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Nominations d’ex-ministres de l’ancien régime: vivement que ce soit une fine stratégie et non une ruse de serpent

| 25.02.2015
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Nominations d’ex-ministres de l’ancien régime: vivement que ce soit une fine stratégie et non une ruse de serpent
© DR / Autre Presse
Nominations d’ex-ministres de l’ancien régime: vivement que ce soit une fine stratégie et non une ruse de serpent
Nous avons déjà exprimé nos inquiétudes sur les nominations des anciens ministres de la Justice Dramane Yaméogo et des Droits humains et de la Promotion civique Julie Prudence Nigna-Somda, respectivement comme commissaire du gouvernement à la Cour des comptes lors du Conseil des ministres du 18 février 2015 et conseiller technique de la Chancellerie lors du Conseil des ministres du 11 février 2015.


Notre inquiétude est d'autant plus fondée que des partisans du régime déchu comme Adama Sagnon, dont la nomination comme ministre de la Culture a fait des vagues qui ont fini par noyer son fauteuil de tout nouveau ministre, a également été casé. Une autre lecture de la situation considère sa nomination en tant que conseiller au Conseil d'Etat comme une façon de le parquer au garage. Si tel est le cas, c'est vraiment le moindre mal, car, au regard de son statut de magistrat de grade exceptionnel, il était difficile de ne pas lui trouver un point de chute.

Cependant, ce changement de poste sonne comme une promotion déguisée. Car le garage que nous connaissons tous et où les ex-dirigeants ont l'habitude de ronger leurs ongles est le ministère lui-même. Son ami Yacouba Isaac Zida, Premier ministre de la Transition, a-t-il vraiment trouvé la fine stratégie de le mettre dans l'ombre pour le faire oublier tant soit peu? Osons y croire.

Est-ce aussi le cas pour l'ancien Garde des sceaux, qui a, du reste, participé au tristement célèbre Conseil des ministres, le dernier du régime vomi de la 4e république, qui a posé le lâche acte en adoptant le projet de loi de référendum en vue de réviser l'article 37 de la Constitution burkinabè? Nous avons la faiblesse humaine d'en douter quand même. A l'instar des autres ministres du dernier gouvernement de Luc Adolphe Tiao que l'on peut à juste titre baptiser de «gouvernement de la honte», Dramane Yaméogo méritait de méditer ses actes et son nouveau sort loin des espaces de responsabilités administratives et publiques.

En effet, même s'il n'est pas le premier responsable de la juridiction où il a été nommé, il n'en demeure pas moins que la Cour des comptes est une institution qui mérite mieux que des gouvernants ayant échoué par une gouvernance inique. La première nomination éphémère de l'ancien procureur malgré sa gestion décriée de l'affaire Norbert Zongo est sûrement restée en travers de la gorge des manifestants qui ont dû déployer un effort supplémentaire pour obtenir sa démission. Ils suivent donc de près les nominations, surtout celles proposées par le chef du gouvernement, qui doit éviter de se faire prêter avec raison des intentions de ruse de serpent. Certaines rumeurs le soupçonnent déjà d'être toujours proche, voire téléguidé, par ses maîtres d'hier dont Blaise Compaoré lui-même. Il lui appartient donc de faire preuve de moins de laxisme et de générosité envers ceux qui ont favorisé de quelque façon que ce soit la tentative de tripatouillage constitutionnel. Aucun prétexte d'inclusion ou de tolérance ne peut justifier quelque récompense de poste à toute personne ayant cautionné par action le projet de modification constitutionnelle ou ayant collaboré étroitement avec ses auteurs et acteurs. A défaut donc de les mettre au ban de la république, comme des parias, que l'on en parle le moins possible par décence et par respect pour la mémoire des victimes de l'insurrection.

Il est, en tout cas, important pour la Transition de faire plus preuve de fine stratégie pour écarter les dignitaires de l'ancien régime des sphères de décision pour ne pas verser dans la pratique de la ruse du serpent qui sait mordre discrètement mais qui n'échappe pas toujours à la vengeance de ses victimes.

Les Echos du Faso

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