Les militants et sympathisants des partis sankaristes ainsi que des curieux se sont massés par centaines à l'entrée de l'aéroport international de Ouagadougou pour accueillir l'épouse de leur idole Thomas Sankara. Mariam Sankara a atterri sur le sol burkinabè à 16h 17. C'est à 17 heures finalement qu'elle fera son apparition devant une foule en liesse qui scandait : «Mariam Sankara !». Habillée en Faso Danfani, tenue vestimentaire préférée de son feu mari, Mariam, dans une Land-Cruiser de couleur bleu-nuit s'est adressée à ceux qui l'attendaient. Elle avait à ses côtés le président du CNT, Chérif Sy, Me Benéwendé Sankara, Valère Somé, Nestor Bassière, etc.
Dans une ambiance surchauffée faite de slogans révolutionnaires et ponctuée de l'hymne national dans une forêt de drapeaux et de portraits du leader de la révolution burkinabè, la « kaoswéogo » (mot désignant en milieu moaga quelqu'un qui a duré à l'étranger) a dit à l'assistance : «Camarades, je vais vous demander d'observer une minute de silence pour tous les martyrs, victimes de la politique au Burkina Faso. Chers camarades, l'émotion est forte, je suis heureuse, fière de fouler la terre du Burkina Faso. Cet accueil chaleureux me touche beaucoup ; votre présence massive témoigne de la marque de sympathie que vous avez pour le président Thomas Sankara. Je ne saurais jamais vous en remercier suffisamment.
En ce moment précis je pense aussi aux martyrs des 30 et 31 octobre qui, par leur courage et leur détermination, ont fait fuir le dictateur Blaise Compaoré. Je remercie tous ceux qui ont contribué à cela. Je pense à la société civile burkinabè qui a montré qu'elle sait se soucier des préoccupations du peuple burkinabè. Je pense aux leaders des partis politiques d'opposition qui, réunis, ont su se mobiliser pour faire aboutir l'insurrection populaire. Je pense aux femmes, mes sœurs, mes filles qui sont sorties avec leurs spatules et balais pour dire que trop c'est trop, et on en a vu les conséquences.
Je pense à la jeunesse, vous, mes enfants, avez compris que si vous êtes unis, déterminés et conscients des enjeux, aucun pays ne peut construire son avenir sans vous. Je pense à la presse nationale et internationale, je pense aussi à ceux qui ne sont pas ici, je pense au comité justice pour Thomas Sankara qui a mobilisé des avocats qui travaillent gratuitement pour que la vérité se fasse sur la mort du président Thomas Sankara ...Je remercie les autorités de la transition qui doivent travailler à ce que le changement soit réel. Qu'elles travaillent à des élections justes, libres et transparentes. La patrie ou la mort, nous vaincrons ! ». Après cette déclaration, elle a bénéficié d'un bain de foule avant de se retirer escortée par «ses camarades».
Abdou Karim Sawadogo