Méfiance entre le collectif et les autorités de la transition: le linge sale s’est-il lavé à la place de la Révolution?

| 15.12.2014
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Méfiance entre le collectif et les autorités de la transition: le linge sale s’est-il lavé à la place de la Révolution?
© DR / Autre Presse
Méfiance entre le collectif et les autorités de la transition: le linge sale s’est-il lavé à la place de la Révolution?
Depuis quelques temps, un nuage semblait planer sur les relations entre le Collectif des organisations de masses et de partis politiques, le Collectif contre la vie chère et les nouvelles autorités du pays. Ce nuage a été surtout visible au sujet de la commémoration du 13 décembre.

 

Le gouvernement avait pris la décision, faut-il le rappeler, de choisir exactement cette date pour commémorer une journée d'hommage aux martyrs de l'insurrection populaire. Cette décision n'a pas été du goût des responsables et militants des deux collectifs qui tenaient à célébrer comme ils le faisaient auparavant, à la date du 13 décembre, l'anniversaire de l'assassinat de Norbert Zongo. Au cours d'une conférence de presse le 7 décembre dernier, le Collectif des organisations de masses et de partis politiques et le Collectif contre la vie chère avaient clairement dénoncé des entraves de la part des nouvelles autorités sur les activités commémoratives du 16ème anniversaire des assassinats de Norbert Zongo et de ses compagnons. Au lendemain, la réaction du gouvernement n'a pas tardé. La journée d'hommage aux martyrs du soulèvement populaire a été reportée à une date ultérieure.

A y voir de près, il y a eu un déficit criard de communication, surtout du côté gouvernemental. Si le gouvernement avait échangé au préalable avec les responsables syndicaux avant de prendre la décision, il y avait des chances qu'un terrain d'entendre soit trouvé pour éviter le clash. Certes, le débat était clos depuis l'annonce du report faite par le ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité. Mais la méfiance entre les deux parties était toujours de mise. Cela a été d'ailleurs observé lors de la cérémonie commémorative à la place de la Révolution.

Les discours des représentants et responsables des collectifs étaient particulièrement virulents contre le pouvoir de la Transition. Le PM Zida ne dira peut-être pas le contraire, lui-même ayant été sur les lieux. D'ailleurs, les membres du gouvernement étaient assis un peu loin des responsables des Collectifs sous les tentes dressées à l'occasion. On a également constaté qu'après avoir prononcé leurs discours, les représentants des Collectifs ne se dirigeaient pas vers les membres de la délégation gouvernementale, encore moins les serrer la main.

Fort heureusement, cette tension a fini par baisser d'un cran. Après que le PM Zida soit monté au créneau pour faire sa déclaration à la demande du public, le président du Collectif, Chrysogone Zougmoré, est revenu sur le podium pour remercier chaleureusement la délégation du gouvernement conduite par le PM Zida. Mieux, à la fin de la cérémonie, les membres des deux parties (gouvernement et responsables des collectifs) se sont échangé longuement de chaudes poignées de mains. Du coup, les mines s'étaient desserrées comme pour montrer que l'on a fumé le calumet de la paix.

Au regard de cette situation qui n'est pas passée inaperçue, on est tenté de croire que le linge sale a été lavé à la place de la Révolution. Mais il est très tôt pour s'en convaincre. Attendons donc de voir. Toujours est-il que seul le dialogue, la communication, la concertation, les échanges peuvent permettre de parvenir à un consensus, à se faire au moins comprendre et à se respecter mutuellement. Et pour cela, il faut que les écuries communication des institutions soient ipso presto nettoyées. C'est une condition sien quo non...

Saïdou Zoromé

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