Manifestations pour la dissolution du RSP : Blaise Compaoré tire-t-il les ficelles depuis son exil ivoirien ?

| 09.02.2015
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Manifestations pour la dissolution du RSP : Blaise Compaoré tire-t-il les ficelles depuis son exil ivoirien ?
© DR / Autre Presse
Manifestations pour la dissolution du RSP : Blaise Compaoré tire-t-il les ficelles depuis son exil ivoirien ?
Diverses organisations de la société civiles et des partis politiques, se sont donné rendez-vous, le samedi 7 février 2015, pour une journée de protestation contre le Régiment de sécurité présidentielle (RSP). A Ouagadougou, sur l'esplanade de la désormais, place de la Révolution, les insurgés des 30 et 31 octobre 2014, sont ressortis pour exiger, cette fois, la dissolution pure et simple de l'ex-garde prétorienne de Blaise Compaoré, taxée d'être une menace à la transition.

 

Rien ne va plus entre la rue et le Régiment de sécurité présidentielle. En deux actes (la perturbation des conseils des ministres du 30 décembre 2014 et 4 février 2015), le RSP a vendangé le capital sympathie qu'il a su s'attirer, lors de l'insurrection des 30 et 31 octobre derniers. Après le départ forcé de Blaise Compaoré, les manifestants entendent à présent, voir dissoute sa garde personnelle. A la tête de la fronde, il y avait les premiers supporters de la prise du pouvoir par l'armée, par l'entremise du lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, avec le soutien de ses éléments du RSP.Au cours d'un meeting-concert qui a réuni plusieurs milliers de personnes, selon les agences de presse internationales, ceux-ci ont réitéré tout haut, en des termes parfois très durs,leur exigence de la dissolution du RSP, coupable, à leurs yeux, de nombreuses violations de droits humains et de crimes contre les Burkinabè. Un des principaux initiateurs de la manif, porte-parole de Le Balai citoyen, l'artiste-musicien engagé, Smockey, a appelé à la dissolution du RSP qu'il a présenté comme une réelle menace à la transition. « La seule dictature qu'on peut accepter est celle du peuple », a averti Smockey, avant de galvaniser la troupe, en entonnant une de ses chansons engagées. Présents au Burkina pour une série de concerts, l'activiste et reggaeman, Elie Kamano, ne s'en est pas privé. Sur scène, il a demandé la démission de l'ex-patron du RSP, le général Gilbert Diendéré, sans préciser de quel poste.D'un intervenant à l'autre, le discours est de plus en plus râblé. Le directeur de l'institut Free Afrik, Dr Seydou Rasablega Ouédraogo a affirmé que les leaders de l'ancien régime ont été renvoyés à la poubelle par l'insurrection et qu'au lieu de demander pardon pour tous les torts causés, ceux qui ont escaladé les murs pour se réfugier dans des lieux improbables, veulent revenir au-devant de la scène par la petite porte. Il demande l'ouverture d'un procès contre Blaise Compaoré et tous ceux qui ont « attenté à la démocratie », en suggérant au peuple de sortir des réactions pour rentrer dans l'action. La journée de protestation « est le début d'une remobilisation pour contrôler l'ensemble de la transition », a indiqué Dr Ouédraogo. Sur un ton plus nuancé, au autre leader de Le Balai citoyen, Sam's K le Jah a dit ne pas craindre le RSP, mais plutôt les politiciens, tapis dans un pays voisin et qui tentent de «monter» le RSP contre la jeunesse. A propos du blocage des institutions, l'artiste a déclaré que s'il le faut, ils iront chaque mercredi, faire un sit-in au palais présidentiel, afin de protéger le conseil des ministres. Guy Hervé Kam a renchéri, en soulignant que les différentes entraves à la tenue du conseil ont « souillé » l'insurrection et sont le fait des reliques et des tentacules de l'ancien régime, le RSP. Pour lui, « ce ne sont que des manœuvres orchestrées depuis la Côte d'Ivoire, d'où viennent les ordres » et qui ont le don de détourner la transition des vraies questions qu'elles a à traiter. Et Me Kam de citer la réouverture du dossier du journaliste Norbert Zongo, celui de Thomas Sankara, l'ouverture d'une information judiciaire sur les morts par balles de l'insurrection populaire, la mort du juge Nébié, ainsi que les autres crimes de sang et crimes économiques.

Même s'ils ont appelé leurs partisans à se joindre aux manifestants, les ténors de l'ex-chef de file de l'opposition se sont fait discrets voire absents au meeting. Les calculs d'équilibrisme électoraliste ont-ils déjà commencé ?

Karim TAGNAN

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