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Maintenant on a l’onction officielle de Paris, et après !

| 03.06.2015
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Paris, 1er juin 2015 - Au deuxième jour de son voyage officiel en France, Michel Kafando s'est entretenu le 1er juin 2015, avec son homologue français François Hollande. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© © Photo : Christelle Alix / Ambassade
Paris, 1er juin 2015 - Au deuxième jour de son voyage officiel en France, Michel Kafando s'est entretenu le 1er juin 2015, avec son homologue français François Hollande. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Décidemment, les pays d'Afrique francophones auront du mal à s'émanciper de la France. Chaque chef d'Etat est obligé d'aller à l'Elysée, se présenter sur le perron (pratiquement à la même place) d'abord pour la poignée main, les photographies et ensuite l'éternel tête-à-tête au cours duquel il fait le point de la gestion de son pays. Le rituel existe depuis les indépendances et apparemment, tout le monde semble s'en accommoder. Tant que ça fait plaisir d'un côté comme de l'autre.


En allant à Paris pour être reçu par François Hollande, le président de la transition, Michel Kafando a pris soin de préparer et de bien apprendre ses leçons. En tant que diplomate, il sait ce qu'il doit dire et comment le dire, ce qu'il doit faire et à quel moment. Toute transition n'est pas facile. Mais ici, Michel Kafando s'en sort tant bien que mal quand bien même dès le départ, il n'avait pas de feuille de route précise. Sachant désormais que des élections démocratiques et transparentes sont ce qu'on attend de lui et de l'ensemble des acteurs de la transition, il a toute la responsabilité d'atteindre cet objectif-là. Heureusement qu'il a avec lui le soutien des principaux acteurs politiques et de la société civile.

Aussi, Michel Kafando traduit sur le terrain les appréciations de Paris tout en sachant que ce n'est pas la France qui viendra faire à la place des Burkinabè ce qu'ils doivent faire. L'insurrection n'a pas été menée par des Français. Ce ne sont pas non plus des Français qui viendront choisir le prochain président et les députés à la place des Burkinabè. Mieux, ce ne sont pas les Français qui assureront l'après-élections au Burkina. Tout au plus, ils ne peuvent que nous apporter un soutien financier, des conseils et à défaut, un soutien moral et logistique en cas de besoin. C'est pourquoi, l'onction de Paris ne suffira pas à elle seule pour faire du Burkina Faso l'exemple d'insurrection, de démocratie ou de transition dont se félicite Paris.

Revenons donc au pays pour dire que si tout semble aller, il y a encore quelques braises sous la cendre. Il faut donc travailler à les éteindre définitivement si on veut réussir les élections et surtout un Burkina de paix, de stabilité, réconcilié avec lui-même. Il ne faut pas avoir peur de le dire. Le plus dur n'est pas d'aller à des élections. Le plus dur n'est pas non plus d'élire un président, des députés et des conseillers municipaux. Mais, le plus difficile sera d'assurer aux Burkinabè la tranquillité et le développement après tout. Sommes-nous vraiment sur ce chemin ?

Voilà la question à laquelle nous devrions tous répondre. On peut bien comprendre Michel Kafando car en période de transition, chacun voit midi à sa porte. Autrement dit, chaque acteur a son agenda et veut le dérouler. Mais, en vérité ce qui doit nous rassembler est plus important que ce qui nous divise. Le président qu'il est, doit alors réussir à fédérer les aspirations et attentes et tracer les sillons d'un avenir post-électoral plus rassurant. Car, ce qui peut faire peur, ce qui dérange et focalise les attentions, ce n'est pas ce qui se passe aujourd'hui, mais ce qu'on fait aujourd'hui pour assurer au peuple un lendemain meilleur. C'est ce qu'on attend le plus de la transition.

Dabaoué Audrianne KANI

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