Michel Kafando n’a pas rendu service à Roch Marc

| 09.06.2015
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Michel Kafando n’a pas rendu service à Roch Marc
© DR / Autre Presse
Michel Kafando n’a pas rendu service à Roch Marc
En déclarant depuis Paris où il était en visite d'Etat que Roch Marc Christian Kaboré, candidat probable du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) à la prochaine présidentielle ne « peut pas être poursuivi » par les dispositions du nouveau Code électoral « au même titre que ceux qui se sont entêtés » jusqu'à l'insurrection populaire, le président de la transition, Michel Kafando n'a pas rendu service à celui-ci. Et là, pas du tout ! Il aurait laissé le suspense jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel, qu'il aurait protégé le président et candidat du MPP. En tout cas, si l'objectif était de donner un blanc seing à Roch par rapport à cette disposition et préparer les esprits, il a « tiré à terre », comme on dit.


Car désormais, il renforce le « Tout sauf MPP » même si ce n'est pas ce qu'il a voulu faire. Il expose le MPP et son candidat en donnant raison à tous ceux qui depuis un certain temps disent qu'il ne s'agit plus d'une transition au Burkina, mais d'une « transmission » de pouvoir au MPP. Du coup, il confirme les accointances du MPP avec la transition ; si ce n'est ce dernier qui l'inspire dans ses prises de décisions. Alors que tout le monde pense que jamais la conquête du pouvoir au Burkina n'a jamais été aussi ouverte, Michel Kafando vient nous démontrer que certains ont une longueur d'avance sur les autres. Message sans doute bien reçu par les partis politiques en lice.

En outre, Michel Kafando qui a déclaré, dans la même interview qu'il « revient au Conseil constitutionnel de dire qui peut être candidat et qui ne peut l'être », et ce d'autant plus « qu'on se connaît tous à Ouagadougou », est carrément allé tout droit dans le mur. « S'il est vrai qu'il y a eu des gens qui ont déclaré que de toute façon, cette loi sera devant l'Assemblée nationale », il ne revient pas au président, surtout de la transition qu'il est, de juger. C'est pratiquement la même grosse erreur, si il s'agit d'erreur, que le ministre Auguste Barry avait commise quand il annonçait qu'il s'agit d'une trentaine de personnes qui seront concernées par cette disposition du Code électoral. A voir de près, on a envie de dire que la transition ne veut pas se faciliter la tâche.

Quel crédit peut-on donc donner aux résultats des élections que la transition s'attèle à organiser ? Du moment où elle-même semble avoir déjà choisi ses candidats, son camp et projeter ses résultats ? C'est tout de même assez curieux, grave et même assez dangereux pour le processus et surtout pour la réconciliation que tout le monde prône. Il faut éviter de mettre des choses dans les esprits des Burkinabè. Qu'adviendra-t-il si au soir du 11 octobre des partis politiques et des organisations de la société civile contestent les résultats des élections parce que la transition aura pris position ?

Maladroitement, les premiers responsables de la transition sont en train d'inscrire leurs noms dans l'histoire du Burkina. Les Burkinabè attendaient et continuent d'attendre (si ce n'est pas tard) de tous ceux qui ont été propulsés à la tête de la transition qu'ils préparent un Burkina Faso de justice sociale et de paix. Que celui qui n'est pas en mesure de le faire, signe sa démission et quitte tout de suite les rangs. Il n'est pas encore tard.

Dabaoué Audrianne KANI

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