Il faut donc rappeler que notre diplomatie s'est impliquée dans la crise du Nord-Mali après avoir été mandatée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Fort de ce mandat, elle a assumé ses responsabilités, avec la conviction qu'une sous-région qui vit dans la paix, génère un profit pour tous les Etats membres. Ceci dit, la désignation du Burkina, ici comme ailleurs, n'est pas le fait du hasard. Il ne l'a pas non plus été pour ses beaux yeux ou parce que les autres pays ne sont pas à la hauteur.
Son expertise en la matière, ses succès passés et récents ont plaidé naturellement pour cette diplomatie, qui depuis le début de la décennie quatre vingt dix, a montré son talent à dénouer des crises. Et puis, comment oublier que dans ce dossier malien, la diplomatie burkinabè était loin d'avoir bénéficié d'une fleur.
En effet, était-il possible de parvenir en moins d'une année à réunir autour d'une table, des gens qui se font la guerre, et à les amener à aller non seulement à la paix, mais plus improbable surtout, à organiser sur un territoire divisé une élection présidentielle ouverte, équitable et transparente ?
Force est donc de reconnaître que ce rôle de médiateur dans la crise malienne était pleinement justifié parce que la médiation a produit in fine du résultat concret, à savoir le retour à un ordre constitutionnel régulier, ce qui constituait un rêve inaccessible après l'attaque rebelle au Nord, assorti du coup d'Etat du capitaine Mamadou Haya Sanogo.
Si le Président Blaise COMPAORE est revenu au devant de la résolution définitive de la crise, c'est en raison de l'existence d'un accord, celui de Ouagadougou, intervenu le 13 juillet 2013 entre les protagonistes. Accord qui a autorisé la tenue de l'élection présidentielle puis des législatives dans la même année.
Mais d'avoir un nouveau président et une nouvelle Assemblée nationale ne solde pas, bien au contraire, la crise et ses conséquences, dont les nombreux réfugiés, ne sont pas les moindres. Les récents affrontements entre l'armée malienne et les rebelles illustrent cette obligation de régler définitivement par la négociation la crise.
Cela passe par la reprise de l'accord de Ouagadougou là où il avait été abandonné, cela avec ou sans le médiateur. A ce propos, la communauté internationale a rappelé à la partie malienne, que ce médiateur est et reste le mieux indiqué, question aussi de confiance et de savoir faire.
Souleymane KONE
Par : L'Hebdomadaire du Burkina N°788 du 04 au 10 Juillet 2014