Comme on le voit, le locateur de Kossyam est «en train de réfléchir»; non pas à sa «petite personne» mais à l'avenir du Burkina Faso. Ainsi dit, Blaise Compaoré se place résolument en bon père de famille ou de la Nation, c'est selon, car ce qui l'intéresse c'est la communauté. Exactement comme le riche laboureur et ses enfants dans la fable de Jean de la Fontaine. En effet, à ces enfants, sans témoin, il dit: «Travaillez, prenez de la peine: c'est le fonds qui manque le moins». Puis il ajoute: «Gardez-vous de vendre l'héritage que nous ont laissé nos parents. Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage vous le fera trouver: vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût: creusez, fouillez; ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse».
S'il est vrai que Blaise Compaoré n'a pas encore «tranché la question», c'est que, tout comme le «riche laboureur», il nous invite au travail, à prendre de la peine. Justement, parce que, quelles que soient les divergences qui peuvent opposer les Burkinabè, ils ne devront en aucun cas «vendre l'héritage que nous ont laissé nos parents». D'abord le Burkina Faso et toutes ces valeurs qui le caractérisent, lui et ses habitants. Ce n'est pas pour rien que le Burkina Faso est appelé «Pays des hommes intègres». Si aujourd'hui, il se trouve des Burkinabè eux-mêmes qui disent qu'ils ne reflètent plus cette appellation, c'est que c'est de leur responsabilité. Autrement dit, ils doivent pouvoir s'interroger sincèrement sur le rôle qu'ils ont joué pour ne plus être des «hommes intègres».
Ensuite, il y a la paix et la concorde, fruit du dialogue et de la concertation permanente. Qu'on le veuille ou non, c'est parce que les Burkinabè ont toujours su se retrouver autour des nombreuses questions qui les préoccupent que le pays est en paix. C'est dire, qu'il y a toujours, et il en sera toujours ainsi, des passerelles pour le dialogue et la concertation. En tout cas pour ceux qui veulent dialoguer.
Tout comme le «riche laboureur» qui a dû se sentir heureux d'avoir appris à ses enfants avant sa mort, que "le travail est un trésor", Blaise Compaoré voudrait être heureux si son pays vit, se développe dans la paix après lui. Tout compte fait, il sait qu'il faudrait un jour ou l'autre, partir".
Dabaoué Audrianne KANI