Nouveau code électoral: le gouvernement s’explique face aux diplomates

| 14.04.2015
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Bédializoun Moussa Nébié - Ministre Délégué auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, chargé de la Coopération Régionale
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Bédializoun Moussa Nébié - Ministre Délégué auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, chargé de la Coopération Régionale
Le gouvernement a échangé, le lundi 13 avril 2015 à Ouagadougou, avec le corps diplomatique, autour du nouveau Code électoral. Un texte, qui suscite la polémique, car excluant d'office les dignitaires de l'ancien régime, auteurs présumés de changement anticonstitutionnel.


Le nouveau Code électoral, voté le 7 avril 2015 au Conseil national de la Transition (CNT), n'en finit pas d'alimenter la polémique, surtout en son article 135 consacrant l'inéligibilité de personnes ayant soutenu un «changement anticonstitutionnel». Cette disposition de la loi est fortement décriée par les dignitaires du régime déchu de Blaise Compaoré, qui, du reste, ont échoué à modifier l'article 37 portant limitation des mandats présidentiels en 2014. Pour donc expliquer le bien-fondé de l'article à problème aux partenaires du pays, le gouvernement a échangé, hier lundi 13 mars 2015 à Ouagadougou, avec le corps diplomatique. Mandants de l'exécutif, le ministre délégué à la Coopération régionale, Moussa Nébié, et son collègue en charge de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Auguste-Denise Barry, se sont prêtés à l'exercice. Face aux diplomates et aux représentants d'organismes régionaux et internationaux en poste au Burkina Faso, le ministre Nébié a soutenu, que l'article 135 du nouveau Code électoral est l'expression de la volonté populaire. «Le peuple à l'issue de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a exprimé sa volonté de ne plus voir les dirigeants de l'ancien régime qui se sont obstinés à modifier l'article 37 de la Constitution», a-t-il signifié à ses interlocuteurs. Aussi a-t-il insisté, que cette disposition de la loi électorale trouve également un fondement dans l'article 25 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, qui condamne les actes de changement anticonstitutionnel. Dans le même ordre d'idées, le ministre Nébié a fait remarquer à l'assemblée de diplomates, que les arrestations de dirigeants de l'ancien régime, opérées ces temps-ci, ne sont pas «politiques». «Ce ne sont que des procédures judiciaires qui concernent la gestion de certains anciens responsables», a-t-il rassuré, non sans réaffirmer l'attachement de la Transition à l'inclusion et au respect des droits humains. Passées ces explications, les porte-voix du gouvernement et les diplomates se sont entretenus à huis clos, pendant plus d'une heure, loin des oreilles indiscrètes des journalistes. «On a tous apprécié, que les autorités prennent le temps et la peine de communiquer pour expliquer au corps diplomatique ce qu'il en est de la situation après ce vote. (...) Ce que nous souhaitons c'est que le processus de la Transition évolue comme prévu. C'est à-dire en respectant le calendrier annoncé et le caractère inclusif, en laissant le soin aux électeurs de juger», a affirmé le chef de la délégation de l'Union européenne (UE) au Burkina, l'ambassadeur Alain Holleville, à l'issue des échanges.

L'inclusion prônée

Les Européens ont-ils des appréhensions par rapport au nouveau code électoral ? M. Holleville n'a pas voulu jouer au juge. «Une transition est fragile, et jusqu'au bout du processus, il y aura des hauts et des bas, parce que c'est dans la nature d'une situation institutionnelle difficile. Ce que l'on souhaite, c'est que d'aucun côté ne vienne des comportements de nature à remettre en question la Transition (...)», a-t-il répliqué. Par rapport aux arrestations des ex-dirigeants, l'ambassadeur Holleville a rappelé que toute action doit se faire dans le respect de la loi, sans autres développements. Son collègue des Etats-Unis, l'ambassadeur Tulinabo Mushingi a aussi salué la démarche du gouvernement burkinabè de fournir des explications sur le vote du nouveau Code électoral. «Nous sommes très contents d'avoir été convié à cette rencontre, parce qu'il était extrêmement important d'entendre tout ce que l'on a lu dans la presse, de la voix des membres du gouvernement. Ils ont expliqué pourquoi et comment la loi a été votée et les arrestations, qui nous inquiètent beaucoup. Nous allons maintenant analyser ce que l'on a appris ce matin et puis décider de ce que l'on va faire», a confié le diplomate. Toutefois, il est revenu sur l'attachement de son pays aux valeurs d'inclusion. «Le principe de base pour nous, c'est que la Transition soit coordonnée, consensuelle et inclusive. C'est aux électeurs de décider de leurs élus. L'idée d'inclusion est essentielle pour nous, et c'est ce sur quoi nous allons continuer à pousser dans le dialogue avec le peuple burkinabè(...)», a indiqué M.Mushingi. Le nouveau code peut-il fragiliser la Transition ? Ce n'est pas l'avis de l'ambassadeur américain. «Je n'irai pas jusque-là. La loi vient d'être votée et nous sommes en train de l'étudier. Et ma question était de savoir, quelle est l'applicabilité de la loi, et le gouvernement a donné une réponse, que nous examinerons», a-t-il dit.

Kader Patrick KARANTAO

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