Limogeage délégué général du FESPACO : Etait-ce le moment opportun?

| 12.12.2014
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Michel OUEDRAOGO, Ex-Délégué Général du FESPACO
© DR / Autre Presse
Michel OUEDRAOGO, Ex-Délégué Général du FESPACO
Le processus de « déblaisisation » tourne à plein régime au Burkina. En tout cas avec la mise en place des organes de la Transition, on a l'impression que les nouvelles autorités ont entrepris un travail de démolition de l'ancien régime. « Il faut commencer par déstructurer le régime Compaoré », avait en effet dit notre confrère du Journal « Bendré », Cherif Sy, quelques jours avant son élection à la tête du CNT. Appel entendu. En effet, dès les premiers jours postinsurrection, le Premier ministre, Yacouba Issac Zida, alors chef de l'Etat, a défenestré le directeur général de la SONABEL, Jean-Christophe Ilboudo, et celui de la SONABHY, Boukary Jean-Baptiste Béréhoundougou.


Depuis lors, les conseils des ministres sont attendus avec beaucoup d'anxiété comme sous la révolution démocratique et populaire (RDP). Les cadres de l'Administration publique, tout comme les petits agents, redoutaient à l'époque la réunion hebdomadaire des membres du gouvernement avec son lot de fonctionnaires dégagés ou suspendus. Avec la chute de Blaise Compaoré dans les circonstances que l'on sait, ses partisans qui occupent de hautes fonctions avec tous les privilèges qui vont avec ont du souci à se faire d'autant plus que Zida avait donné le ton en « électrocutant » Christophe et « gazéifiant » Boukary. Le signal fort venait d'être donné, puisque le 10 décembre dernier lors du Conseil des ministres délocalisé à Dédougou, les DG de la CAMEG et du FESPACO ont été évincés et remplacés par des visages peu familiers du grand public.

Et ce n'est certainement pas fini, ça va encore balayer. Que l'on s'entende bien. Loin de nous l'idée de nous insurger contre cette opération de nettoyage des écuriers de Blaise. Sous tous les cieux, c'est la même règle : à régime nouveau, collaborateurs nouveaux. Personne ne travaille avec ses adversaires. Dans le cas d'espèce, celui de la Transition, il faut reconnaître que le gouvernement n'a d'autre choix que de répondre aux fortes attentes du peuple qui ne veut plus voir certaines têtes à la direction de certaines institutions ou sociétés d'Etat. Mais prudence, prudence.

A chaque chose son temps. Car il est des limogeages qui, pour populaires et justifiés qu'ils soient, n'en demeurent pas moins contre-productifs. C'est le cas de celui du délégué général du FESPACO, Michel Ouédraogo. Moins que son départ de la boîte, c'est l'opportunité de cet évincement qui peut poser problème. En effet, était-il vraiment judicieux de procéder à une telle révocation à deux mois seulement de la bisannuelle de la fête du cinéma africain à Ouagadougou ? Y avait-il une quelconque urgence à remercier Michel en pleins préparatifs du FESPACO ?

L'intéressé lui-même ne se faisait plus d'illusion et savait pertinemment que l'épée de Damoclès pendait sur sa tête. Certes, nul n'est indispensable, et le successeur de Michel était son collaborateur donc un homme qui connaît bien la maison. Mais, rien empêchait de le laisser terminer le boulot avant de le remercier pour «bons et loyaux services » rendus à la Nation.

Adama Ouédraogo

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