile (OSC) de continuer leur rôle de veille, selon Me Guy Hervé Kam, et demeurer un organe de contre-pouvoir. Il estime que les propos des tenants actuel du pouvoir ne sont pas rassurants, surtout en ce qui concerne le domaine de la justice. L’objectif de ce panel est donc pour que l’on garde à l’esprit que depuis l’insurrection, la liberté et la justice sont indissociablement liés. Le Burkina Faso ayant commencé les jalons de sa pyramide, cela s’entend que cette œuvre doit être conforme aux aspirations du peuple, suite à l’insurrection.
Selon le Pr Etienne Traoré, Enseignant de philosophie à l’Université de Ouagadougou, le thème choisi est plus que d’intérêt. Il est important pour toute nation de faire un arrêt rétrospectif et prospectif, pour se focaliser sur les aspirations du peuple depuis l’insurrection. Le Pr Etienne Traoré rappelle que si l’insurrection a eu lieu, c’est parce qu’il y avait un déficit de confiance entre les gouvernants du régime Compaoré et le peuple. C’était comme si le Burkina était gouverné par un Etat parti, que le Pr qualifie de « démocrature », pour emprunter le terme à un penseur belge, qui estime qu’il s’agit dans ces cas de figure de parti-Etat, gouverné par la majorité et où la famille présidentielle joue un rôle clé, ce qui s’apparente à une monarchisation. La rupture insurrectionnelle doit de ce fait rétablir la bonne gouvernance, afin que se manifeste le slogan « Plus rien ne sera comme avant ».
La transition a accompli sa mission...
Pour revenir au bilan de la transition, le Pr Etienne Traoré pense que celle-ci a bien rempli ses tâches, selon les missions qui lui étaient assignées, à savoir organiser des élections et permettre aux institutions de fonctionner. Il cite l’adoption de la Chartre de la transition, avec presque toutes les composantes de la nation, et explique qu’en dépit du putsch qui est venu retarder le cours des choses, tout s’est déroulé conformément à ce qui incombait aux acteurs de la transition. Autres acquis de la transition, le Pr Etienne Traoré estime que la charte sur l’indépendance de la justice, la constitutionnalisation de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat, les candidatures indépendantes et la révision du code minier, sont la preuve que des choses ont été faites en faveur des populations. Il pense que la transition a eu de l’audace dans ses initiatives, et que le reste de ce que l’on pense n’est qu’élucubrations...
Pour le gouvernement actuel, le Pr Etienne pense que l’essentiel est que les tenants rompent avec les pratiques de l’ex régime pour s’atteler aux aspirations réelles des populations après que celles-ci aient exprimé leur ras-le-bol avec l’insurrection. Il y va de la séparation des pouvoirs, le respect des droits des contrepouvoirs, l’assurance d’une gouvernance républicaine par la dépolitisation de l’administration, entre autres.
Outre cela, le Pr ajoute que la justice doit rompre avec les inégalités, l’impunité, entre autres mal gouvernances qui ont poussé à l’insurrection d’octobre 2014...
Claire Lebœuf