Maxime Kaboré, président du PIB : « Le succès du mandat de Roch sera le succès de tout le Burkina! »

| 06.01.2016
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Maxime Kaboré - Président du Parti indépendant du Burkina (PIB)
© DR / Autre Presse
Maxime Kaboré - Président du Parti indépendant du Burkina (PIB)
Notre Temps: Vous êtes de retour à Ouagadougou depuis quelques jours. Quelles sont les raisons de ce retour au bercail qui ne correspond pas à vos vacances annuelles, puisque vous vivez et travaillez en Belgique?


Maxime Kaboré : Ecoutez! Le Burkina Faso, c'est mon pays. Il est vrai que je vis et je travaille à l'étranger, mais je viens régulièrement au pays pour mes affaires. Cette fois-ci, je suis là depuis quelques jours pour assister à l'investiture du Président élu, Roch Marc Christian Kaboré. J'ai estimé qu'il était important que je sois présent à cet évènement important de la vie de notre pays pour, non seulement, marquer mon soutien et ma solidarité au nouveau président, mais aussi, pour profiter du plaisir de voir un nouveau départ pour notre pays après plus d'une année de transition. Aujourd'hui, le retour à la vie constitutionnelle normale est salutaire pour tout un chacun et le président actuel pourra être celui qui va rassembler l'ensemble des fils et des filles de ce pays dans l'intérêt général. Je crois qu'une fois élu, il n'est plus le président d'un seul parti; il est le président de tous les Burkinabè y compris nous qui sommes de la diaspora. C'est dans ce sens que nous sommes tous là pour l'accompagner afin qu'il réussisse sa mission dans le grand intérêt du Burkina tout entier.

Avez-vous déjà eu des entrevues avec le président Kaboré ou d'autres autorités du pouvoir d'Etat?

Oui. Je me suis entretenu avec le Président Roch Kaboré le lundi 4 janvier dernier. En plus, il reste entendu qu'il y a aussi des contacts informels. Mais pour l'instant, ce qui importe, de mon point de vue, c'est de voir les orientations des nouvelles autorités. Nous, nous serons là en tout cas, pour apporter notre contribution dans le sens de faire des critiques objectives et de faire des propositions. Car il ne sert à rien de dire des choses sans rien proposer de concret. Au PIB, nous répondrons toujours présents dès lors que le Burkina a besoin de nous.

Avez-vous déjà eu affaire à Roch avant son accession à la magistrature suprême?

Bien sûr que je le connaissais bien avant! Aujourd'hui, on met en avant son caractère d'homme modéré, d'homme qui veut réconcilier, mais moi je dis qu'il a toujours été comme ça! Je crois que c'est l'homme qui convient pour la situation présente. Il a su montrer de par le passé ses compétences et son implication dans la marche de la République. Il connait les rouages de l'Etat. Il connait tout le système et il saura éviter les erreurs du passé. Et aujourd'hui, seuls les projets de développement nous intéressent. Les querelles intestines et les considérations partisanes ne doivent plus avoir droit de cité. Nous sommes tous engagés pour l'aider car sa réussite sera la réussite de tout le Burkina. Le succès de son mandat sera le succès de tout le Burkina.

Roch est élu chef de l'Etat à la suite d'une insurrection qui a causé une fracture sociale. A votre avis, comment doit-il s'y prendre pour réconcilier les Burkinabè?

Au-delà des revendications qui ont été exprimées, il y avait un malaise qui était là. Je crois que ce qui importe, c'est que tout le monde soit associé dans cette reconstruction. On ne peut pas construire le pays en divisant; on ne peut pas reconstruire le pays en voulant écarter des Burkinabè. Il est vrai que des gens à un moment ont fait des erreurs. Mais il est bon, aujourd'hui d'accepter de revenir ensemble, de s'asseoir sur la même table. Mais cela se fait bien entendu avec la justice. Il faut tourner la page en tirant leçon des souffrances endurées par les familles endeuillées.

Le MPP est désormais le parti au pouvoir. Quelle va être, dans un tel contexte politique, la position du PIB? Un parti d'opposition ou de la majorité présidentielle?

Vous savez que le PIB, comme l'indique sa dénomination, a toujours été un parti indépendant. C'est-à-dire que nous allons au-delà des clivages. Aujourd'hui, nous avons un président élu et nous n'allons pas rentrer dans les querelles intestines. Par contre, nous disons simplement que partout où nous pouvons être utiles, nous n'allons pas nous débiner. Nous avons la responsabilité de participer à l'édification du Burkina. Vous savez qu'on peut servir le pays dans plusieurs domaines. Pas forcément dans l'action gouvernementale, c'est clair. Mais nous n'allons pas rentrer dans les clivages "gauche/droite" ou "majorité/opposition". Nous resterons au-dessus de la mêlée comme toujours.

Votre parti, le PIB s'est mis sur le banc de touche depuis l'insurrection populaire de fin octobre 2014. Vous vous êtes même abstenus de participer aux élections de novembre 2015. Qu'est-ce qui explique ce retrait?

Nous avons simplement estimé qu'il était plus sage pour nous de prendre du recul parce qu'il y a eu des incompréhensions. Vous savez qu'il y a des gens qui font des amalgames. Nous avons même été victimes des dégâts collatéraux de l'insurrection. Pourtant, notre parti a toujours eu des positions claires. Nous nous sommes toujours opposés à la modification de l'article 37. Mais des gens qui aiment les raccourcis intellectuels ont pensé que nous voulions le maintien d'un système politique. Nous pensons qu'il y a un temps pour tout. Nous ne voulons pas apporter de l'eau au moulin de ceux qui ont des raccourcis intellectuels.

Et si aujourd'hui, le pouvoir de Roch Kaboré faisait appel à Maxime Kaboré ou à un autre cadre du PIB pour faire partie du gouvernement ou occuper un poste de responsabilité, quelle serait votre réponse?

Nous sommes là comme des serviteurs. Et nous ne servons pas une personne, nous servons la Nation. Et si on estime que nous pouvons être utiles à telle ou telle position, en toute modestie et par respect pour notre pays et pour le peuple burkinabè, nous répondrons à cet appel et nous allons servir le pays avec tout le cœur. Mais comme je l'ai dit, on peut servir le pays dans n'importe quelle fonction, pas forcément la fonction ministérielle.

Comment avez-vous entre-temps accueilli le putsch de l'ex-RSP?

C'est vrai qu'à l'époque, la situation était très tendue, mais moi j'ai toujours été contre la prise du pouvoir par les armes. Ça, c'est clair! Aujourd'hui, il est évident que la justice doit être faite pour situer les responsabilités et rétablir la vérité. En même temps, je pense qu'il faut éviter la chasse aux sorcières. En matière de justice, il y a des procédures qu'il faut respecter. Il faut toujours garder les principes cardinaux, notamment la présomption d'innocence. Cela suppose que la personne mise en cause est présumée innocente tant que sa culpabilité n'est pas établie par une juridiction. Je pense que la détention préventive doit être une exception et non la règle. Il faut aussi éviter certains amalgames qui font que certaines personnes qui ont simplement donné leur point de vue après le putsch ont été prises pour des putschistes.

Un dernier mot?

Pour terminer, je souhaite vivement que la réconciliation soit une réalité entre les Burkinabè. Et je ne doute pas que le nouveau président élu va travailler à cela.

Interview réalisée par D. Justin SOME

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01- Maxime Kaboré, président du PIB

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