«Cette visite s'inscrit dans le cadre de la concertation permanente entre les deux chefs d'Etat et du renforcement des liens privilégiés de coopération et de solidarité entre la République du Sénégal et le Burkina Faso.» Ce sont les termes du communiqué conjoint final de la première visite officielle du président sénégalais, Macky Sall, au Burkina ; lequel séjour d'amitié et de travail s'est déroulé du 20 au 22 juillet 2013. Il a été lu par le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolet, accompagné de son homologue sénégalais, Mankeur Ndiaye, avec lequel il l'a paraphé, le lundi 22 juillet 2013 aux environs de 11h dans le hall du palais présidentiel de Kosyam. Auparavant, le chef d'Etat sénégalais a été reçu en audience par le président du Faso. On apprend, entre autres, dans ce communiqué que leurs concertations ont porté sur des sujets bilatéraux, sous-régionaux et internationaux : ce sont notamment la coopération entre les deux pays, le transfert d'éléphants du Burkina au parc de Niokolo-koba au Sénégal conformément aux lois et conventions en vigueur, la dernière conférence des chefs d'Etat de la CEDEAO à Abuja, qui a décidé de la tenue d'un sommet extraordinaire en octobre 2013 à Dakar, la paix et la sécurité dans la sous-région, la crise malienne, la situation en Guinée-Bissau, au Togo, en Guinée-Conakry et en Egypte. Une conférence de presse a été animée par les deux présidents à l'issue de la lecture du communiqué conjoint. Ce fut l'occasion pour les journalistes de demander à Macky Sall, qui a séjourné au Burkina au moment où le pays est secoué par des manifestations au sujet de la mise en place du Sénat, quelle lecture il en fait quand on sait que cette même chambre a été supprimée dans son pays. «Les institutions et les modèles démocratiques pour chaque pays dépendent de la réalité historique de ce pays. Il n'y a donc pas un modèle universel qu'on peut dupliquer. Le Sénégal a supprimé son Sénat et ce n'est pas la première fois d'ailleurs, puisque notre Sénat a été instauré deux fois et supprimé deux fois et que rien ne dit qu'il ne sera pas restauré. J'ai institué une commission de réformes des institutions qui doit voir quelles sont les institutions les plus appropriées et sous quelle forme et revoir notre constitution pour la stabiliser. C'est un processus continu et dynamique, on ne peut pas avoir un schéma classique qui va s'appliquer à l'ensemble des pays. Chaque pays donc, selon la situation du moment, selon sa réalité, doit pouvoir décider en toute souveraineté de ce qu'il considère comme approprié. Un Sénat peut parfaitement se comprendre dans une démocratie. Les plus grandes démocraties citées, les Etats-Unis, la France, possèdent ces chambres. Ailleurs, ça n'existe pas et on parle de parlement monocaméral. Ça dépend donc de chaque pays en réalité. Nous allons voir, lorsque la commission, dirigée par Moctar M'Bow, va soumettre ses réflexions, finalement ce que nous allons retenir», a répondu le président sénégalais, qui a souligné également avoir effectué le déplacement à Ouagadougou pour rendre hommage à Blaise Compaoré pour le rôle de stabilisation qu'il joue en Afrique et particulièrement en Afrique de l'Ouest : «Il n'est pas exagéré de dire que c'est un facteur de stabilité quand on voit ce qui se passe et les efforts que le Burkina consent pour créer le dialogue. Autrement, nous aurions vu des situations extrêmement difficiles. Ce rôle doit être salué, magnifié et renforcé par tous ceux qui sont épris de démocratie et qui ont compris qu'il n'y a pas de développement sans stabilité».
«Ce qui s'est passé au Mali, c'est plus qu'une crise, c'est une catastrophe»
La situation actuelle au Nord-Mali à quelques encablures de l'élection présidentielle malienne prévue le 28 juillet prochain n'inquiète-t-elle pas justement le médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré ? «Lorsqu'on fait une évaluation des conflits sur le continent, on se rend compte que généralement, c'est à partir d'un certain nombre de graves déficits politiques, notamment en matière de transition et d'organisation des élections, que ces conflits naissent. On parle de crise malienne, mais ce qui y est arrivé, ce n'était pas tout simplement une crise, c'était une catastrophe parce qu'un coup d'Etat à Bamako, c'est déjà une crise ; une partie du pays qui veut l'indépendance, une autre crise ; une partie qui veut un Etat islamique, une crise ; des étrangers AQMI qui occupent des villes, une crise. Tout ça en même temps. Je pense qu'il faut se féliciter des mouvements positifs pour arriver à cet environnement politique. Nous savons qu'il y a encore des difficultés, mais nous sentons une grande volonté des Maliens de réussir ce pari de l'élection pour mieux organiser l'avenir. Il faut donc les encourager pour que, malgré ces difficultés, ils puissent sortir de cette élection une autorité légitime pour conduire les grands débats, les grandes discussions que nous allons avoir sur l'avenir du Mali dans un ensemble uni et bien sûr en parfaite harmonie avec tous ses voisins.»
Après Ouagadougou, qu'il a quitté hier dans l'après-midi, le président Macky Sall doit se rendre en République du Congo.
Hyacinthe Sanou