Modification de l’article 37 : Pitié, taisez ces absurdités qu’on ne saurait entendre !

| 24.10.2014
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Modification de l’article 37 : Pitié, taisez ces absurdités qu’on ne saurait entendre !
© DR / Autre Presse
Modification de l’article 37 : Pitié, taisez ces absurdités qu’on ne saurait entendre !
Ciel, qu'est-ce qui leur arrive ?

A la Télé, à la radio, dans les journaux et à travers les réseaux sociaux, on entend plus que ça. Quoi ? Ces absurdités verbales à vous faire rendre tripes et boyaux.

Cadres, militants de base, ouvriers de la vingt-cinquième heure, dans la galaxie Compaoré, tous s'y adonnent à cœur joie.

De mémoire de Burkinabè, on n'a jamais connu pareil délire collectif. Et tout laisse penser que nos pauvres tympans n'ont rien entendu d'abord de ces dévots dont le génie comique n'a de limite que l'imagination.

Qu'est-ce qu'ils n'invoqueront pas pour nous vendre leur projet de référendum ?

Quels moyens n'utiliseront-ils pas pour nous faire avaler la pilule de la révision de l'article 37 ?

Quelles arguties ne débiteront-ils pas pour perpétuer le règne de leur champion ?

Quel épouvantail n'agiteront-ils pas pour nous faire redouter l'après-Blaise ?

Qu'est-ce qu'ils ne diront pas ou ne feront pas pour s'assurer les bonnes grâces de l'hôte de Kosyam ?

Question, question et encore question.

En voulez-vous quelques propos dignes du record Guinness des bêtisiers politiques ?

Eh bien, en voilà quelques-uns :

  • « Le Burkina n'a pas de pétrole, mais il a Blaise Compaoré » ;
  • « Blaise, c'est le Neymar du Burkina » ;
  • « Notre pays n'a pas encore secrété un homme de la trempe de Blaise Compaoré » ;
  • « Blaise Compaoré, c'est notre dieu et Luc Adolphe Tiao, notre messie ».

L'intéressé lui-même doit en sourire, à défaut de faire autrement, face à une telle débauche de flagorneries auxquelles leurs auteurs mêmes ne croient pas.

N'allez pas penser que ce Blaisocentrisme rampant est le fait de militants dont l'excès de zèle trahit un manque certain de culture politique. Surtout pas.

Même des cadres du CDP, et pas des moindres, censés pouvoir s'élever au-dessus du lot, goûtent à cette mythologie médiatico-politique s'ils n'en sont pas les instigateurs.

Invité sur les plateaux de notre confrère France 24 dans la nuit du mercredi 22 octobre 2014, le président du groupe parlementaire CDP, Alain Bédouma Yoda, n'a pas fait exception à ce panurgisme langagier qui est aujourd'hui la chose la mieux partagée chez les frotte-manches de l'hôte de Kosyam.

En effet, interrogé sur les motivations de son parti à soutenir la candidature de Blaise Compaoré après 28 années au pouvoir, celui-ci, qui fut plusieurs fois ministre sans discontinuer, n'a pas trouvé autre prétexte que celui bien éculé : « Ce n'est pas une question de personne. Pour la stabilité de la sous-région, il faut Blaise Compaoré. Avec son carnet d'adresses et ses réseaux, s'il n'est plus au pouvoir, c'est un grand risque ». Ne vous frottez pas les yeux, vous avez bien lu.

Nous aurions voulu vous proposer mot pour mot ce qu'il a dit. Mais sur le site de France 24, aucune trace du passage du député Yoda. La chaîne aurait-elle voulu ne rien garder de cet entretien avec le VRP du CDP, comme le pensent certains ?

Nul ne conteste l'apport appréciable du président Compaoré dans la stabilité de l'espace CEDEAO. Nous nous en félicitons d'ailleurs.

Mais cette réputation de démiurge sans lequel c'est le chaos dans la sous-région, oui, cette réputation-là est surfaite.

La paix, on le sait, est toujours une œuvre collective. Si nombre de crises politiques ont trouvé solution au Burkina Faso, le mérite revient avant tout à tous ces hommes et femmes burkinabè qui travaillent dans l'anonymat, mais dont l'éclat des talents rejaillit sur le chef de l'Etat.

Alors, qu'on arrête de tirer la couverture sur une seule personne, fût-elle la première personnalité du pays, à des fins monopolistiques du pouvoir.

M'enfin, ne peut-on pas soutenir Blaise Compaoré et son projet de règne ad vitam aeternam, sans pour autant perdre sa dignité ni son âme, sans chercher à infantiliser le peuple burkinabè ? Et Il y en a qui le soutiennent sans cependant verser dans le dithyrambe grotesque.

Exemple: Blaise lui-même. On n'a jamais entendu ce dernier se proclamer « Neymar du Burkina », encore moins « un dieu ». Il est alors temps pour lui de siffler la fin de cette navrante récréation et de recadrer tous ces spins doctors dont les mises en récit lui sont à tout point de vue contreproductives. Si toutefois, il n'a pas fini lui-même par perdre la raison. Or on sait que quand Jupiter veut perdre un homme, il lui ôte la raison.

Alain Saint Robespierre

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