C'est dans le même registre qu'il faut inscrire le rappel médiatisé de dix anciens ambassadeurs de l'ancien régime que le président-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale a été obligé de justifier dans un communiqué publié par le Service d'information du gouvernement (SIG). A-t-on réellement besoin de médiatiser le rappel d'un ambassadeur qui est en fin de mandat ou dont le mandat avait même déjà expiré ? A-t-on besoin de déclarer par un communiqué télévisé, le rappel d'un ambassadeur qui est admis à la retraite ? Si c'est pour ceux qui ont été rappelés pour activisme politique, il fallait les nommer. Car, dans le cas d'espèce, les soupçons pèsent sur tout le monde. Et c'est frustrant !
En vérité, la transition doit travailler à apaiser les cœurs, et non à créer des frustrations inutiles qui peuvent constituer un terreau pour des tensions dans le futur. Il n'est point aujourd'hui besoin de brandir, d'exposer des Burkinabè comme des trophées de guerre pour faire comprendre à l'opinion qu'on travaille dans le sens voulu. La preuve est que si aujourd'hui, on nomme un ambassadeur en Belgique, tout le monde comprendra que celui qui y occupait le poste est relevé de ses fonctions. Quand on nomme des proches de partis politiques de l'ex-opposition en remplacement de proches de l'ex-parti au pouvoir, on crée nécessairement des oppositions. Surtout quand on le fait avec grand bruit...médiatique. C'est pourquoi, il faut faire dans la manière.
Du reste, s'il y a visiblement des personnes qui travaillent contre la bonne marche de la transition, il faut les arrêter, les mettre hors d'état de nuire. Personne n'en voudra à un membre de la transition pour avoir pris une décision dans ce sens. Si on permet aux organisations de la société civile de parler de politique, de demander l'exclusion d'anciens dignitaires du régime déchu, il faut aussi donner la même occasion à des associations ou à des OSC proches du même pouvoir déchu, de faire la même chose, en disant le contraire. Sinon, il y a forcément deux poids deux mesures. A moins d'interdire tout le monde. L'implication flagrante des OSC et des associations dans la politique politicienne n'est pas pour la bonne marche de la démocratie de demain qu'on veut construire au Faso. A chacun de prendre ses responsabilités pendant qu'il est encore temps.
Dabaoué Audrianne KANI