Maître Farama, Siaka Coulibaly, Abdoulaye Soma, les sentinelles et les autres

| 20.04.2015
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Maître Farama, Siaka Coulibaly, Abdoulaye Soma, les sentinelles et les autres
© DR / Autre Presse
Maître Farama, Siaka Coulibaly, Abdoulaye Soma, les sentinelles et les autres
Siaka Coulibaly qu'on ne présente plus est ce Monsieur de la société civile, désigné à la Commission nationale de réconciliation et des reformes, qui a démissionné parce qu'il a estimé que la Commission a été vidée de son caractère juridique. Autrement, si elle ne peut entendre certaines personnes sur des crimes économiques ou de sang, elle n'a pas de sens. Aussi, a-t-il tout simplement rendu sa démission. Mieux que cela, il a été parmi les premiers à critiquer ouvertement le nouveau code électoral en expliquant qu'il ne s'est pas appuyé sur des arguments juridiques pour exclure des dignitaires du régime déchu. Il est même allé plus loin en disant qu'en l'état, il peut être source de tensions sociales.


Au sujet des arrestations d'anciens dignitaires de régime Blaise Compaoré, Maitre Farama a dénoncé le manque de communication du gouvernement avant de dire que « si les ministres arrêtés l'ont été sur la base des infractions commises dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions, il est évident qu'il y a un problème de procédure », car selon lui, « l'article 139 de la Constitution est sans équivoque ; de ces faits, seule la Haute Cour de justice peut en connaître ». Il a eu raison puisque les intéressés ont finalement été libérés par le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, justement parce qu'il n'a pas compétence à instruire leurs dossiers. Maître Farama apparaît ici comme une véritable sentinelle qui a l'œil sur tout. S'il avait été dans un organe quelconque de la transition, sans doute qu'il n'aurait pas vu très tôt ce que certains ont vu plus tard.

C'est dans la même dynamique qu'il faut inscrire la réaction d'Antoine Kaboré, Secrétaire général du Syndicat autonome des magistrats du Burkina (SAMB) qui a dit tout simplement que « c'est le b-a-ba de la procédure ». Finalement, on a envie de se demander si c'est parce qu'il manque les compétences au sein de l'organe de transition pour conduire normalement ces procédures. Ce qui ne peut être vrai. C'est donc autre chose.

Une autre sentinelle, mais confondu par sa fonction, c'est le professeur Abdoulaye Soma, conseiller spécial du Premier ministre. A travers la Société burkinabè de droit constitutionnel, il a contraint le président du Faso à reprendre les nominations qu'il a faites au Conseil constitutionnel. Abdoulaye Soma aurait été plus écouté et entendu s'il n'était pas lui-même acteur dans la transition et de surcroit proche de la sphère de décisions dont il a dénoncé les agissements.

Comparaison n'est pas raison, dit-on. Quand on regarde certaines organisations de la société civile qui étaient de vraies sentinelles faire le muet sur certaines questions, on a envie de croire et dire tout simplement que le pouvoir « grille ». Ou du moins que des organisations de la société civile et leurs responsables se sont fourvoyées en pactisant avec les politiciens dont ils doivent surveiller les actions.

Cependant, il convient de reconnaitre la mission essentielle d'une organisation de la société civile et lui conférer toute sa grandeur. Surtout quand elle est bien remplie par des hommes et des femmes dignes.

Dabaoué Audrianne KANI

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