Luc Marius Ibriga, Augustin Loada et l’exercice du pouvoir

| 16.02.2015
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Luc Marius Ibriga, Augustin Loada et l’exercice du pouvoir
© DR / Autre Presse
Luc Marius Ibriga, Augustin Loada et l’exercice du pouvoir
A la tribune le 7 février 2015 dernier pour appeler à la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle, Luc Marius Ibriga, contrôleur général d'Etat prend la parole. Mais en tant que coordonnateur des organisations de la société civile ayant lutté contre la révision de l'article 37 de la Constitution et obtenu le départ du président Blaise Compaoré. Il monte tellement le ton contre le Régiment de sécurité présidentielle et tous ceux qui sont proches du président déchu qu'on a du mal à comprendre si c'est réellement le contrôleur général d'Etat du Burkina. « Votre champion ne reviendra jamais, je dis bien jamais ici au Burkina », lance-t-il. Le champion, c'est Blaise Compaoré. Ceux à qui il s'adresse sont tous ces Burkinabè qui, jusqu'à présent, ont une pensé quelconque pour Blaise Compaoré et qui le soutiennent non seulement dans son exil, mais aussi dans l'espoir de le revoir un jour au Burkina.



Des observateurs avisés de la transition n'y ont rien compris. Si Luc Marius Ibraga a le droit de défendre la transition, comme tous les Burkinabè qui aiment leur pays, il fait de l'amalgame en se braquant contre une partie des Burkinabè. Lui qui n'est plus n'importe qui, mais le chef d'une institution d'Etat, l'Autorité supérieur de contrôle d'Etat dont le rôle en cette période de transition est très capital. Car, il doit travailler à moraliser la vie publique, à rationaliser la gestion des deniers publics. En somme, il doit à la fin de la transition, nous garantir d'une désormais bonne gouvernance économique et sociale au Burkina. Quel sera donc le crédit qu'on peut donner à ses rapports, aux résultats de son travail si lui-même a déjà pris partie ? Et c'est là que le professeur de droit a raté sa sortie. Société civile et politique est très difficile à concilier. Où on fait l'une ou on fait l'autre. Mais les deux à la fois, Luc Marius risque de se discréditer et donner peu de crédit à la fonction de Contrôle général d'Etat qu'il exerce sous la transition.

D'un professeur à un autre. Augustin Loada qui, avec son Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), constituait jusqu'à une certaine période le baromètre de la société civile burkinabè et de défense des droits civiques. Nommé au ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale après l'insurrection populaire à laquelle il a activement pris part (dans tous les sens) on lui reproche aujourd'hui de « CGDéiser » son ministère en y nommant du personnel venu de son Centre. Alors que, selon ses contempteurs, les compétences existent bel et bien dans le ministère. En clair, on lui reproche d'avoir fait ici du népotisme, du favoritisme. Exactement comme on le reproche à son patron le Premier ministre de nommer ses amis et coreligionnaires dans l'administration, alors que ce sont ces comportements qu'on a reprochés au régime déchu. Augustin Loada a été obligé de monter au créneau pour se défendre. Même s'il est en phase avec les textes, son image est écornée.

Comme Marius et les autres, il se perd dans un milieu qui n'est pas forcément le sien. A l'épreuve du pouvoir politique, les « sociétaires civils » ont sans doute compris que « ce n'est pas facile » (comme disait François Hollande) et qu'il faut par moments faire des concessions. On verra après la transition ce qu'ils en diront.

Dabaoué Audrianne KANI

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