Bien joué ! Pourrait-on dire. Car, le fossé sera bien creusé entre les Burkinabè. Même si le souhait de tout le monde est de travailler à un apaisement, à une réconciliation et une union fraternelle entre Burkinabè, ça ne sera pas facile. Il ne faut donc pas s’étonner, comme l’avait soutenu un homme politique bien averti de ce pays, que le plus dur n’est pas d’avoir obtenu l’insurrection, le plus dur n’est pas non plus d’avoir conduit la transition jusqu’à son terme, mais le plus dur c’est l’après-élection. Il est évident que les Burkinabè auront à diriger et à construire ensemble leur pays. Seulement, si par des jeux de passe-passe, on est arrivé à mettre une partie de la population à côté de cette dynamique, il est évident qu’on n’aura pas réussi la mission. Qui, tout compte fait, de faire en sorte que ce qui est arrivé au Burkina Faso, que ce qui est arrivé entre Burkinabè ne se reproduise plus.
Il est évident (il n’est pas exagéré de le répéter) que c’est parce qu’une partie des Burkinabè s’étaient sentie mise à l’écart des questions de la nation que l’insurrection a eu lieu. Il est évident que c’est parce qu’on avait divisé les Burkinabè que certains ont préféré l’affrontement pour être pris en compte. Il est évident que c’est parce que beaucoup de Burkinabè ne se retrouvaient pas dans le processus électoral qu’ils ne participaient pas aux choix des dirigeants de la nation. Malheureusement, la transition ou du moins certains acteurs politiques semblent ne pas l’avoir compris.
Car en effet, le Burkina Faso de l’après-insurrection ne semble pas très différent du Burkina Faso de l’avant-insurrection. Ce ne sont pas que les quelques décisions courageuses prises par la transition qui pourront changer quelque chose. La haine, n’ayant pu être contenue dans les cœurs, se lit sur les visages. L’intolérance est bien là. Quand on sait que les deux vont ensemble avec la vengeance, il faut craindre et travailler rapidement à les effacer des esprits.
Les politiciens, dirigés par leurs ambitions et leurs intérêts ont bien joué leur rôle d’adversaires. Il revient à la Commission de réconciliation nationale et des réformes de travailler véritablement, et ce, sans état d’âme, à faire comprendre qu’aucun Burkinabè n’est au-dessus de l’autre. Pour paraphraser Djibrill Bassolé quand il s’exprimait sur Radio France internationale, le temps viendra où on dira qui a fait quoi, à quel moment et pourquoi. Le pouvoir n’absoudra personne.
Dabaoué Audrianne KANI