Maintenant que c’est fait, on fait comment ?

| 03.11.2014
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Maintenant que c’est fait, on fait comment ?
© DR / Autre Presse
Maintenant que c’est fait, on fait comment ?
Des Burkinabé se sont fâchés. Organisés, ils ont exigé et obtenu la démission de leur président. Blaise Compaoré dont il s'agit, fait désormais partie de l'histoire politique du Burkina. Il est, selon le nouvel homme fort (?) au pouvoir, en lieu sûr et son «intégrité physique et morale est assurée». Pour les autres Burkinabé, qu'ils aient manifesté ou non, la facture est salée. Des domiciles privés ont été pillés, saccagés et brûlés. Des administrations publiques saccagées et brûlées. Des sièges de partis politiques sont partis en fumée. Le comble de tout cela est que des Burkinabé ont trouvé la mort. Les uns parleront de victimes, les autres de martyrs. Peu importe le terme, la réalité est que ce sont des morts de plus. Maintenant, on fait comment? Le départ du président Compaoré, obtenu, a-t-il renforcé davantage la cohésion sociale au sein des Burkinabé? La fracture sociale qui était déjà grande, est-elle résorbée? Les Burkinabé peuvent-ils se regarder face-à-face? Qui, véritablement, l'a remporté après tout cela? Blaise Compaoré parti, son régime avec et tous ceux qui lui sont proches ont subi des préjudices. Ce sont autant de plaies béantes, ouvertes, qu'on le veuille ou non, que les nouvelles autorités doivent panser au plus vite afin d'éviter tout autre débordement.


Il faut, urgemment, dans un premier temps réconcilier les Burkinabé, à commencer par l'armée elle-même dont Blaise Compaoré dans sa lettre de démission a souligné les divisions. On a dû le remarquer avec la cacophonie qui a eu lieu entre l'Etat-major général des armées et le Régiment de sécurité présidentiel qui a fini par désigner le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida à la tête de l'Etat. La haine qu'on redoutait s'est installée; l'intolérance et l'envie de vengeance se sont renforcées. L'incivisme et la violence qui consistent à s'attaquer systématiquement aux biens publics et même privés, a repris du service alors qu'on était arrivé, en grande partie, à l'endiguer. Il faut donc, à ce niveau, rétablir au plus vite l'autorité de l'Etat et sécuriser les Burkinabé et leurs biens. Ce qui ne sera pas chose aisée car après avoir affronté les forces de l'ordre qui n'ont pas pu les contenir, (à moins qu'elles aient laissé faire) ce n'est pas de sitôt que les Burkinabé changeront de comportement. Au contraire, l'armée qui est au pouvoir doit cette position aux manifestants. Elle leur est donc redevable.

Puis, il y a la classe politique, qu'elle ait été partie prenante dans cette lutte on non; et la société civile dans son ensemble. Car, en vérité, il n'y a pas quelqu'un qui ait voulu, volontairement, que ce qui s'est passé se passe. Et c'est en cela que le gouvernement qui va être composé autour de l'organe de transition aura tout son sens. Les deux doivent prendre en compte toutes les composantes de la nation; car s'il y a de l'exclusion, on aura braqué une fois de plus, une partie des Burkinabé contre une autre, et de ce fait, la lutte aura échoué. Ce qui est arrivé est de la responsabilité de tous.

Enfin, il faut remettre l'administration au travail. Mais, cela va passer nécessairement par la reconstruction de certains édifices publics complètement détruits par les manifestants, qui étaient en majorité des jeunes. Car, sans moyens de production, il sera difficile de demander aux agents de faire des résultats. Autrement dit, certaines administrations seront paralysées par manque d'infrastructures et de moyens de production.

Ce qui est sûr, la situation demeure assez fragile. Et il va falloir beaucoup de temps en même temps et surtout beaucoup de perspicacité pour remettre le pays sur les rails. Cela est d'autant plus vrai qu'il manque de ressources.

Dabaoué Audrianne KANI

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