Monsieur le Président, ce n’est pas le fond, mais la forme

| 26.03.2015
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Monsieur le Président, ce n’est pas le fond, mais la forme
© DR / Autre Presse
Monsieur le Président, ce n’est pas le fond, mais la forme
C'est ce que les Burkinabè ont reproché dès le début de la transition au Premier ministre Yacouba Isaac Zida. La propension à faire du populisme, à poser des actions d'éclats tendant vers une certaine publicité de soi-même. Au président de la transition, on avait fait la même remarque quand il a commencé à débarquer à coup de communiqués médiatiques, les collaborateurs de Blaise Compaoré à Kossyam. Ensuite, les Burkinabè ont compris que les nombreuses nominations qui sont faites à chaque Conseil des ministres depuis l'arrivée de la transition sont également des coups médiatiques pour dire qu'on est en train d'épurer le système. Mais, en y mettant qui ? Si c'est pour remplacer des proches de l'ancien système par des personnes proches des nouveaux dirigeants ou des probables prochains dirigeants, c'est raté ! Car, on est en train de créer exactement les mêmes conditions qui ont frustré des Burkinabè au point de descendre dans la rue pour manifester leurs mécontentements, avec pour conséquence, l'insurrection.


C'est dans le même registre qu'il faut inscrire le rappel médiatisé de dix anciens ambassadeurs de l'ancien régime que le président-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale a été obligé de justifier dans un communiqué publié par le Service d'information du gouvernement (SIG). A-t-on réellement besoin de médiatiser le rappel d'un ambassadeur qui est en fin de mandat ou dont le mandat avait même déjà expiré ? A-t-on besoin de déclarer par un communiqué télévisé, le rappel d'un ambassadeur qui est admis à la retraite ? Si c'est pour ceux qui ont été rappelés pour activisme politique, il fallait les nommer. Car, dans le cas d'espèce, les soupçons pèsent sur tout le monde. Et c'est frustrant !

En vérité, la transition doit travailler à apaiser les cœurs, et non à créer des frustrations inutiles qui peuvent constituer un terreau pour des tensions dans le futur. Il n'est point aujourd'hui besoin de brandir, d'exposer des Burkinabè comme des trophées de guerre pour faire comprendre à l'opinion qu'on travaille dans le sens voulu. La preuve est que si aujourd'hui, on nomme un ambassadeur en Belgique, tout le monde comprendra que celui qui y occupait le poste est relevé de ses fonctions. Quand on nomme des proches de partis politiques de l'ex-opposition en remplacement de proches de l'ex-parti au pouvoir, on crée nécessairement des oppositions. Surtout quand on le fait avec grand bruit...médiatique. C'est pourquoi, il faut faire dans la manière.

Du reste, s'il y a visiblement des personnes qui travaillent contre la bonne marche de la transition, il faut les arrêter, les mettre hors d'état de nuire. Personne n'en voudra à un membre de la transition pour avoir pris une décision dans ce sens. Si on permet aux organisations de la société civile de parler de politique, de demander l'exclusion d'anciens dignitaires du régime déchu, il faut aussi donner la même occasion à des associations ou à des OSC proches du même pouvoir déchu, de faire la même chose, en disant le contraire. Sinon, il y a forcément deux poids deux mesures. A moins d'interdire tout le monde. L'implication flagrante des OSC et des associations dans la politique politicienne n'est pas pour la bonne marche de la démocratie de demain qu'on veut construire au Faso. A chacun de prendre ses responsabilités pendant qu'il est encore temps.

Dabaoué Audrianne KANI

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